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Actualités - REPORTAGES

Environnement - Quatre camions-citernes et 26 véhicules utilitaires devraient bientôt être sur le terrain Bientôt un programme de lutte contre les incendies de forêts (photos)

Les forêts du Liban. Que n’a-t-on pas écrit sur leur rareté et donc leur importance, sur leur fragilité et l’impérieuse nécessité de les protéger. En cette période de fortes chaleurs, les incendies les menacent plus que jamais. Le gouvernement n’est pas resté inactif pour leur protection contre ce danger puisqu’il a mis en place, il y a trois ans, un programme de formation pour la lutte contre les incendies de forêts en collaboration avec la France. Alors que le programme devrait être achevé, aujourd’hui, force est de constater qu’il ne l’est pas encore. L’issue semble toutefois proche. Récit d’une épopée qui devrait prendre fin sous peu, grâce à l’énergie de quelques acharnés, amoureux fous de leur pays. En avril 1996, après la visite du président français Jacques Chirac, le Conseil du développement et de la reconstruction entamait des négociations avec l’Organisme national des forêts français, afin de mettre en place un programme de formation pour la lutte contre les incendies. Le 19 mai 1997 était signé le protocole entre le gouvernement français et le CDR, le ministère de l’Agriculture étant en charge de l’application sur le terrain. Le 13 juin de la même année, le programme, prévu pour trois ans et enregistré sous le numéro 6566, était lancé au lendemain de l’arrivée du chef du projet Didier Dumay, ingénieur à l’ONF. Le programme comportait deux grands volets. Le premier, financé par un don de neuf millions de francs du gouvernement français, concernait la formation d’ingénieurs du ministère de l’Agriculture et de gardes forestiers à la lutte contre les incendies. Le second volet portait sur l’achat par le Liban de camions-citernes, de véhicules utilitaires d’intervention rapide et de matériel de communication grâce à un prêt du gouvernement français. Le programme comprenait quatre sessions de formation en France pour les ingénieurs. La première a eu lieu à Nancy pour 15 ingénieurs agronomes du ministère. Par la suite, des sessions d’entraînement sur le terrain ont été organisées dans le sud de la France. En ce qui concerne les gardes forestiers, la formation s’est ensuite poursuivie à Batroun, dans le centre de sciences océanographiques, sous la direction du Dr Chadi Mohanna. «Grâce à l’argent de la formation, le centre a été aménagé de manière à pouvoir accueillir les formateurs français, les soixante gardes forestiers et les ingénieurs libanais», précise le Dr Mohanna. Les séances ont porté sur 10 thèmes : la botanique, la topographie, la défense des forêts contre les incendies, la communication et les relations humaines, la gestion des chantiers, les procédures de contravention, la législation, la faune sauvage, le secourisme et l’aspect technique des interventions. Ces dix formations se sont déroulées sur un an, entre décembre 1998 et décembre 1999. Les cours, préparés en France, étaient adaptés par les ingénieurs libanais. Les ingénieurs ont, eux, poursuivi leur formation entre le Liban et la France, notamment en ce qui concerne l’utilisation du matériel acheté dans le cadre du protocole franco-libanais. Ce protocole portait sur l’acquisition, grâce à un prêt du gouvernement français de 14 millions de francs, de quatre camions-citernes et de 26 véhicules utilitaires Renault Trafic pour les interventions rapides équipés de matériel de lutte contre les incendies et de matériel de communication. Sur les 15 ingénieurs du ministère de l’Agriculture participant à la formation, cinq ont été choisis pour suivre l’entraînement des leaders. Ils forment aujourd’hui l’équipe au cœur de la lutte contre les incendies. Un programme essentiel «Un programme essentiel», précise Ghattas Akl, directeur du développement rural et des ressources naturelles au ministère de l’Agriculture, avant d’ajouter que «son application a été exemplaire. L’un des programmes de coopération les plus réussis». Un programme des plus intéressants et des plus essentiels, certainement. Et ce surtout aux vues de l’état des forêts libanaises, ou du moins du peu qu’il en reste. Un programme des mieux menés ? Il est malheureusement permis d’en douter. Le programme aurait dû prendre logiquement fin en mai 2000 par une dernière formation sur le terrain avec les véhicules de lutte contre les incendies. Or les véhicules sont arrivés en juillet 1999. Nous sommes en juillet 2000, les quatre camions-citernes ainsi que les 26 véhicules d’intervention rapide sont toujours entreposés sur un parking. Ils y sont donc depuis près d’un an. Pourquoi ? Les lenteurs administratives. Les éternelles lenteurs administratives. Lenteurs administratives car, à l’origine, il n’était pas prévu dans le protocole franco-libanais de clause concernant le dédouanement des camions et des voitures. Après maintes tergiversations, et quelques pressions, un décret présidentiel a été promulgué le 27 avril 2000 pour l’exemption de droits de douane pour les camions et véhicules. Il semble cependant que la signature du président Lahoud n’ait pas été suffisante pour «libérer» rapidement les véhicules. Il a fallu attendre début juillet, soit un délai de près de trois mois, pour que les opérations de dédouanement soient achevées. Et ce, au prix de l’acharnement des forces vives du ministère de l’Agriculture qui composent l’équipe des ingénieurs. Aujourd’hui, il ne reste plus à effectuer que les procédures d’enregistrement des véhicules – des formalités qui devraient être achevées très prochainement. Espérons-le, car les incendies, eux, n’attendent pas d’autorisation administrative pour ravager les forêts. La saison a déjà commencé, et plusieurs feux ont éclaté au Akkar, dont l’un a nécessité l’envoi de deux hélicoptères de la Défense civile et un combat de plus de 24 heures. Les chaleurs de ces derniers temps accompagnées d’un vent assez soutenu ne font qu’accroître le danger. Les forêts libanaises ne peuvent pas se permettre d’attendre une énième signature. À noter également que l’immobilisation sur une année de véhicules n’est pas idéal d’un point de vue tout simplement mécanique. Il serait toutefois mal venu de se laisser aller au pessimisme car certaines personnes impliquées dans le programme ne se le permettent pas. Didier Dumay, directeur du programme, même s’il ne cache pas ses regrets d’avoir dû quitter le Liban avant de voir les camions sur le terrain, refuse de céder à l’amertume. «Il faut rester optimiste, les camions vont finir par sortir de ce parking. Nous avons trop travaillé pour baisser les bras maintenant. Je sais qu’au ministère de l’Agriculture, l’équipe des ingénieurs se bat pour que ce programme aboutisse», explique-t-il. Les volontés sont là pour faire progresser les choses. Des passionnés, des amoureux authentiques du Liban, des acharnés du travail ont dédié leur énergie à la sauvegarde de l’environnement. Saluons-les bien bas car nous leur devons beaucoup.
Les forêts du Liban. Que n’a-t-on pas écrit sur leur rareté et donc leur importance, sur leur fragilité et l’impérieuse nécessité de les protéger. En cette période de fortes chaleurs, les incendies les menacent plus que jamais. Le gouvernement n’est pas resté inactif pour leur protection contre ce danger puisqu’il a mis en place, il y a trois ans, un programme de...