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Actualités - CHRONOLOGIE

Les sorties de la semaine Le cinéma du romantisme ("Les enfants du siècle") et celui de l'action ("Mission : Impossible 2")(photos)

Le cinéma français filme «son» XIXe siècle avec un regard d’aujourd’hui : Diane Kurys redonne vie à Alfred de Musset et George Sand dans «Les enfants du siècle». Le cinéma américain plonge dans le paroxysme de l’action en notre XXIe siècle, avec le film de John Woo, «Mission : Impossible 2». Deux films discutables mais importants, chacun à sa manière, totalement dissemblables (à part la furie de l’excès !), mais qui sauront trouver leur public – pas forcément le même ! Après quoi, une plage de calme. On verra (le 4 août), «Mission to Mars», incursion inattendue de Brian DePalma dans la science-fiction. Rubrique «actualité» : feu Claude Sautet n’avait rien à voir avec «Borsalino», qui est un film de Jacques Deray ! Quant à Van Damme, croyant tourner un navet à Hollywood, il est venu se balader au Liban avec deux gardes du corps ?!? D’un siècle l’autre... Les enfants du siècle, de Diane Kurys Le romantisme, c’était l’excès, cultivé avec ardeur comme une manière de penser et de vivre. Le sulfureux marquis de Sade n’avait-il pas affirmé, précédemment, que «tout est bon quand il est excessif» ? Alors qu’un adage populaire prétend que «l’excès en tout est un défaut»... Naviguant entre ces pôles contradictoires, Diane Kurys a fait un film sur Alfred de Musset et George Sand, étoiles flamboyantes du ciel du Paris romantique. Mais suffisait-il de s’en remettre à une mise en scène agitée jusqu’à la fébrilité pour réussir un film «romantique» ? L’entreprise, semée d’embûches, avait de quoi décourager : Diane Kurys s’y est jetée visiblement à cœur perdu, et c’est déjà là un mérite évident. Les deux personnages qui occupent l’écran sans désemparer sont, à leur manière, de véritables «monstres sacrés», sacralisés par la légende de leur amour en quelque sorte maudit. Musset s’est raconté lui-même dans La confession d’un enfant du siècle (justement !) : on pourrait lui attribuer la paternité de ce vers dû à un autre poète, «la débauche et la mort sont deux aimables filles». Musset, désespéré de vivre, se vautrait dans toutes les turpitudes, puisant une inspiration parfois géniale dans les lieux les plus sordides, les expériences les plus dangereuses. George Sand, femme (de lettres) pétrie de contradictions, mena une existence débridée, avant de devenir, en son âge avancé, «la bonne dame de Nohant» (prière ne pas s’en tenir à La mare au diable !). Musset ne fut certes pas son seul amant – s’il fut son seul véritable amour. Elle s’octroya même une passade sensuelle avec Marie Dorval, célèbre actrice de l’époque (années 1830). La liaison entre Musset et Sand ne fut qu’une suite d’orages aveuglants, entrecoupée d’exaltations passionnées, proches de la folie. Il convient d’ajouter que George Sand, adepte des tenues masculines et fumant volontiers le cigare, s’engagea – avec une sincérité indéniable – dans les luttes politiques de son temps, revendiquant liberté et égalité pour les femmes, souhaitant l’avènement du régime républicain. En avance sur l’époque, à tous égards, furent les amants de Venise ! La première partie du film est menée sur un rythme vif qui se maintiendra jusqu’au départ pour le voyage en Italie. Le retour en France marque une coupure : la suite est quelque peu alourdie par des scènes répétitives (accès de jalousie maladive de la part de Musset, ruptures/retrouvailles incessantes du couple, développements marginaux d’un intérêt relatif). Rien à redire au niveau de la production, qui n’a