Egypte Plus de cent étudiants arrêtés après les manifestations d'Al-Azhar

Plus de 100 étudiants ont été arrêtés après une manifestation lundi dernier au campus de l’université islamique d’al-Azhar au Caire et 60 d’entre eux déférés au parquet de la Cour de sûreté de l’État, a-t-on appris mardi de sources policière et judiciaire. Plusieurs milliers d’étudiants ont manifesté dans la nuit de dimanche à lundi puis dans la journée de lundi pour protester contre la publication en Égypte d’un roman de l’écrivain syrien Haïdar Haïdar, jugé blasphématoire. Les étudiants sont actuellement interrogés par les services de sécurité qui ont ouvert une enquête, a-t-on indiqué. Plus de 50 étudiants ont été blessés lors d’affrontements avec la police, certains par des tirs de balles en caoutchouc, selon un responsable des urgences hospitalières. Une dizaine de ces blessés étaient encore hospitalisés hier matin. Trois policiers ont été blessés par des jets de pierre. La police maintenait sa présence hier matin près de l’université, un vaste complexe regroupant des facultés de toutes disciplines, dont celles d’enseignement théologique, et accueillant 195 000 étudiants. Aucun incident n’avait été signalé en fin de matinée. Les étudiants manifestaient contre le roman de Haïdar, Festin des algues de mer, qu’ils accusent de présenter le prophète comme un «coureur de jupons» et d’injurier le Coran. Écrit il y a une quinzaine d’années, le roman a été publié il y a deux mois par le ministère de la Culture dans le cadre d’une série de rééditions. Le quotidien d’opposition libéral al-Wafd affirmait hier que les étudiants avaient appelé «au meurtre» de l’écrivain et accusé le cheikh d’al-Azhar, Mohamed Sayyed Tantaoui, d’avoir gardé le silence sur cette affaire. Le ministre de la Culture, Farouk Hosni, dont les positions ont fluctué depuis le début de la campagne contre ce roman il y a une quinzaine de jours, a encore une fois changé de position. Cité mardi par le quotidien al-Ahram, il a affirmé qu’«aucun exemplaire du roman de l’écrivain syrien n’est en vente actuellement». Dimanche, il avait défendu le roman, affirmant qu’il était toujours en vente, après l’avoir dans un premier temps dénoncé. Selon des étudiants, les incidents ont commencé dimanche dans la cité universitaire des filles, après que les surveillantes eurent arraché des photocopies de l’article d’un écrivain islamiste dénonçant le roman. Les étudiantes sont alors sorties des bâtiments scandant des slogans contre le roman et Farouk Hosni et les étudiants d’une cité proche ont manifesté dans le campus et les rues, lançant des pierres sur les forces de l’ordre qui ont riposté avec des tirs de grenades lacrymogènes. Lundi, la police a tiré des balles en caoutchouc dans l’enceinte universitaire.