Musique - Une école libanaise membre de la Fédération française Ghassan Yammine : quand la rigueur paie (photo)

C’est une première, et Ghassan Yammine en est fier : son école de musique, fondée il y a 7 ans et qui porte son nom, vient d’être nommée membre de la très sérieuse Fédération française de musique. «Nous sommes la première institution membre de la région arabe», ajoute-t-il. Il faut dire que le jeune homme de 28 ans n’a pas perdu de temps. La qualité et la rigueur des leçons qu’il dispense lui ont permis de signer des protocoles de collaboration avec des écoles françaises, comme le Conservatoire de Boulogne-Billancourt. «Depuis 1995, la Fédération s’est ouverte à l’Europe», explique-t-il. «C’est cet élargissement qui m’a poussé à présenter mon dossier». En septembre 1999, Ghassan Yammine envoie son courrier au comité, qui lui répond par l’affirmative en février dernier. «Cette adhésion me permet de rentrer dans le réseau de conservatoires, d’instituts et d’écoles de musique qui présentent leurs programmes au comité. Celui-ci en fait un programme unique et, surtout, unifie les programmes d’examen». Pas d’amateurisme Les élèves comme les professeurs y trouvent des avantages considérables : «Nos étudiants, s’ils veulent sortir du pays et se spécialiser, ou tout simplement se perfectionner dans une matière, n’auront plus de formalités à remplir, et ils seront prioritaires dans les institutions membres de la fédération. Quant aux professeurs, ils bénéficieront de prix intéressants pour leurs stages», commente-t-il. Cette adhésion a permis à Ghassan Yammine de rencontrer d’autres directeurs d’école de musique. Parmi les dizaines de courriers qu’il a reçus depuis, le Conservatoire de Lyon lui propose de lui envoyer un élève intéressé par la direction d’orchestre, qui n’aura qu’à payer son inscription, le reste des frais étant entièrement pris en charge par le Conservatoire. L’avantage de l’enseignement que propose Ghassan Yammine, c’est l’attention constante qu’il porte aux choix des professeurs, à la sélection de ses élèves et aux méthodes appliquées. Pas question d’amateurisme ou d’apprentissage à l’aveuglette. Car c’est en observant les autres formations que le musicien a voulu créer son école : «Les matières et les programmes étaient très dépassés, et il n’y avait aucun cours pour les plus jeunes», raconte-t-il. Il s’installe en 1994 à Beit Chabab, où il ouvre sa première branche, avec 7 professeurs et lui-même. Ses leçons de pédagogie musicale pour les 3-6 ans sont parmi les plus prisées, ainsi que celles concernant l’écoute et l’analyse musicale, dont il est aujourd’hui encore en charge. Un pianiste pédagogue «Le plus difficile a été de trouver des professeurs de bon niveau. Par exemple, et contrairement à ce qu’on pourrait penser, j’ai eu beaucoup de mal à trouver un bon pianiste qui soit aussi un bon pédagogue», affirme-t-il. «Ce sont les rencontres fortuites qui ont été les plus heureuses». En 1996, l’école Ghassan Yammine ouvre une seconde branche à Sodeco : «En 7 ans, le nombre de professeurs est passé à 25 et le nombre d’élèves, de 800 à 200». Ce système sélectif, basé sur des examens et des avertissements si l’élève n’atteint pas le niveau demandé, permet à l’école de ne garder que les meilleurs éléments, autrement dit les plus passionnés. En 1998, l’école inaugure 2 nouveaux départements : moderne (jazz, blues, pop music, etc.) et oriental, avec Charbel Rouhana comme professeur de oud (luth). Comme tout directeur d’école musicale, Ghassan Yammine rêve de pouvoir fonder son propre orchestre. Être membre d’une fédération étrangère devrait lui faciliter la tâche. • Beit Chabab : 04/980656, Sodeco : 01/202820. E-mail : edmgy@dm.net.lb