Lettres Amélie Nothomb, un beau cadeau de la Belgique

Jeune (33 ans), jolie et talentueuse, la romancière Amélie Nothomb est un somptueux cadeau de la Belgique aux lettres françaises. Fille de diplomate, née au Japon, cosmopolite et polyglotte, elle écrit chaque année un récit, depuis 1992, drôle, maîtrisé, franc et osé. Dans son premier roman, Hygiène de l’assassin, la rencontre entre un auteur prix Nobel de littérature et une jeune personne lui permet d’aborder un éventail de sujets (le pouvoir, la dérision, la beauté et la solitude, la grammaire et la sexualité, la laideur et la détresse) avec un brio qui la fait vite remarquer. Depuis, chaque année, Amélie Nothomb publie un ouvrage qui ramène son nom dans l’actualité littéraire. Un livre brillant, tantôt drôle et lumineux comme son visage – tel Mercure en 1998 –, tantôt grinçant et tumultueux – comme Peplum (1999). Son dernier ouvrage Stupeur et tremblements (Éd. Albin Michel) a été jugé comme une réussite. «Une grande cuvée Nothomb», selon Jacques-Pierre Amette (Le Point – n° 1408). L’héroïne s’appelle comme elle, Amélie, et habite Tokyo où elle travaille au sein d’une vaste entreprise. C’est là où elle va découvrir le mensonge, l’hypocrisie, la torture douce et polie, la dégringolade professionnelle qui la mènera à la supervision des toilettes de l’entreprise et l’approvisionnement en papier hygiénique. La performance de l’auteur consiste de la manière dont cette épreuve, ostensiblement basée sur une expérience autobiographique, est traitée avec une extraordinaire distance ironique, une perspicacité et un détachement qui rendent les faits aussi effrayants qu’un constat. Le tout énoncé dans un ton léger, mobile, excluant toute dramatisation. À ce climat professionnel codifié, étouffant et redoutable, elle oppose le regard narquois et détaché de celle qui sait voir plus loin que l’univers étriqué et médiocre. Pour son propre salut et le bonheur de ses lecteurs...