Soudan Béchir s'apprêterait à écarter Tourabi de la vie politique

Le président soudanais Omar el-Béchir a accusé son principal rival politique Hassan Tourabi de conspiration contre son régime et laissé entendre qu’il pourrait l’écarter définitivement de la vie politique. M. Tourabi «incitait l’armée, les services de sécurité, la police et les moudjahidine (civils se portant volontaires pour combattre les rebelles sudistes) et les étudiants contre le gouvernement», a déclaré le général Béchir dans la nuit de jeudi à vendredi. Il s’exprimait lors d’une rencontre de plusieurs heures avec des milliers de dirigeants et cadres du parti islamiste au pouvoir, le Congrès national (CN). Selon lui, M. Tourabi «convoquait les officiers et les moudjahidine la nuit» pour les inciter à s’insurger contre le régime. Il «aggrave la crise au moment où le pays fait face à la rébellion sudiste», a souligné le chef de l’État, révélant que 14 personnes, dont six étudiants, ont été tuées mercredi dans des combats avec les forces de l’opposition dans l’est du Soudan. «Nous allons prendre des mesures décisives pour mettre fin à l’escalade de la crise (politique) dans le pays», a-t-il ajouté, estimant que le secrétariat général du parti devrait être «ignoré». Selon lui, ces mesures visent à «mettre fin aux activités de M. Tourabi hostiles au gouvernement et qui ont pour but de le renverser». M. Béchir avait convoqué la réunion du CN pour préparer sa campagne électorale, en prévision de l’élection présidentielle anticipée d’octobre. M. Tourabi et ses partisans, qui ont boycotté la réunion, ont fait état, selon la presse soudanaise, de leur intention de s’opposer à la candidature du chef de l’État pour un nouveau mandat. Ils envisagent, selon la presse, de proposer l’annulation d’une décision du parti au pouvoir désignant M. Béchir comme son candidat au prochain scrutin présidentiel. Le président soudanais pourrait annoncer les mesures contre Tourabi dès vendredi ou au plus tard dans les prochaines 48 heures, rapporte le quotidien indépendant al-Raï al-Aam. Selon le journal, le chef de l’État, qui est également le président du CN, pourrait décider «le gel des activités du secrétariat général du CN ou de toutes les instances de ce parti et la convocation urgente d’un congrès général» de cette formation. Citant des sources non identifiées, le journal affirme que «l’assignation à résidence de M. Tourabi n’est pas exclue». «Les mesures envisagées par M. Béchir visent à mettre fin à un système politique bicéphale», affirme al-Raï al-Aam. En décembre, M. Béchir avait déjà réduit à néant le rôle de M. Tourabi au sein des institutions de l’État en invoquant également la nécessité de débarrasser le pays d’un «gouvernement bicéphale».