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Actualités - ANALYSE

Dossier régional - Guerre des nerfs entre la Syrie et Israël L'initiative appartient plus que jamais à Washington

Repartis apparemment du mauvais pied, ou à tout le moins sur un malentendu, les pourparlers syro-israéliens se sont retrouvés bloqués au bout de deux rounds. Ce grippage met en relief le facteur temps, sur lequel la Syrie semble miser, comme le lui conseille ce fin renard de Dear Henry (Kissinger), dans un essai intitulé «Le temps moyennant la paix», par allusion à la devise de la conférence de Madrid «La terre moyennant la paix». En temporisant, la diplomatie syrienne en déroute plus d’un. On pensait en effet que Damas était, dans l’affaire, au moins aussi pressé que Clinton. Cela pour de multiples raisons intérieures, dont la question de la succession. C’est ce que croyait Barak qui, comme la plupart de ses prédécesseurs, semble avoir mal déchiffré les intentions syriennes. D’une manière générale, les dirigeants israéliens ont construit leur politique par rapport à la Syrie en fonction de la hâte qu’ils lui attribuaient. Ils supposaient que cela l’amènerait à faire des concessions pour obtenir un accord de paix. Et ils croyaient pouvoir jouer sur cette fibre, en atermoyant eux-mêmes. La plupart des fois, les gouvernants israéliens sont ainsi entrés dans le mur : la Syrie n’a jamais fléchi. Bien au contraire, elle durcit ses positions quand on tente de la soumettre à une pression accentuée. On se rappelle ainsi comment elle avait su rétablir la situation dans les deux années suivant l’invasion israélienne du Liban en 1982. Aujourd’hui, la Syrie, non seulement exige la restitution de tout le Golan, mais aussi l’éviction de toute trace des colons israéliens implantés dans ce plateau. Cependant, le coup d’arrêt actuel du processus ne serait, de l’avis d’un diplomate occidental, «qu’un nuage passager». Ce technicien estime que «les pourparlers vont sans doute reprendre dans les délais qui conviennent aux Américains. Pour la bonne raison que ces derniers ne plaisantent pas et ne vont pas permettre l’effritement de l’opération de paix. D’ailleurs, il y a à ce sujet un large consensus international et les conséquences seraient graves pour la partie qui se rendrait responsable d’obstructionnisme. Netanyahu a essayé, et il a sauté». Cette personnalité ne partage pas l’avis de Kissinger au sujet du facteur temps «qui, dit-elle, n’est pas plus important objectivement pour une partie que pour une autre. Dès lors, il est probable que le retard enregistré actuellement n’est pas le produit d’un conflit sur le fond, mais de besoins d’ordre pratique. Il faut en effet que les Israéliens et les Syriens trouvent un scénario convaincant, parce qu’ils ont une opinion publique à ménager. Et puis, il faut gagner un peu de temps pour se mettre d’accord en coulisses sur le tracé de la frontière dite du 4 juin 1967. De même, la pause est sans doute mise à profit pour des tractations diplomatiques discrètes sur le contenu concret du terme “normalisation”. En outre, on peut raisonnablement penser que les parties concernées attendent de voir quel courant va l’emporter aux législatives iraniennes, les réformateurs ou les conservateurs. Cette échéance a son impact en effet sur les choix stratégiques et tactiques syriens, Damas tenant à son alliance organique avec Téhéran. Si les radicaux devaient l’emporter en Iran, il y a fort à parier que la Syrie prendrait encore plus de temps pour signer». Une autre raison du retard, estime ce diplomate occidental, relèverait des calculs électoraux des démocrates américains. Clinton veut, certes, que la paix se fasse sous son mandat et, dès lors, il est pressé. «Mais tout est relatif, souligne cette personnalité, car il faut que l’événement historique que constituerait la cérémonie de signature à la Maison-Blanche intervienne au moment qui serve le mieux les intérêts du candidat démocrate, qui devrait être le vice-président Al Gore. Il faut donc que cela ne soit ni trop tôt ni trop tard. En pratique, pas pendant les primaires ni après la clôture de la campagne». «En tout cas, répète en conclusion le diplomate occidental, le temps presse également pour tout le monde. Clinton pour ses élections ; Damas pour des raisons intérieures ; et Barak, parce qu’il a promis à ses soldats, et à leurs mères, un retrait du Liban-Sud avant juillet prochain».
Repartis apparemment du mauvais pied, ou à tout le moins sur un malentendu, les pourparlers syro-israéliens se sont retrouvés bloqués au bout de deux rounds. Ce grippage met en relief le facteur temps, sur lequel la Syrie semble miser, comme le lui conseille ce fin renard de Dear Henry (Kissinger), dans un essai intitulé «Le temps moyennant la paix», par allusion à la devise de...