pas lésiné sur les moyens. Diane Kurys a eu raison de le souligner : sans Juliette Binoche, il n’y aurait pas eu de film. Elle incarne l’amour fou de George Sand comme elle vivait la passion aveugle de la clocharde des Amants du Pont-Neuf de Léos Carax : d’un siècle à l’autre, au-delà de l’apparence extérieure, en se donnant tout entière (les frères Goncourt ne pensaient-ils pas que «l’excès en tout est la vertu de la femme»?). Benoît Magimel nous a semblé moins convaincant, mais «jouer» Musset relève du défi. L’auteur de Lorenzaccio évoquait «un monde en ruines, peuplé d’enfants du siècle vêtus de noir comme des orphelins, le blasphème à la bouche et le cœur vide». De quel siècle exactement s’agit-il? EMPIRE/DUNES/ SODECO (Salle Six)/ MKALLÈS ESPACE, St.-ÉLIE Tom (007) Cruise fait un Bond Mission : Impossible 2, de John Woo Et si M.I.2 n’était pas signé John Woo?... C’est au prix de contorsions littéraires alambiquées et d’extrapolations idem que les thuriféraires habituels du cinéaste hollywoodien (venu de Hong Kong) s’emploient à nous démontrer que son nouvel opus est tout à fait autre chose qu’un film d’action à gros moyens, qu’il faut aller au-delà des apparences et déchiffrer – à quel degré de lecture? – un message quasi ésotérique... Il s’agit donc – et c’est assez facile – de garder son sang-froid. M.I.2 est une énorme superproduction typique du cinéma américain actuel, un «blockbuster», comme on dit dans le langage du «business of the movies» (le film a d’ailleurs déjà fait d’excellentes recettes). L’histoire, d’une minceur extrême, n’est qu’un prétexte. Il est illusoire de parler d’un «McGuffin» à la Hitchcock, puisqu’on est mis dans le secret de l’affaire pratiquement dès le début. Place à l’action – et quelle action: John Woo – après tout, c’est sa spécialité – y a mis le paquet. En lorgnant assez souvent du côté de James Bond, humour en moins. Et en utilisant le coup des masques faciaux (référence directe à son Face/Off), un peu trop pratiques, ici, pour solutionner certaines incohérences du scénario. Quant aux scènes de bagarres et arts martiaux filmées comme des ballets – autre marque déposée de John Woo, dont on nous rabat les oreilles depuis longtemps – elles sont transposées, à la fin de M.I.2 dans des séquences de courses-poursuites en motos, interminablement répétées. Restent à l’actif du film, quelques belles images où s’abattent des pigeons (?) incongrus dans un contexte de violence, et les intermèdes de l’idylle entre Tom Cruise et Thandie Newton (remarquée dans le Besieged de Bertolucci, en 98). Faut-il préciser que Tom Cruise, coproducteur et star du film, se donne à son rôle de tout son corps, mais le travail n’exige que des performances «physiques». Anthony Hopkins, en patron de l’officine M.I., ne fait que passer. Le succès public ne laisse aucun doute. Comparaison pour comparaison, le premier Mission: Impossible, réalisé par Brian De Palma en 96, était autrement meilleur, élégant et sophistiqué (une scène de M.I.2 rappelle l’intrusion de Tom Cruise dans l’antre de la CIA, chez De Palma). Mais sans doute n’avons-nous pas su déceler, en M.I.2, un «accélérateur de particules» (élémentaires?), selon la définition des «Cahiers du Cinéma». À chacun sa mission. CONCORDE, FREEWAY, PLANÈTE/ABRAJ/KASLIK/ PLAZA/ZOUK
Le cinéma français filme «son» XIXe siècle avec un regard d’aujourd’hui : Diane Kurys redonne vie à Alfred de Musset et George Sand dans «Les enfants du siècle». Le cinéma américain plonge dans le paroxysme de l’action en notre XXIe siècle, avec le film de John Woo, «Mission : Impossible 2». Deux films discutables mais importants, chacun à sa manière, totalement...