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Actualités - ANALYSE

Législatives - L'avant et l'après-Taëf L'enthousiasme pour les élections a sensiblement baissé

Un politicien chevronné estime que les élections d’avant-guerre avaient une tout autre saveur que celles d’aujourd’hui, à tout le moins au niveau de la compétition entre les listes rivales. L’opposition avait en effet une orientation politique bien déterminée à laquelle adhéraient un certain nombre de partisans. La majorité au pouvoir avait aussi ses sympathisants et, en fonction de l’intégrité de l’opération électorale, les résultats garantissaient généralement une configuration démocratique normale, en l’occurrence : une majorité au pouvoir et une minorité dans l’opposition. À l’époque, l’enjeu de la bataille était plus ambitieux et ne consistait pas seulement à obtenir un siège au Parlement. En effet, les différents courants et partis politiques en lice ambitionnaient de prendre le contrôle de la majorité et donc celui du pouvoir exécutif. D’autre part, dans certaines circonscriptions électorales, les listes de coalition se constituaient sur la base d’un programme commun face aux listes rivales. Ce même politicien chevronné cite dans ce cadre l’exemple des législatives de 1943 qui avaient opposé le Bloc national au Destour. En 1947, les mêmes protagonistes s’étaient livré une bataille acharnée et le scrutin avait alors été falsifié en vue de garantir la majorité parlementaire permettant le renouvellement du mandat présidentiel de cheikh Béchara el-Khoury. En 1951, le résultat des élections à Beyrouth avait représenté un tournant majeur dans la vie politique libanaise puisque Pierre Eddé, candidat de l’opposition, avait alors remporté la victoire contre Pierre Gemayel, qui, lui, jouissait de l’appui des forces loyalistes. De fait, ce triomphe de l’opposition préfigurait déjà le déclin de l’influence du Destour et l’accession de Camille Chamoun à la présidence de la République. À peine élu, celui-ci a promulgué une loi réduisant le nombre des députés à 44 et divisant le pays en 33 petites circonscriptions. C’est sur cette base que se sont déroulées les législatives de 1953, avec pour principaux protagonistes, le courant chamouniste et celui du Destour. L’après-Taëf On se souvient aussi qu’en 1968, le parti Kataëb, le Bloc national et le Parti national libéral s’étaient alliés pour constituer le fameux «Helf» tripartite face aux listes du courant chéhabiste, le «Nahj». Cette coalition avait remporté une victoire écrasante dans le Mont-Liban et conduit, deux ans plus tard, Sleiman Frangié à la présidence de la République face au candidat chéhabiste de l’époque, Élias Sarkis. Enfin, des élections de 1976 avait émané une Chambre de députés qui, tout au long de la guerre, a prorogé son mandat tous les quatre ans. À partir de 1992, c’est à l’ombre de la Constitution de Taëf que les élections ont eu lieu. Depuis, l’électorat a manifesté beaucoup moins d’enthousiasme pour un scrutin qui désormais n’opposait plus deux courants politiques, mais des listes rivales bénéficiant toutes du soutien plus ou moins égal d’une force régionale. On ne votait donc plus pour des programmes politiques mais pour des considérations locales étriquées, pour des candidats susceptibles de servir l’intérêt de l’électeur. Par conséquent, les opposants n’avaient plus aucune chance d’accéder à l’Assemblée nationale puisqu’ils refusaient de se placer sous la tutelle étrangère. D’où l’appel au boycott des législatives en 1992… Quatre ans plus tard, d’aucuns parmi ceux-là en ont pris leur parti et ont décidé de se présenter aux élections sous prétexte de réalisme politique. En tout état de cause, il est évident que les résultats du scrutin de cet été ne seront pas très différents de ceux de 96 ; au point qu’on peut d’ores et déjà prédire un quasi-renouvellement du mandat de la Chambre actuelle par voie d’élections. Tout indique aussi qu’une telle situation ne suscitera que peu d’enthousiasme auprès d’un électorat qui n’est point dupe et qui sait fort bien que les résultats du scrutin sont connus d’avance.
Un politicien chevronné estime que les élections d’avant-guerre avaient une tout autre saveur que celles d’aujourd’hui, à tout le moins au niveau de la compétition entre les listes rivales. L’opposition avait en effet une orientation politique bien déterminée à laquelle adhéraient un certain nombre de partisans. La majorité au pouvoir avait aussi ses sympathisants et,...