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Actualités - CHRONOLOGIE

Les écoliers de l'ex-zone occupée rêvent d'aller au cinéma ...

Une semaine après l’évacuation du Liban-Sud par Israël, les écoliers de l’ex-zone occupée ont un rêve : aller pour la première fois au cinéma, loisir encore inexistant dans le Sud. À Marjeyoun, «capitale» de cette région qui ne faisait que 850 km2, les écoliers, qui, comme les autres habitants, vivaient en autarcie, rêvent d’avoir accès à ce dont ils étaient privés et de vivre enfin comme tous les autres adolescents de leur âge. Georgette Abi-Rached, une grande brune de 17 ans, élève au collège des sœurs des Saints-Coeurs, prépare son baccalauréat. Elle n’est jamais allée dans une salle de cinéma et est rarement sortie de la bande frontalière. «Je voudrais faire la connaissance des jeunes d’autres régions du pays. Je ne sais pas ce qu’ils pensent, à quoi ils consacrent leurs loisirs, quels sont leurs centres d’intérêt», dit-elle à l’AFP. «J’adore le cinéma, même si je n’ai pas vu de films sur grand écran. Je suis à la télévision les émissions consacrées au cinéma. Je suis transportée de joie lorsque je vois mes acteurs préférés», raconte-t-elle. Hassan Kazan est inscrit à l’école publique de Marjeyoun. Ses loisirs, il les consacrait au football. «Pendant les vacances, je voudrais découvrir Saïda, Beyrouth, les lieux touristiques et surtout aller au cinéma et voir enfin un film sur grand écran». Sa collègue, Hayat Sader, 16 ans, est émerveillée par les expositions et les foires qui ont lieu à Beyrouth et qu’elle n’a vues qu’à la télévision. «À la première occasion, je voudrais visiter une de ces foires», affirme-t-elle. Nelly Jabbour, 17 ans, de l’école des Saints-Cœurs, ne cache pas sa fierté d’avoir eu accès une fois à ce dont ses camarades ont été privés. «J’ai été au cinéma une fois lors d’une visite à Beyrouth, où j’ai accompagné ma famille. J’adore le dessin ; malheureusement, il n’y a personne ici pour me donner des cours, mais bientôt, j’espère pouvoir être admise à la faculté des beaux-arts de l’Université libanaise». La directrice de l’école des Saints-Cœurs, mère Marie Chédid, est catégorique : «Les enfants et les adolescents sont les plus grandes victimes de la guerre». Son collège comptait environ un millier d’écoliers. Après le retrait israélien, il n’en reste plus que 450, les autres étant partis avec leurs parents pour Israël ou pour d’autres régions du Liban. Sur les 68 enseignants, 11 ont fui en Israël. À l’école publique de Marjeyoun, la situation est moins catastrophique. Le directeur, Joseph Saïd, affirme que 16 élèves seulement manquent à l’appel et que deux enseignants sont partis pour Israël. «L’important maintenant, c’est de nous rebrancher sur le monde extérieur après tant d’années. D’ailleurs, notre lycée a été choisi par le ministère de l’Éducation parmi 24 autres institutions pour être relié à Internet et je vais à Beyrouth la semaine prochaine dans ce but», affirme-t-il fièrement. Non loin à l’ouest, dans le village chiite de Blatt, trois «profs» manquent à l’appel : l’un d’eux a fui en Israël, deux autres se sont livrés aux autorités pour avoir «collaboré avec l’ennemi israélien». Dix des 160 élèves de cet établissement public sont en outre absents depuis la libération. «Je m’ennuie sans elles», affirme Khadigé, dont trois camarades sont parties après le début des vacances forcées le 22 mai.
Une semaine après l’évacuation du Liban-Sud par Israël, les écoliers de l’ex-zone occupée ont un rêve : aller pour la première fois au cinéma, loisir encore inexistant dans le Sud. À Marjeyoun, «capitale» de cette région qui ne faisait que 850 km2, les écoliers, qui, comme les autres habitants, vivaient en autarcie, rêvent d’avoir accès à ce dont ils étaient...