"Je suis ce que je suis"

Antonella se retrouve tous les vendredis et samedis soir dans un des clubs de la ville, un lieu de rencontres fréquenté par les homos. «C’est mon second foyer», dit-elle en parlant du club. «Là, au moins, on ne me juge pas, les gens m’acceptent pour ce que je suis et ne me condamnent pas». Antonella est un transsexuel, qui a décidé, il y a trois ans, de changer d’identité, de devenir carrément femme. Une décision lourde de conséquences, qui a d’abord failli lui coûter la vie, plusieurs personnes ayant essayé de l’assassiner. «En tant qu’homme, j’étais la risée de tout le monde. Mon apparence (faussement) féminine dérangeait et on m’en voulait presque pour cela. Maintenant que je suis devenue femme, je suis encore plus rejetée», nous confie Antonella. «Même si je décide de devenir un jour religieuse, cela n’empêchera pas les gens de me critiquer». Antonella se sent maudite. Même si l’opération lui a permis d’affirmer un peu plus son identité – elle se dit beaucoup plus épanouie – le rejet qu’elle subit de la part de la société lui a créé un nouveau drame. «Ma vie n’est pas à envier. Il m’arrive de pleurer tous les jours. Je dois non seulement faire face à mon problème, mais surtout assumer le regard des gens, et la souffrance de ma famille qui n’arrive toujours pas à admettre l’idée de ce que je suis». Avant son opération, Antonella était infirmière dans un hôpital libanais. Depuis qu’elle s’est fait opérer, personne ne veut plus l’employer. «Je ne serai véritablement heureuse qu’une fois indépendante financièrement. Je me sentirai libre» . En attendant, et cela risque de durer un certain temps, Antonella se bat, toute seule, armée de sa seule foi en Dieu qui, dit-elle, «ne m’abandonnera jamais».