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Actualités - BIOGRAPHIE

VIENT DE PARAÎTRE - « Deir el-Kamar au fil du temps », de Camille Ephrem el-Boustany Mémoires de la Cité des émirs

Un ouvrage volumineux, richement documenté, joliment relié, rédigé avec finesse, un savoir historique à toute épreuve et surtout jetant toute la lumière sur une des plus vieilles et des plus prestigieuses «cités» libanaises. Une vraie référence que ce livre capital sur une petite ville baignée de nostalgie, aux murs rappelant des souvenirs impérissables et de tortueuses ruelles dallées dominées par le grillage en fer de fenêtres ogivales. Là l’Histoire (avec un grand H) a gardé toute sa force, son éloquence et son éclat. Deir el-Kamar fi Sanaya el-Zaman (Deir el-Kamar au fil des ans ou dans les replis du temps) de Dr Camille Ephrem el-Boustany (695 pages) est déjà en devanture des librairies pour la rentrée. En exergue, on lit ces lignes éclairantes, certes lyriques, mais qui n’en sont pas moins une authentique réalité : «Temple cananéen phénicien, autel romain, monastère des hommes voués à Dieu, point de rencontre chrétien, lieu de pèlerinage, observatoire des Croisés. Résidence des princes, lieu d’inspiration des poètes, sanctuaire des martyrs. Scène politique, point de négoce international, phare de civilisation, site archéologique, berceau de nations, creuset des religions, moule de l’homme telle est Deir el-Kamar». Cité calme et rêveuse, Deir el-Kamar, avec ses superbes demeures ancestrales rehaussées par la patine du temps, l’originalité d’une architecture «arabotoscane» unique et le sourire de ses tuiles rouges, garde intacte sa part de magie secrète et de séduction absolue. Cachet singulier qu’elle cultive avec éclat et où l’on subit avec plaisir le charme mystérieux de ces élégants «mandalouns» aux rebords de fenêtres fleuries et de ces consoles en pierre de taille. Capitale du Liban durant quatre siècles et éternellement cœur battant du Chouf, du haut de ses 800 à 900 mètres d’altitude, Deir el-Kamar, pépinière d’hommes d’État, de lettres, de sciences, de loi, de militaires et d’artistes, est aujourd’hui plus que jamais une localité aux intérêts multiples qui s’assoupit un peu en hiver pour reprendre une vitalité nouvelle dès l’approche de la belle saison. Passant en revue toutes les facettes (sans en négliger aucune) de Deir el-Kamar, l’auteur remonte d’abord aux origines du nom de la ville et dissèque linguistiquement ce «Couvent de la Lune», traduction arabe d’un mot phénicien qui devait être «beit çahro-çar», «beit» désignant en langue sémite le lieu d’un culte et «çahro-çar» désignant la lune. Et plus proche de nous est la naissance «moderne» de cette ville sous la férule du père Abdallah Moarbès el-Bechraoui attesté par la représentation intacte, dans la façade de la vieille église de Saydet el-Tallé d’une croix surmontant une rosace et un croissant sculptés dans un bloc de pierre… Et affluent les pages concernant l’émirat libanais des Maan avec son cortège de gloire et de combats. La dynastie des Chéhab de Bechir I à Bechir III prend le relais et vient renflouer une histoire mouvementée, haute en couleurs et grouillante d’évènements majeurs qui ont marqué la localité et la région. Et se succèdent les coups de théâtre politiques, sociaux, les commotions civiles, les troubles et les revers mais à aucun moment l’espoir n’est totalement coupé. Non survol rapide mais étude fouillée d’une époque où l’on aboutit à «Hakimiyat Jabal Loubnan» avec les «pachas» se succédant et où se développe un authentique chantier de construction avec, en arrière fond d’une toile mouvante au gré des circonstances et des évènements, une industrie et un commerce florissants et tout en laissant à l’art, à la culture et à la littérature une place de choix. Et s’ouvrent les portes de la géhenne à l’ombre de Jamal Pacha et de la Mutassarifiya turque jusqu’à l’avènement du Grand-Liban et de sa République. On aborde alors les chapitres concernant la spiritualité et le sens de la tolérance et des multiples congrégations religieuses. Toute l’histoire du Liban est abordée par la lorgnette de la localité de Deir el-Kamar – et que de fois c’est elle qui a été ou suscité l’évènement – à travers des documents sérieux, rares et importants s’érigeant comme les authentiques mémoires d’une ville. Rédigé dans une langue arabe claire, ne manquant ni de lyrisme, ni d’objectivité, ni de simplicité, Deir el-Kamar fi Sanaya el-Zaman est un livre majeur sur une localité s’étalant en amphithéâtre et dont les demeures princières, par-delà le «midan», dominent une vallée bruissante de verdure et bercée par le chant des sources et des ruisseaux. Edgar DAVIDIAN
Un ouvrage volumineux, richement documenté, joliment relié, rédigé avec finesse, un savoir historique à toute épreuve et surtout jetant toute la lumière sur une des plus vieilles et des plus prestigieuses «cités» libanaises. Une vraie référence que ce livre capital sur une petite ville baignée de nostalgie, aux murs rappelant des souvenirs impérissables et de tortueuses...