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Actualités - ANALYSE

Ligue arabe - Qu'est-ce qui pourrait donner à réfléchir à Israël ? Points forts et limites d'une réunion des pays frères

Que doit attendre le Liban de la réunion extraordinaire du conseil de la Ligue arabe, au niveau des ministres des Affaires étrangères, les 11 et 12 mars ? La question mérite d’être posée, à la lumière des possibilités concrètes des pays arabes et des leçons du passé. La question se pose aussi, car l’effet dissuasif de la visite du président égyptien Hosni Moubarak pourrait s’affaiblir dans quelques semaines, ce qui pourrait encourager Israël à reprendre ses agressions sans vergogne sur l’infrastructure au Liban, ou attaquer des objectifs civils, dans l’esprit des menaces gratuites lancées par le ministre israélien des Affaires étrangères. À moins que l’effet Moubarak soit gonflé par une nouvelle manifestation de solidarité arabe, qui se traduirait concrètement. Pour mettre toutes les chances du côté de la réunion du conseil de la Ligue, des concertations sont en cours pour définir l’ordre du jour de cette réunion. Le chef du gouvernement en a parlé au téléphone avec le ministre syrien des Affaires étrangères Farouk el-Chareh, ainsi qu’avec d’autres responsables arabes. L’agression israélienne figure en tête de cet ordre du jour, bien entendu. La concomitance des volets libanais et syrien des pourparlers en vue d’un règlement régional va aussi de soi. Mais va-t-on parler, comme il serait normal de le faire, du volet palestinien ? Et un tel sujet ne risque-t-il pas de provoquer des divisions peu souhaitables en ce moment, entre les divers pays arabes, et de compromettre l’effet d’unanimité. La question se pose et n’a toujours pas reçu de réponse. Le retrait israélien jusqu’aux frontières du 4 juin 67, ou l’application de la résolution 425 de l’Onu ne font pas problème, en effet. Mais la mise en œuvre des accords d’Oslo et de Charm el-Cheikh n’a pas l’effet mobilisateur des deux premiers points. Au contraire, elle pourrait avoir un effet opposé, étant fortement contestée par certains pays et organisations arabes et islamiques étroitement impliquées par un règlement de paix. Même sur le premier point de l’ordre du jour, on est en droit de se demander ce qui pourrait émaner de si important du conseil de la Ligue arabe, qui ferait réfléchir par deux fois Israël, avant de se lancer dans une nouvelle aventure au Liban ? Va-t-on recommander un sommet arabe restreint ou s’en remettre une fois de plus aux gouvernements arabes pour décider d’un suivi à donner à quelques résolutions platoniques ? Selon un ancien ministre, la tenue du conseil de la Ligue arabe au Liban aura certainement un effet mobilisateur sur le plan moral et politique. Il montrera avec éclat que le Liban bénéficie de l’appui politique et économique du monde arabe, et que la solidarité arabe lui offre une certaine protection. Mais ce sont là, à la fois, les points forts de la réunion et ses limites. Le secrétaire général de la Ligue, Esmat Abdel Meguid, a proposé la création d’une caisse d’appui au Liban. Mais le Liban n’a pas oublié les leçons du passé, où des décisions semblables sont restées lettre morte, et ne saurait placer son espoir dans un geste hypothétique. Va-t-on proposer de ressusciter le pacte de défense commune qui a existé, naguère, entre les pays membres de la Ligue arabe ? Mais les temps ont changé, et le fait que des pays arabes ont signé des traités de paix avec Israël prive cette proposition de toute crédibilité. Va-t-on décider la rupture, ou au moins le gel, des relations diplomatiques avec Israël ? Le président Moubarak a répondu à l’avance, par la négative, à une telle demande, soulignant que la diplomatie est «une arme» aux maisons de l’Égypte, pour défendre les Arabes, et que s’en priver revient à dépouiller l’Égypte d’un terrain de dialogue et d’intervention, sans rien offrir en contrepartie. Se dirigera-t-on vers une décision de reprise du boycottage économique d’Israël ? Même là, il y a peu à espérer, tellement le processus de normalisation engagé par certains pays arabes avec Israël est avancé. Une telle recommandation risque fort de se heurter à l’obstacle de son approbation par les gouvernements arabes respectifs, qui sera beaucoup plus difficile à obtenir. Si toutes ces perspectives sont à l’avance déclarées impropres, que reste-t-il à faire ? Pour certains analystes, l’appui politique apporté au Liban sous la forme actuelle pourrait bien se voir doublé d’un appui militaire, qui se traduirait par une présence sur le terrain, au cas où Israël récidive. Si ces avertissements arabes sont ignorés, ou minimisés, et qu’Israël se livre à une nouvelle agression contre le Liban, le monde arabe n’aura d’autre choix que de se mobiliser. Un sommet arabe restreint se réunirait donc, et la décision nécessaire devra être prise et Israël sommé de choisir. Va-t-on donc vers une nouvelle guerre israélo-arabe ? Si oui, c’est Israël qui en assumerait entièrement la responsabilité, car on ne voit pas de quels droits supplémentaires les Arabes peuvent encore se désister au profit de l’État hébreu ?
Que doit attendre le Liban de la réunion extraordinaire du conseil de la Ligue arabe, au niveau des ministres des Affaires étrangères, les 11 et 12 mars ? La question mérite d’être posée, à la lumière des possibilités concrètes des pays arabes et des leçons du passé. La question se pose aussi, car l’effet dissuasif de la visite du président égyptien Hosni Moubarak...