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Actualités - ANALYSE

La bonne volonté des donateurs mise à l'épreuve Les contradictions locales suscitent bien des préventions

Les petits cadeaux entretiennent l’amitié. Devant l’insistance du Liban, et pour ne pas trop le décevoir à un moment où il fêtait la libération, les pays qui se sont inscrits sur la liste des donateurs pour le Sud ont consenti à ce qu’une première conférence se tienne dès le 27 juillet courant. Mais ce n’est là, en pratique, qu’un simple geste de courtoisie. Cette réunion, organisée au niveau des ambassadeurs, n’a en effet qu’un caractère préparatoire limité. Elle sera uniquement consacrée à passer en revue les besoins du Sud. Et il appartiendra au forum proprement dit, prévu pour octobre au niveau des ministres, de répartir les contributions et de les attribuer à des projets déterminés. Localement, on relève que la conférence d’octobre se déroulera sous l’égide d’un nouveau gouvernement libanais, le Cabinet actuel devant rendre son tablier au lendemain des législatives. Ce point est important, dans la mesure où la composition de la nouvelle équipe devra par elle-même déterminer son crédit de confiance auprès des pays donateurs et influer sur le volume global de l’aide. Mais le facteur le plus décisif reste l’évolution de la situation au Sud. Les donateurs ont clairement fait savoir que sans une stabilisation confirmée, on ne saurait compter sur eux. Un message qui s’adresse à tous les protagonistes sans distinction. Ainsi, Israël est appelé à mettre fin aux violations frontalières stigmatisées par le Conseil de sécurité et à se replier au-delà de la frontière de 1923. La Finul de son côté devra s’être déployée le long de cette ligne. Et Beyrouth est expressément prié d’envoyer son armée. Les contributeurs potentiels précisent qu’ils ne débloqueront aucun crédit tant que la sécurité frontalière restera précaire, exposée à toutes sortes de secousses. Pour ces États, la situation actuelle, que l’État libanais ne contrôle pas directement, est toujours sablonneuse et ils ne voient pas comment on peut construire sur du sable un plan solide de redressement socio-économique. La réunion du 27 courant se contentera donc d’échanger des vues théoriques sur les projets que le Liban envisage pour la reconstruction du Sud. Après quoi, le pays aura à traverser la phase des législatives et à se doter d’un nouveau gouvernement. Tandis que les États-Unis de leur côté se trouveront focalisés par leur présidentielle et seront moins aptes à peser sur le déroulement de la conférence d’octobre. Parallèlement, l’évolution du processus de paix régional, sur le volet syrien comme sur le volet palestinien, devra aussi conditionner le climat qui marquera le forum des pays donateurs. Pour tout dire, si la détente n’est pas à l’ordre du jour, les chances de réussite de ce forum s’en trouveraient compromises. Et il pourrait bien être reporté. Au grand dam des autorités libanaises, qui font valoir qu’il est urgent de lancer sans tarder le chantier de la reconstruction pour que la population, économiquement aux abois, ne soit pas contrainte de se déraciner, d’aller gagner son pain ailleurs, à l’intérieur ou à l’étranger. Le président Nabih Berry affirme ainsi que si les choses restent telles qu’elles sont, la situation du Sud peut devenir catastrophique. Cependant, Beyrouth, tout en réclamant une aide à cor et à cri, fait la sourde oreille aux conditions de stabilité posées à cet effet. Le pouvoir local ne peut pas en effet se désolidariser de la Résistance, qui garde ses armes tant que la libération n’est pas totalement parachevée. Il ne peut pas ignorer non plus les impératifs du jumelage, qui font que la menace d’une réouverture du front du Liban-Sud doit rester brandie jusqu’à ce que le Golan soit restitué à la Syrie. Il reste que sur le plan général, la persistance éventuelle du blocage du processus de paix pourrait mettre la région tout entière sur un volcan. Or l’affaiblissement dramatique du gouvernement Barak en Israël et la perspective d’élections anticipées dans ce pays paraissent de nature à retarder, sinon à entraver, la reprise des négociations. D’où le risque de voir se prolonger les exactions commises au Sud par des éléments armés. Le pouvoir cependant promet d’y veiller et le président Lahoud déclare que «l’État est déterminé à assurer la sécurité de ses ressortissants dans les territoires libérés dernièrement de l’occupation israélienne, comme dans les autres régions, par les moyens qu’il jugera adéquats». «L’État, conclut le président, réalise que le danger vient de cet Israël qui ne cesse d’agresser les territoires libanais en plus d’un point».
Les petits cadeaux entretiennent l’amitié. Devant l’insistance du Liban, et pour ne pas trop le décevoir à un moment où il fêtait la libération, les pays qui se sont inscrits sur la liste des donateurs pour le Sud ont consenti à ce qu’une première conférence se tienne dès le 27 juillet courant. Mais ce n’est là, en pratique, qu’un simple geste de courtoisie. Cette...