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Actualités - REPORTAGES

Législatives - Beaucoup de candidats mais peu de programmes L'inconnue chrétienne à Beyrouth-I

Le désordre des photos ne pollue pas seulement les murs de la capitale et ceux de presque tout le Liban. Les courriers électroniques sont aussi envahis de curriculum vitae doublés de photos des candidats aux 128 sièges de moins en moins prestigieux du Parlement. Si les slogans rappellent encore le Moyen-Âge, les méthodes sont désormais modernes, voire révolutionnaires. Mais cela ne change rien aux enjeux, toujours petits. Les électeurs semblent l’avoir compris, se faisant généralement tirer l’oreille pour se rendre aux meetings et pour obtenir leurs cartes électorales. À un mois de l’échéance, les 60 000 électeurs chrétiens de la première circonscription de Beyrouth semblent démobilisés malgré les offensives de charme en leur direction. Des figures nouvelles, il y en a pourtant beaucoup cette année. Certes, les amateurs de pub, heureux de voir leurs binettes aux quatre coins des rues, sont nombreux, mais il y a aussi les autres, ceux qui ont un message politique à délivrer ou pour qui la simple candidature est déjà un programme. Peu de figures emblématiques La grande liste haririenne a déjà choisi son candidat maronite, l’ancien président de l’Ordre des médecins Ghattas Khoury. Mais ce dernier a beau être très connu, il n’est pas pour autant une figure emblématique de la rue chrétienne beyrouthine. Celle-ci se sentirait sans doute plus motivée par la candidature de Massoud Achkar, un jeune homme au passé militant, populaire parmi les jeunes et proche des milieux de l’opposition chrétienne. Achkar aura donc à affronter Ghattas Khoury mais aussi l’actuel député maronite de Beyrouth Ghassan Matar, membre du PSNS, qui n’a encore intégré aucune liste. Récemment, l’ancien bâtonnier Antoine Klimos a annoncé sa candidature pour le même siège et comme la seconde grande liste présidée par M. Fouad Makhzoumi n’a pas encore été annoncée, les contacts se multiplient en coulisses pour essayer de l’y intégrer. Car pour les candidats, il est bien sûr plus facile de faire partie d’une liste, les échanges de voix pouvant ainsi profiter à tout le monde, sans compter le fait que cela pourrait s’avérer en définitive moins onéreux. D’ailleurs, le plus curieux dans cette affaire, c’est que tout le monde se plaint d’une crise économique, alors qu’un bon pourcentage de Libanais sont candidats aux élections. Quand on pense qu’il faut pour annoncer sa candidature, commencer par payer 10 millions de LL au ministère de l’Intérieur puis imprimer au minimum 30 000 portraits de différentes tailles car s’ils sont trop petits, ils n’ont aucune chance d’être visibles face aux mégaphotos des candidats fortunés, veiller à ce qu’ils soient accrochés dans des places stratégiques et enfin distribuer des brochures, sans oublier les encarts publicitaires et les interviews dans les médias (les chaînes prennent entre 10 000 et 20 000 dollars pour chaque interview de candidat). Il faut donc disposer de certains fonds pour être candidat, à moins que la possibilité d’être élu ne compense tout le reste. Une photo, un titre et un slogan Pour le siège grec-catholique, l’actuel député Michel Pharaon est le candidat favori et il se présente, comme en 1996, sur la liste Hariri. En face de lui, David Issa, qui a déjà mené la bataille il y a quatre ans et qui est assez politisé, ainsi que Nagib Lyan, un avocat qui axe sa campagne sur la lutte contre le pouvoir de l’argent. Un thème qui revient d’ailleurs souvent chez la plupart des candidats indépendants de la première circonscription, qui doivent affronter MM. Hariri et Makhzoumi. Pour le siège orthodoxe, des figures nouvelles et traditionnelles s’affrontent. La liste Hariri a choisi Atef Majdalani, alors que Michel Sassine – qui reprend du service – pourrait s’intégrer à la liste Makhzoumi. Il y a aussi Nicolas Chammas, un jeune économiste auteur de plusieurs ouvrages. Bien que tout indique que Najah Wakim se présentera dans la seconde circonscription (contre Béchara Merhej), il n’a pas encore officiellement annoncé son choix. Certes, il y a encore de nombreux candidats, plus ou moins connus, notamment pour le siège du représentant de la communauté évangéliste et protestante. Les noms sont multiples, les chances beaucoup moins. Car si certains préfèrent voir dans la multiplication des candidatures un signe de vitalité démocratique, d’autres estiment qu’il est surtout un indice d’absence de maturité, d’autant que la plupart des candidats se contentent de flanquer leurs portraits accompagnés d’un titre souvent ronflant et de vagues slogans, laissant ainsi la place aux figures traditionnelles assez connues pour se passer de véritable programme. Ce n’est pas avec cette atmosphère-là que la rue se sentira mobilisée pour aller voter. Les candidats ont encore un mois pour trouver autre chose. Mme Ghada Yafi, candidate sunnite, multiplie les affirmations que les résultats ne sont pas connus d’avance. «Dire cela vise à décourager les citoyens d’aller voter et en définitive, fait le jeu de ceux qui souhaitent que les résultats soient effectivement connus d’avance». Pour cette femme déterminée, ce n’est pas par hasard que lorsqu’on punit un citoyen, on le prive de ses droits civiques et donc de son droit de vote. «Il ne faut donc pas brader celui-ci», lance-t-elle. Elle est convaincue que les électeurs peuvent changer quelque chose, surtout l’électorat chrétien qui demeure une inconnue. Reste à savoir si les candidats sauront être assez crédibles pour pousser les électeurs à exercer ce droit. Affaire à suivre.
Le désordre des photos ne pollue pas seulement les murs de la capitale et ceux de presque tout le Liban. Les courriers électroniques sont aussi envahis de curriculum vitae doublés de photos des candidats aux 128 sièges de moins en moins prestigieux du Parlement. Si les slogans rappellent encore le Moyen-Âge, les méthodes sont désormais modernes, voire révolutionnaires. Mais...