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Actualités - REPORTAGES

Des technologies nouvelles et incontournables (photos)

L’imprimerie de Gutenberg vient de subir ses révolutions technologiques, comme tant d’autres secteurs économiques. Aujourd’hui, il ne suffit plus d’une presse et d’un massicot pour se proclamer imprimeur. Il faut un parc d’ordinateurs dernier cri, des machines valant des millions de dollars mais aussi le savoir-faire qui les accompagne. Des défis que les imprimeurs libanais semblent relever avec succès... Elles envahissent toutes les formes d’industrie. Elles deviennent un élément inévitable pour qui veut réussir et s’imposer sur un marché concurrentiel. Elles, ce sont ces nouvelles technologies, dont tout le monde aime parler. En matière d’imprimerie, elles ont pris depuis 10 ans une importance prépondérante. Et presque une domination sur l’homme. Est-ce l’homme qui devient dépendant de la machine, ou bien celle-ci reste-elle une alliée en retrait du savoir-faire humain ? Une réponse intelligente se situe en réalité quelque part entre les deux. Machines v/s savoir-faire «En 10 jours, on peut devenir imprimeur, il suffit d’avoir la mise de fonds suffisante au départ, et voilà !», ironise Gihad A. Achkar, directeur d’Anis Commercial Printing Press. La caricature est facile, et finalement pas si éloignée de la réalité. « Aujourd’hui, les machines disponibles sur le marché sont “full automatic”, poursuit-il. Il n’existe plus de maître imprimeur comme par le passé». «Avoir une bonne machine, c’est bien, mais cela ne suffit pas, déclare Carl Kourani, propriétaire des Imprimeries de l’Annonce. Pour obtenir une qualité haut de gamme, il faut une bonne machine, c’est vrai, mais aussi une bonne sélection de couleurs, un bon papier, un bon conducteur de machine et de l’encre de qualité». Georges Chemaly, de chez Chemaly & Chemaly, semble d’accord : «La technologie est certes essentielle, mais il faut tout de même savoir quand appuyer sur le bouton ! Seul le savoir-faire de nombreuses années d’expérience garantit alors le résultat». De plus, l’aspect créatif de l’impression demande aux professionnels un œil expert. Élie Raphaël, directeur général d’Arab Printing Press, remarque que «les nouvelles technologies ont rendu les professionnels moins dépendants de ce qui est manuel, mais plus dépendants de ce qui touche au goût. La différence se fait, vis-à-vis de la concurrence régionale, au niveau du savoir-faire et du professionnalisme. Les Libanais se distinguent, car ils ont un background artistique, et pas seulement financier». Le seul bémol apporté à ce tableau optimiste émane de certains confrères comme Joseph Raïdy de Raïdy Printing Press, qui n’est pas encore tout à fait satisfait de l’adéquation homme/machine : «À l’heure actuelle, les machines et l’ordinateur permettent un travail de bonne qualité. Je pense que nous avons la technologie des machines, mais pas encore l’éducation qui va avec». Un compromis «savoir-faire et technologie» semble tout de même être la recette adoptée par les professionnels. Dans ce cas de figure, Mansour Chelala, PDG de Scope, regarde les quelques années écoulées: «Quand je suis rentré de France en 1991, j’ai modernisé les méthodes de travail de mon père, puisque j’étais informaticien. Nous avons donc uni nos compétences pour réussir». Des investissements colossaux «Nous parlons d’industrie, pas d’artisanat ! s’exclame Joseph Raïdy. Pour avoir une imprimerie normale, il faut une mise de fonds de 5 millions de dollars. L’évolution technologique a été très rapide. Les méthodes traditionnelles ne sont plus utilisées. L’imprimerie est une industrie lourde, plus propre et qui a recours à l’informatique, même dans son aspect artistique. L’évolution technologique a permis de concentrer les différentes étapes du métier en une seule. Nous ne pouvons donc répondre aux besoins d’une production et de marchés de plus en plus grands». Pour devenir compétitifs, les professionnels ont donc été obligés de se plier à cette course à l’équipement. En Europe, les imprimeurs revendent leurs machines au bout de deux ans, pour qu’elles n’aient pas trop perdu de leur valeur et pour pouvoir acheter la dernière sortie sur le marché. Au Liban, le marché ne permet pas encore de suivre ce rythme. «Nous devons toujours rester en tête du marché. Pour cela, nous sommes équipés d’une Roland 700 (4 couleurs), d’origine allemande, annonce Gihad A. Achkar. Il nous faudra environ 4 ans pour amortir cet investissement et passer à autre chose». Analyse identique chez Arab Printing Press où Élie Raphaël remarque qu’il lui faudra «3 à 5 ans pour amortir sa Roland 700 (1,5 million de dollars). Début 1999, nous avons également acheté une KBA 8 couleurs (2,5 millions de dollars), qui nous permet de suivre la demande de la clientèle : les temps d’impression sont raccourcis, et la qualité est améliorée». Dans la même optique, Chemaly & Chemaly a fait le choix pour convaincre ses clients d’une infrastructure importante (un investissement de 7 millions de dollars pour les machines, le terrain et le bâtiment) et d’un équipement tous azimuts : «Nous avons importé une première machine 8 couleurs Heidelberg, et nous attendons la seconde bientôt. Cet outil demande une autre conception de travail, car on imprime simultanément le recto et le verso du papier. Nous n’avons alors plus le droit à l’erreur. La politique de l’entreprise est de doubler chaque machine, pour être sûr, en cas de défaillance, de livrer les clients». D’autres hésitent à se lancer dans des investissements trop lourds, voyant que le marché ne permettra pas de l’amortir : «La technologie en Europe est plus rentable, constate Carl Kourani. Pour l’impression d’affiches, ils n’utilisent plus les films 4 couleurs, mais passent directement de l’ordinateur à la plaque laser. Importer la machine adéquate (valant 9 millions de dollars) ne serait pas raisonnable». La guerre des prix Évidemment, ces investissements d’ordre technologique se répercutent sur le prix de revient des marchandises. Aujourd’hui, les professionnels proposent quasiment tous les mêmes services, les mêmes délais de livraison. «La différence se fait sur les prix, remarque Mansour Chelala. Tous les imprimeurs sont plus ou moins capables de faire tout. Les clients demandent des devis pour avoir le meilleur prix, ce qui mène logiquement à une guerre des prix. Mais il faudrait vraiment arrêter de nous battre aveuglément, en communiquant entre nous». Plus alarmiste, Élie Raphaël s’inquiète de voir des concurrents proposer des prix «cassés» : «Cette concurrence devient inadmissible. Beaucoup d’imprimeurs n’ont pas d’expérience. Ils sont travailleurs mais sans qualification, dans le domaine de la gestion surtout. Avec un volume d’affaires grandissant, cela va se retourner contre eux. Il faut une bonne gestion, basée sur l’étude des coûts, ce que nombre d’imprimeries ne peuvent pas assumer». D’une manière générale, la situation se résume assez bien : «Évidemment qu’une guerre des prix existe, démontre Joseph Raïdy, il y a beaucoup de concurrence, et le marché ne supporte pas le nombre d’imprimeurs. C’est un schéma tout à fait classique».
L’imprimerie de Gutenberg vient de subir ses révolutions technologiques, comme tant d’autres secteurs économiques. Aujourd’hui, il ne suffit plus d’une presse et d’un massicot pour se proclamer imprimeur. Il faut un parc d’ordinateurs dernier cri, des machines valant des millions de dollars mais aussi le savoir-faire qui les accompagne. Des défis que les imprimeurs...