Liban-Sud - Israël empêche des centaines de pêcheurs de prendre la mer à Tyr Intenses efforts de la France pour réunir le comité de surveillance (photos)

L’ambassadeur de France Philippe Lecourtier a annoncé hier que son pays déployait de grands efforts pour réunir le comité international de surveillance pour le Liban-Sud, alors que sur le terrain la situation demeurait tendue après notamment le pilonnage par la marine israélienne du littoral de la région de Tyr, qui a empêché des centaines de pêcheurs de prendre la mer. Le gouvernement et la diplomatie française déploient tous les efforts possibles pour convaincre toutes les parties de se réunir à nouveau à Naqoura, a déclaré M. Lecourtier à la presse à l’issue d’un entretien avec le ministre de l’Information, Anouar el-Khalil. Naturellement, a souligné l’ambassadeur, la reprise des réunions du comité de surveillance, chargé de veiller au respect des arrangements d’avril, ne suffira pas pour mener les pays de la région à la paix, mais il s’agit selon lui d’un pas essentiel dans cette direction. La question fondamentale est le retour à la table des négociations et cela est au cœur des préoccupations de la France, a-t-il dit. À la question de savoir si Paris exerçait des pressions pour réunir les membres du comité de surveillance, il a indiqué que cette question était soulevée dans toutes les démarches entreprises par la diplomatie française avec les parties concernées et que les efforts étaient menés en coordination totale avec les Américains. À la suite des raids aériens israéliens du 8 février, Washington, qui préside actuellement le comité de surveillance, avait réussi trois jours plus tard à réunir le groupe pour examiner ces développements, mais la délégation de l’État hébreu a suspendu sa participation en pleine réunion à l’annonce de la mort d’un soldat israélien tué dans une attaque du Hezbollah dans la zone occupée au Liban-Sud. Le sommet de la francophonie Sur un autre plan, M. Lecourtier a profité de l’occasion pour rappeler que le Liban doit accueillir en octobre 2001 le sommet de la francophonie. Cet événement devrait illustrer, selon lui, le retour du Liban sur la scène internationale. Par ailleurs, à l’issue d’une visite de courtoisie chez l’ancien chef du gouvernement Omar Karamé, l’ambassadeur de France a estimé que les perspectives d’avenir du Liban étaient moins inquiétantes qu’on ne le dit. Pour lui, Beyrouth est capable de recouvrer son rôle central dans la région après l’instauration de la paix. Pour sa part, M. Karamé a souligné que l’attitude de la France à l’égard du Liban n’était pas «surprenante», étant donné les liens «très forts» qui unissent les deux pays. La France, a-t-il ajouté, est «un pays de grands principes». La situation sur le terrain Pour ce qui est des développements au Liban-Sud, la marine israélienne a pilonné pendant une heure, à partir de 05h00 locales, les côtes de la région de Tyr alors que quatre de ses vedettes patrouillaient dans les eaux territoriales libanaises. Aucune victime n’a été signalée. Le président de l’Association des pêcheurs de Tyr, Khalil Taha, a déploré que le pilonnage israélien du littoral «affecte le gagne-pain de milliers de familles vivant de la pêche». Dans une déclaration à la presse, il a appelé le gouvernement «à agir rapidement pour mettre fin à cette violation flagrante des arrangements d’avril 1996». Craignant des infiltrations en Israël par voie de mer, la marine israélienne se livre périodiquement à des actes d’intimidation envers les pêcheurs libanais. En outre, l’artillerie israélienne a tiré à l’arme lourde hier à partir de la zone occupée en direction du village de Chakra, faisant face au secteur central de la zone occupée, endommageant trois maisons et un véhicule de la municipalité, selon la police. L’aviation israélienne a de son côté crevé le mur du son au-dessus de Baalbeck, pour la première fois depuis les raids du 8 février. Par ailleurs, dans la foulée des manifestations antiaméricaines qui ont eu lieu ces derniers jours à Beyrouth et près du siège de l’ambassade des États-Unis à Awkar, des écoliers ont organisé hier des mouvements de protestation similaires à Nabatiyé, réclamant notamment l’expulsion de l’ambassadeur américain et brûlant des drapeaux israéliens.