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Actualités - ANALYSE

Dossier régional - Les donnes sont en train de changer Les changes de paix traversent une phase de régression

Le prochain retrait israélien change les donnes. Cette évidence saute aux yeux. Et pourtant beaucoup de cadres locaux, obnubilés par le jumelage, ne veulent pas en tenir compte. L’équation Kissinger dite des «lignes rouges», en place au Liban depuis 1976, tombe d’elle-même avec la fin de l’occupation israélienne. Et il faut en rediscuter, comme s’il s’agissait d’un nouveau contrat de location. Or, les pourparlers, malgré la relative imminence de l’échéance, sont actuellement gelés entre les principales parties prenantes qui s’imputent réciproquement la responsabilité de l’impasse. Un ancien ministre des Affaires étrangères note à ce propos que les chances de paix suivent une courbe descendante certaine depuis le sommet Assad-Clinton de Genève. Ce professionnel pense qu’il est très peu probable que la paix puisse être signée entre la Syrie et Israël cette année, c’est-à-dire sous l’égide du président Clinton. Par contre, ajoute-t-il, il n’est pas du tout exclu que les Américains réussissent à faire redémarrer les négociations dans les prochaines semaines. Plus précisément, la marge de manœuvre va jusqu’à fin mai. Après quoi les Israéliens entreraient dans une phase d’activation de leur retrait du Liban-Sud, promis pour début juillet, mais qu’ils pourraient effectuer dès juin. Et les Américains de leur côté se trouveraient accaparés par la campagne de la présidentielle. À moins d’un fait nouveau, le processus serait alors suspendu jusqu’à la prise en charge d’une nouvelle Administration US dirigée par le démocrate Al Gore ou par le républicain George Bush Jr. Pour sa part cet ancien ministre, qui garde de l’entregent à l’étranger, prévoit une reprise des pourparlers syro-israéliens à la mi-mai. Il souligne qu’à son avis, la phase prochaine serait marquée par de nouveaux éléments propulsant puissamment le processus vers une conclusion positive. À l’en croire, les contacts intensifiés qui se déroulent actuellement loin des feux de la rampe, au niveau du secteur diplomatique, ne manqueront pas de porter leurs fruits d’ici un mois. Cet ancien responsable affirme que les propos pessimistes tenus à Beyrouth par certains diplomates occidentaux sont infondés. Ce qui permet de penser que ces propos font eux-mêmes partie de l’attirail des pressions utilisées pour favoriser la reprise des pourparlers. Selon d’autres sources diplomatiques également occidentales, les USA estiment toujours, malgré le fiasco de Genève, que le rôle de la Syrie et du président Assad est primordial. Ajoutant que les indications selon lesquelles Washington voudrait pousser en avant le volet palestinien au détriment du volet syrien sont imprécises. Pour ces diplomates occidentaux, les cadres américains misent toujours sur la Syrie et sur le président Assad pour la réalisation d’une paix globale. D’autant que par leurs récentes déclarations, le colonel Bachar el-Assad et M. Farouk el-Chareh ont confirmé l’attachement de leur pays au processus, en base des principes de Madrid. Il s’agit là, ont répété les deux personnalités syriennes, d’un choix stratégique que rien ne saurait démentir. Cependant, ces mêmes sources observent que les Américains ont ouvertement demandé à la Syrie de faire des concessions pour renforcer Barak face à son opposition intérieure. En faisant mine d’ignorer que les autorités syriennes doivent elles aussi tenir compte de leur opinion publique. Et en paraissant oublier que la Syrie ne peut pas accepter un règlement tronqué, ni de se laisser mener en bateau comme les Palestiniens ou, avant eux, les Égyptiens. La Syrie veut un traité global, équitable, détaillé et clair, basé sur la devise «la terre moyennant la paix» et sur les résolutions de l’Onu. Or Barak est loin d’adopter la même approche. Et, relèvent ces diplomates, l’Administration US lui apporte son soutien, notamment pour des raisons électorales. En multipliant, avec l’aide des Occidentaux, les pressions sur la Syrie. Ce qui, notent de leur côté des politiciens locaux, se traduit par des tensions sur la scène intérieure libanaise.
Le prochain retrait israélien change les donnes. Cette évidence saute aux yeux. Et pourtant beaucoup de cadres locaux, obnubilés par le jumelage, ne veulent pas en tenir compte. L’équation Kissinger dite des «lignes rouges», en place au Liban depuis 1976, tombe d’elle-même avec la fin de l’occupation israélienne. Et il faut en rediscuter, comme s’il s’agissait d’un...