Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGES

Correspondance "La maîtresse" de Victoria Griffin Radioscopie de l'autre femme

Sortir de soi, sortir de l’ombre «l’autre femme» , celle que l’on rencontre en cachette, de cinq à sept ou à d’autres heures, celle qui constitue la double vie... Telle est la tâche que s’est assignée l’écrivain et poète britannique, Victoria Griffin, qui vient de publier un livre intitulé La maîtresse : mythes et interprétations de l’autre femme. Sans susciter une controverse, l’ouvrage retient l’attention aux États-Unis, car il contient à la fois des références historiques, des analyses, des interviews et des réminiscences personnelles. En effet, l’auteur a expérimenté elle-même cette situation pour avoir eu une liaison avec un financier britannique marié. Elle a voulu rédiger ce livre, d’abord pour effectuer une introspection, puis pour sonder ce rôle dans ses dimensions culturelles et historiques. Un processus qu’elle juge salutaire car, dit-elle, «tant qu’il y aura mariage, il y aura des maîtresses». Se référant au légendaire arrangement conclu entre les hommes et les femmes, sous une forme ou une autre, à travers les siècles, elle remonte jusqu’aux figures emblématiques de Héra (ou la grandeur maternelle) et Aphrodite (l’amour et la passion) pou évaluer les métamorphoses du rôle de la maîtresse à travers le temps et jusqu’à la fin du 20e siècle. Ni repentante ni apologétique Victoria Griffin ne veut pas choquer. Elle ne veut pas non plus jouer les repentantes ou les apologétiques. Elle veut évoquer une situation de fait que, généralement, on préfère éluder. De la littérature de l’adultère qu’elle a approfondie, se dégagent deux forces en conflit : d’un côté l’épouse conventionnelle, source d’ennui, et, de l’autre la maîtresse passionnée et dangereuse. Pour sa part, Griffin perçoit une autre dichotomie dans la personnalité même de la maîtresse: d’un côté un sentiment de supériorité, spécialement vis-à- vis de «la femme» et, de l’autre, un manque de confiance en elle-même qui se traduit par le besoin d’être liée à un homme respecté, quitte à vivre une relation à mi-temps. Elle définit ainsi «la maîtresse la plus heureuse» : «C’est celle qui ne pratique pas l’amour- possession et qui, par conséquent, n’est pas une menace pour “la femme”. Certes chacun est libre de ses choix mais les féministes ne peuvent pas cautionner ce genre de liberté acquise au détriment d’une autre femme. De même qu’il leur est difficile d’accepter que seul l’homme dicte les règles du jeu. Cela n’est cependant pas toujours le cas. Pour preuve, les portraits qu’elle trace de ces femmes créatives et anticonventionnelles (notamment Jean Rhys et Rebecca West) qui défient l’image de la maîtresse en éternelle attente. «En fait», précise-t-elle, «les passions et les relations sont bien plus complexes». Elle se demande aussi comment dans ce contexte, la société continue à considérer l’infidélité conjugale comme une aberration, alors qu’elle a existé de tout temps. Qui ne connaît les maîtresses politiques, les maîtresses des peintres et des écrivains : des déesses aux courtisanes des rois et plus près de nous de Camille Claudel à Monica Lewinsky, de Mme de Pompadour à Simone de Beauvoir, de George Eliot à Paméla Harriman. Certains aiment fermer les yeux sur ce sujet. Victoria Griffin ne craint pas de les ouvrir tout grand pour regarder bien en face une manière de vivre différente. C’est-à-dire le refus ou tout simplement l’inhabilité de se conformer aux normes sociales mais aussi un engagement amoureux entier qui résiste à tout désir de possession. Une radioscopie délicate du statut de «maîtresse» qui continue à mettre mal à l’aise celles qui l’assument et ainsi que tout leur environnement et qui échappe à l’adage «autres temps, autres mœurs».
Sortir de soi, sortir de l’ombre «l’autre femme» , celle que l’on rencontre en cachette, de cinq à sept ou à d’autres heures, celle qui constitue la double vie... Telle est la tâche que s’est assignée l’écrivain et poète britannique, Victoria Griffin, qui vient de publier un livre intitulé La maîtresse : mythes et interprétations de l’autre femme. Sans susciter...