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Actualités - OPINION

Tribune Cher Raymond

Cher Raymond, ta mort est une absence, mais ce n’est pas un vide, c’est l’écho de ta voix qui s’est tue après avoir dit ce qu’elle avait à dire. C’est un terrible et merveilleux silence. Sans doute est-ce la raison pour laquelle j’ai encore plus de mal à le rompre aujourd’hui que je n’en avais de ton vivant à t’interrompre ou à te contredire ! Tu as décidément réussi ce dont peu d’hommes au Liban peuvent se flatter : tu as pris la parole au nom de ceux à qui on l’avait retirée et tu l’as gardée en dépit de ceux qui la prenaient en otage à coup de menaces et de mitraille, tu as donné une dimension morale à un conflit qui n’en avait pas, tu as élevé l’appartenance communautaire au rang de solidarité nationale et tu as incarné l’unité là où milices et partis de tous bords se sont acharnés à diviser, tu as inscrit le «refus» au programme d’une pensée politique dominée par les privilèges et le clientélisme, tu as préféré la cohérence au compromis et la dignité au pouvoir, tu es resté solitaire et droit quand tant d’autres avançaient en foule et à plat ventre, et surtout, surtout, quoi qu’en disent ou en pensent plus d’un, tu es parti sans fuir, te coupant de ta terre sans te couper de ton pays. Et cela qui était une blessure sans nom, tu es parvenu à l’accomplir sans l’ombre d’une plainte. Je n’ai jamais vu d’exilé aussi peu exilé que toi. Entièrement seul et entièrement toi-même, tu as mené, jour après jour, un combat parfois utopique mais jamais vain, pour un Liban libre et souverain à ton image. Car si tu n’as pas changé le cours de l’histoire, tu l’as, en revanche, marqué d’un point d’honneur qui n’a pas de prix. Doté d’un même instinct de justesse et de justice, tu as été «juste» au plein sens du terme. Et je crois ne pas abuser de ma plume en te disant que nous sommes nombreux à te dire merci.
Cher Raymond, ta mort est une absence, mais ce n’est pas un vide, c’est l’écho de ta voix qui s’est tue après avoir dit ce qu’elle avait à dire. C’est un terrible et merveilleux silence. Sans doute est-ce la raison pour laquelle j’ai encore plus de mal à le rompre aujourd’hui que je n’en avais de ton vivant à t’interrompre ou à te contredire ! Tu as...