Voile - Transat Lorient-Saint-Barth Fauconnier et Lemonchois filent vers la victoire

Karine Fauconnier et Lionel Lemonchois sur Sergio Tacchini-Itineris étaient en passe de remporter mardi la cinquième édition de la transat Ag2r Lorient-St-Barthelemy. Le couple de navigateurs se trouve à 158 milles de l’arrivée et a encore creusé l’écart sur ses premiers poursuivants, Gildas Morvan et Bertrand de Broc, sur Cercle Vert qui sont à 24 milles derrière. «Ça avance bien. Nous allons à 6-6,5 nœuds. Nous allons peut-être arriver plus tôt que prévu», a annoncé Karine Fauconnier, la voix enjouée mardi matin lors de la liaison téléphonique. «Nous ne crierons pas victoire tant que nous n’aurons pas passé la ligne d’arrivée et que Claude Bigeard (jaugeur de la classe Figaro Beneteau) n’aura pas fait le tour du bateau et dit c’est OK. Mais ce qui est sûr, c’est que nous avons hâte de voir les lumières de St-Barth. Ce sera un vrai moment de bonheur d’apercevoir l’île.» «Nous ne sommes plus très loin du but, ça commence à sentir bon», a ajouté la navigatrice, qui connaît bien la petite île antillaise. «J’étais toute petite la première fois que j’y suis venue. C’était sur Vendredi 13 avec mes parents. J’y suis revenue souvent et suis toujours arrivée en bateau. La seule fois où j’ai pris l’avion, c’était il y a quatre ans pour l’arrivée de l’Ag2r, que je n’avais pas pu faire faute de sponsors», a-t-elle encore précisé. En tête pendant 18 jours sur les 26 de course depuis le départ le 16 avril à Lorient, les leaders de cette transat en double ont mené pour l’instant un parcours sans faute. Une performance saluée par leurs concurrents. «C’est super ce qu’ils ont fait. Ils ont pris une bonne route, la plus courte ! Chapeau, car ce n’est pas évident dans cette course où tu paies cher la moindre petite bêtise», a commenté Franck Proffit (Jacques Vabre), qui découvre les joies d’une transat en petit monocoque après en avoir disputé de nombreuses sur le trimaran Fujicolor de Loïck Peyron. «Je constate qu’ils ont su tenir la vitesse alors qu’ils étaient talonnés par de bons marins et fins régatiers que sont Morvan, De Broc, Bidegorry et Beyou», a résumé Dominic Vittet (Flexipan), dont Lionel Lemonchois avait été le routeur lors de sa victoire dans la Solitaire du Figaro. Gustavia prêt à fêter en héros les navigateurs Comme tous les deux ans et malgré quelques jours de retard, Saint-Barthelemy fêtera en héros les navigateurs de la transat Lorient-Saint-Barth. La foule des grands jours devrait provoquer un grand embouteillage dans les rues de Gustavia. «De jour comme de nuit, les résidents (7 000 environ, NDLR) viendront pour assister à l’arrivée des navigateurs dans la baie de Gustavia», déclare Bruno Gréoux, le directeur du port. «Les gens d’ici sont des marins, ils se sentent vraiment concernés par la course», explique-t-il. «Pour eux, tous les coureurs sont des héros, pour avoir traversé l’Atlantique sur de si petits bateaux». Sa seule déception est le retard pris par les concurrents. «C’est dommage, il y aurait eu encore plus de monde s’ils étaient arrivés ce week-end». Alors, sur le quai Général de Gaulle, les spectacles de clowns, de magiciens, les concerts et barbecues géants se succèdent depuis samedi pour tromper l’attente. Selon M. Gréoux, tous les navigateurs auront droit à leur bain de foule dès leur montée sur le podium d’arrivée. Même s’il avoue que la population s’intéresse surtout aux bateaux de tête, et bien sûr au voilier aux couleurs de l’île. Il est barré par l’«enfant du pays» Richard Ledée, associé au Finlandais et Saint-Barth d’adoption Markku Harmala. En attendant les cyclones Les enfants des écoles de l’île ont également été associés à la transat en parrainant un bateau, choisi à l’issue d’un tirage au sort. À l’école primaire de Gustavia, les élèves de CM1 de Virginie Estèbe suivent Cercle Vert et Capri. Après avoir écrit une lettre d’encouragement aux skippers avant le départ, les enfants ont réalisé une grande pancarte. «C’est marqué “Bienvenue à Saint-Barth”, en gros pour qu’ils la voient de loin», précise Maria, 9 ans. Les élèves sont fiers de montrer leur bateau «souvenir», confectionné avec une demi-noix de coco, deux branches et un morceau de toile, qu’ils offriront à leurs champions. William, 8 ans et demi, est manifestement heureux de ce tirage au sort. «Cercle Vert est bien positionné, mais Capri est très loin. Et puis les gens de Cercle Vert sont venus et ils nous ont donné des T-shirts et des casquettes vertes qu’on portera à l’arrivée». Mais, souligne sa copine Alison, Capri aura aussi droit à son bouquet. Pour les professionnels aussi, cette course biennale est un événement. «C’est le dernier gros événement sur l’île, qui marque la fin de la saison touristique», explique le gérant du bar l’Entracte, situé à quelques mètres des pontons d’arrivée. «On se retrouve presque entre nous pour faire une grosse fête avant l’arrivée des cyclones». Cette année, sur cette île des Caraïbes particulièrement exposée, les premiers sont attendus dès le début de l’été.