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Actualités - ANALYSE

Efforts de principe pour unifier les rangs

Une même idée peut engendrer des applications tout à fait contraires. Une dépression jettera ainsi les uns dans la boulimie, les autres dans l’anorexie. Il n’est pas étonnant dès lors que l’opposition au système cherche à s’exprimer aujourd’hui soit par le boycott, soit au contraire par la participation. Parce que l’union fait la force et que ce principe est médiatiquement incontournable, des contacts sont actuellement déployés par tous les pôles opposants ou presque afin de parvenir à une position commune. Mais il est difficile de croire au succès d’une pareille démarche. Car faute d’un catalyseur (Bkerké qui a joué ce rôle en 1992 n’y semble plus disposé), on voit mal comment les intérêts en présence peuvent être conciliés. Autrement dit, si chacun veut bien contribuer aux efforts d'unification de l’Est, c’est simplement dans le but de rallier les autres pôles à ses propres options. C’est ce qu’on appelle tenter de tirer la couverture à soi. Et comme tout le monde se situe à un niveau quasiment égal, nul ne paraît avoir des chances sérieuses de l’emporter et d’imposer ses vues, pour ou contre le boycott. D’autant que le temps commence à presser drôlement : il ne reste plus que six petites semaines avant cette première étape, tout à fait cruciale pour le camp de l’Est, qu’est le Mont-Liban. Alea jacta est : pour sa part, le président Amine Gemayel se lance bille en tête dans la bataille, par le truchement de son fils Pierre qu’il présente au Metn. L’ancien chef de l’État explique à qui veut l’entendre que les données locales, régionales et internationales ont déjà changé et qu’il faut prendre part à la vie publique pour en infléchir positivement le cours. Cependant les partisans de l’ancien président affirment, quant à eux, que les réalités ne sont pas suffisamment modifiées pour que Pierre Amine Gemayel fasse partie d’une liste qui comprendrait un candidat PPS (comprendre PSNS). L’ancien allié du président Gemayel au sein de la Rencontre de Paris, le général Michel Aoun, appelle de son côté, comme on sait, au boycott. Et le troisième leader du groupe maintenant dissous, M. Dory Chamoun, leader du PNL, n’a pas encore pris de décision définitive. Il se concerte notamment avec un autre hésitant, M. Carlos Eddé, Amid du Bloc national, ainsi qu’avec des personnalités proches du courant F.l. Grosso modo, les libéraux de M. Chamoun pensent que s’il doit y avoir participation, cela devrait se traduire par des résultats positifs tangibles, à travers de solides alliances électorales. Sans quoi, ajoutent-ils, on aboutirait aux mêmes résultats politiques qu’en 96 et il serait alors préférable d’opter pour le boycott, tendance qui prédomine. Globalement on trouve à l’Est, toutes formations confondues, autant de partisans du boycott que de la participation. Aussi on entend répéter dans l’entourage du Amid Carlos Eddé qu’il vaut mieux attendre début août pour faire son choix. Cependant, plusieurs cadres du parti font pression en faveur de la participation, en soutenant qu’il y va pratiquement de la survie politique de la formation, qui a dû pendant vingt-deux ans rester absente de la scène électorale. Un élément peut se révéler décisif à l’Est : la pression exercée en faveur de la participation par des notabilités locales, influentes au niveau de la rue et qui sont en position de jouer les clés électorales. Ces «zaïms» de quartiers soutiennent que le boycott aurait de multiples retombées négatives. D’abord en privant le public, et les régions de l’Est, des services qu’une bonne représentation pourrait leur assurer. Ensuite en empêchant l’action réformatrice que des opposants élus au Parlement pourraient mener. De ces deux arguments, seul le premier peut motiver un électorat qui désespère depuis longtemps de la politique. Pour le moment cependant, le vent est modérément à la fronde, après le fracassant communiqué contestataire des évêques maronites. Un texte que certains participationnistes interprètent, avec une courageuse fantaisie, comme un appel au changement par l’action de l’intérieur du système. Mais en tout état de cause, les observations critiques des prélats ne sont pas appelées à être suivies d’effet sur le plan pratique, puisque Bkerké ne compte pas orchestrer le mouvement de rejet comme en 1992. Il est donc probable que l’Est ne fera pas front commun et se partagera entre participationnistes mal échaudés et boycotteurs. Il reste que comme en 1996, et sans craindre de se voir reprocher d’avoir alors dupé l’opinion chrétienne, des diplomates occidentaux militent auprès des pôles politiques en faveur de la participation. En s’appuyant en partie sur l’exhortation papale, qui date également de quatre ans, appelant les chrétiens à participer à la vie politique du pays. Si tant est qu’il y en ait une.
Une même idée peut engendrer des applications tout à fait contraires. Une dépression jettera ainsi les uns dans la boulimie, les autres dans l’anorexie. Il n’est pas étonnant dès lors que l’opposition au système cherche à s’exprimer aujourd’hui soit par le boycott, soit au contraire par la participation. Parce que l’union fait la force et que ce principe est...