De l'Italie au Liban et de Bkerké à Kharfay Saint Maron les pérégrinations d'une relique (photos)

Deux précieux morceaux du crâne de saint Maron conservés dans un reliquaire de cuivre couvert de feuilles d’argent reposent, depuis samedi, en l’église du couvent Saint-Jean Maron de Kfarhay (Batroun).L’installation des reliques s’est faite au cours d’une messe solennelle présidée par le patriarche Sfeir, en présence de Mgr Arduino Bertoldo, évêque de Foligno (Italie). Les reliques étaient conservées dans cette ville italienne depuis 400 ans, après avoir pérégriné d’Orient en Occident. Dans l’homélie prononcée en l’église de Kfarhay, pavoisée aux couleurs du Liban et du Vatican, le patriarche Sfeir a retracé dans ses grandes lignes l’itinéraire suivi par les ossements de l’éponyme de la communauté maronite. Sur la présence originelle de la relique à Kfarhay, la tradition veut que ce soit le premier patriarche maronite, saint Jean Maron (VIIe siècle), qui l’y ait amenée après la dévastation des nombreux couvents à Apamée (la Hama d’aujourd’hui), et en particulier le couvent Saint-Jean Maron, sur le fleuve Oronte, en Syrie. Le couvent et l’église Saint-Maron devaient être construits ensuite, en l’honneur de cette relique. Conservée au couvent Saint-Maron, siège alors du patriarcat maronite, les reliques, sous prétexte de l’insécurité régnante, devaient être transportées en Occident par le supérieur d’un ordre religieux occidental au cours du premier tiers du 12e siècle. Après un «court» séjour dans une paroisse italienne, la relique fut transférée dans une église dédiée à saint Mauro, où elle resta 3 siècles. Elle fut ensuite transférée vers la cathédrale de Foligno, où elle fut conservée près de 400 ans, avant de revenir aujourd’hui à Batroun, avec la bénédiction du Vatican, à l’occasion du jubilé de l’an 2000. Le patriarche a précisé que les ossements présumés de saint Maron, dont trois morceaux se trouvent toujours à la cathédrale de Foligno, ont été soumis à des expertises et que leur âge correspond à ce que nous savons de la vie de saint Maron. «Il est difficile de prouver scientifiquement que cette relique provient véritablement du corps de saint Maron», a ajouté le patriarche, «les chercheurs posent, sur la voie d’une telle certitude, de nombreux obstacles, et la foi ne saurait contredire la science. Mais la foi s’élève parfois au-dessus de la science et en bouscule les règles. Il nous reste donc à croire que cette relique est bien celle de saint Maron, en nous basant sur une tradition séculaire qui l’affirme, même si cette conviction n’est pas un article de foi dont la négation ferait de nous des hérétiques». La présence au Liban d’une relique du crâne de saint Maron est «cause d’espérance et de force», devait conclure le patriarche maronite.