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Actualités - ANALYSE

Beyrouth ne ne préoccupe que de haute diplomatie Les choses vont plus vite que prévu

On en avait eu un avant-goût à Jezzine. Qui d’ailleurs en est aujourd’hui à geindre, de peur et de privations mêlées. Tout le monde répond présent pour la libération. Sauf, encore à cette heure, l’État. Pourtant, maintenant que la frontière commence à se dégager, l’enjeu est bien plus important pour le pays que l’enclave intérieure de Jezzine. Il faut cependant reconnaître que les choses vont plus vite que prévu, même si Israël nie officiellement que le gros du retrait serait opéré avant le 1er juin. Les villages de la zone chiite sont abandonnés les uns après les autres. L’ALS déserte ou se replie et par paquets entiers ses éléments chiites se livrent soit à l’armée, soit au Hezbollah ou encore au mouvement Amal. Mais au moment où cette débandade se produit, les cadres de Beyrouth ne se préoccupent que de haute diplomatie. Au lieu d’aller un peu voir ce qui se passe sur le terrain, au lieu de faire brandir le drapeau libanais là où les partis affichent leurs emblèmes, les responsables luttent vaillamment auprès de grandes capitales comme de l’Onu pour faire admettre leurs cartes sur Chebaa. Ils ont en réalité inondé le palais de verre de documents prouvant le bon droit libanais. Mais voici qu’Israël, qui n’est pas à un piège près, menace de détruire en se retirant la forteresse de Chkif, le château hyperhistorique de Beaufort. Ceci afin qu’après le retrait de l’occupant, et faute d’un déploiement de l’armée libanaise qui ne semble pas venir, le Hezbollah ne puisse pas se servir de cette place stratégique, sinon comme base opérationnelle du moins comme piton d’observation. Les officiels de Beyrouth, prêtant attention à ces menaces, ont alerté les grandes capitales pour qu’elles exercent sur Israël une pression de retenue afin de l’empêcher de raser l’un des fleurons du patrimoine local. En réponse à ces alarmes, des sources informées indiquent que l’ambassadeur américain s’est montré rassurant. Il aurait indiqué aux autorités libanaises qu’Israël ne va pas gommer Chkif. Toujours est-il que dans les zones déjà évacuées, la population constate que le Hezbollah et le mouvement Amal se hâtent de planter leurs oriflammes, en disposant çà et là quelques drapeaux libanais. Les deux formations semblent du reste se livrer à une compétition serrée pour le contrôle des villages libérés. Et elles y sont encouragées par l’absence manifeste de l’État libanais, qui n’envoie même pas un mohafez ou une escouade de simples gendarmes prendre possession des localités évacuées par l’ennemi. Au stade actuel des choses, la population craint les abus et demande à l’État de la protéger. La dérobade du gouvernement est vivement critiquée par des députés. «Le Cabinet, indiquent ces parlementaires, aurait dû se déclarer en session ouverte dès la nouvelle des premières évacuations. Les bévues risquent de gâcher la victoire réalisée par le Liban et en tout cas la population a le droit d’être protégée. Surtout après les menaces contenues dans les récents discours de certains pôles partisans. Comment peut-il se faire que dans une telle situation un gouvernement ne proclame pas un plan d’urgence ? Comment ne mobilise-t-il pas toutes ses ressources dont le Conseil du Sud, pour assister tout de suite les régions libérées ? Comment permet-il l’exploitation démagogique électorale d’un événement national aussi important ?». Et de souligner que «le gouvernement est tout simplement endormi. Et il rêve que tout va bien se passer sans qu’il bouge le petit doigt». Que répondent les officiels ? En substance que nul n’a de leçons à leur donner. Et que les services, notamment sécuritaires, sont prêts à assumer leur mission. Sans aucun doute. Mais quand et où ?
On en avait eu un avant-goût à Jezzine. Qui d’ailleurs en est aujourd’hui à geindre, de peur et de privations mêlées. Tout le monde répond présent pour la libération. Sauf, encore à cette heure, l’État. Pourtant, maintenant que la frontière commence à se dégager, l’enjeu est bien plus important pour le pays que l’enclave intérieure de Jezzine. Il faut cependant...