Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Sceptique, l’opinion veut encore espérer

Un gouvernement pléthorique, au titre des échanges de bons procédés et de concessions mutuelles. Pour mieux consacrer cette règle du jeu unanimement décriée : le partage du gâteau. Mais dans l’ensemble, les Libanais, durement frappés par la crise, ne s’arrêtent pas trop aux comédies de scène et veulent espérer. En dépit de fortes présomptions défavorables, la population ne jugera pour de bon que sur pièces. Elle attend donc des réalisations, des résultats concrets. En accordant pour commencer une attention particulière à la déclaration ministérielle, au programme qu’elle devra détailler. Tout en se montrant sobre, car la récession et les périls d’ordre régional requièrent des actes bien plus que des paroles, pour prometteuses qu’elles soient. A priori, et en bonne logique, la déclaration ministérielle devrait reprendre les têtes de chapitre du plan divulgué par le courant haririen (dit «du Futur») à la veille des législatives. Cette étude globale avait été élaborée à travers des concertations tous azimuts englobant les différents secteurs de la société civile. Mais on ne peut oublier que le gouvernement mis en place est un pot-pourri, un amalgame de courants bigarrés. Ce qui peut signifier que ses membres ne voudront pas marcher comme un seul homme derrière le président du Conseil, ni adopter son plan, considéré comme reflétant les vues d’un seul courant. Il reste que les options haririennes de base serviraient quand même de plate-forme pour la rédaction de la déclaration ministérielle. Ces idées portent, rappelons-le, sur l’entente, la coexistence, la démocratie, l’abolition du confessionnalisme politique, la réforme administrative, les relations arabes, le redressement socio-économique, l’édification d’un État de droit, le rôle de la société civile et celui de l’éducation. Un vaste programme, comme on voit. Et l’on se demande dès à présent si le nouveau gouvernement a une espérance de vie assez étendue pour mener à bien tout ou partie de ces objectifs. Selon un ancien dirigeant, «il ne faut pas se tromper : même dans le système hérité de Taëf, qui ôte le pouvoir exécutif à la présidence de la République, un gouvernement ne peut pas réussir sans l’aide active du chef de l’État. Car il préside les séances du Conseil des ministres et signe les décrets. Plus exactement, un gouvernement ne peut aboutir à rien, aussi homogène et valable qu’il soit, sans une parfaite harmonie entre le président de la République et le président du Conseil. Ces deux pôles doivent travailler la main dans la main, en toute confiance mutuelle, sans chercher à se mettre des bâtons dans les roues. C’est là une condition sine qua non pour le sauvetage. Il est certain que les présidents Lahoud et Hariri en sont parfaitement conscients. Mais il n’est pas moins certain qu’il y a beaucoup de parties, proches de l’un ou de l’autre, qui vont s’employer à troubler leurs rapports et ils doivent beaucoup s’en méfier. L’intérêt du pays, comme du pouvoir lui-même, est que les deux têtes de l’Exécutif forment un tandem solide, indissociable. Comme aux premiers temps, cheikh Béchara et Riad bey». Mais c’était alors l’époque de l’indépendance et nul ne songeait à diviser pour régner. Émile KHOURY
Un gouvernement pléthorique, au titre des échanges de bons procédés et de concessions mutuelles. Pour mieux consacrer cette règle du jeu unanimement décriée : le partage du gâteau. Mais dans l’ensemble, les Libanais, durement frappés par la crise, ne s’arrêtent pas trop aux comédies de scène et veulent espérer. En dépit de fortes présomptions défavorables, la...