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Actualités - OPINION

Courrier Les leçons d'un départ annoncé

Il ne faut pas se fier aux apparences : la disparition du président Hafez el-Assad, en juin 2000, n’est pas comparable à celle d’un autre grand leader arabe disparu sur les bords du Nil, en 1970. La guerre perdue des Arabes en 1967 augurait la mort du principal responsable de cette défaite qui était le grand leader de la nation arabe à cette époque, par contre le leader syrien qui vient de passer le flambeau à Damas a à son crédit des réalisations qui font l’orgueil de son pays et de sa nation. N’est-il pas le seul chef d’État arabe qui posait encore problème à l’État hébreu, soucieux de faire la paix sur toutes ses frontières avec ses voisins qui lui contestaient le droit à l’existence. Ensuite, le défi qu’a posé à l’État d’Israël sa présence armée au Liban s’inscrit au crédit du président syrien qui, par Hezbollah interposé, est parvenu à infliger à Tsahal le seul camouflet jamais essuyé par les conquistadors juifs des bords de la Méditerranée. Si l’homme que nous regrettons aujourd’hui a donc les dimensions d’un leader comme Nasser, il se distinguerait par le fait qu’il n’a pas sur la conscience une défaite comparable à celle du 5 juin 1967, tout au contraire. Henry Kissinger comparait le leader syrien à Bismark, le chancelier de fer allemand, ce qui n’est pas un mince compliment de la part du plus fameux secrétaire d’État américain. Compte tenu de toutes ces données, le vide que laisse le chef d’État syrien disparu ne sera pas facile à combler. Mais de ce long règne contrasté il s’agit avant tout de tirer les leçons et les conséquences. C’est grâce à cette fin de règne, prévue et annoncée, que le passage du pouvoir se déroule sans accroc à Damas, jusqu’ici. Une disparition soudaine à la suite d’une tourmente connue ce fut le cas pour Nasser en soixante-dix, n’aurait guère permis une telle transition de pouvoir programmée. Étudiant de médecine en Grande-Bretagne le Dr Bachar el-Assad, qui succède à son père, a déjà été proclamé chef des armés et chef d’État sans grande difficulté. Il a sans doute sur le monde un regard différent de celui d’une classe dirigeante damascène qu’il s’évertue depuis quelque temps à vouloir perfusionner. Souhaitons-lui plein succès dans sa tâche, car l’osmose de la Syrie et du Liban ne s’en trouvera que plus profitable pour les deux pays frères, embarqués sur le même vaisseau amiral du «massir» et du «massar» unifiés. Il reste un autre problème qui est d’une gravité inouïe pour la Syrie et pour le Liban et qui va reposer sur les épaules d’un jeune homme de trente-quatre ans, ayant à faire ses armes sur un terrain déjà miné. Il va sans dire toutefois, que le regard d’un jeune homme éduqué en Grande-Bretagne et vivant l’an 2000, ne peut être celui d’une classe politique septuagénaire paralysée par trente ans de règne sans partage. Si la paix syro-israélienne doit se faire ce n’est pas quelques kilomètres de territoires entre les versant sud du mont Golan et les rives du lac de Tibériade qui vont l’en empêcher. On trouvera assez de soldats irlandais, suédois ou guinéens pour combler ce fossé entre les falaises des montagnes contestées et les rives clémentes du lac salé.
Il ne faut pas se fier aux apparences : la disparition du président Hafez el-Assad, en juin 2000, n’est pas comparable à celle d’un autre grand leader arabe disparu sur les bords du Nil, en 1970. La guerre perdue des Arabes en 1967 augurait la mort du principal responsable de cette défaite qui était le grand leader de la nation arabe à cette époque, par contre le leader...