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Actualités - BIOGRAPHIE

PORTRAIT - Encourager les jeunes à participer à la vie politique Farid el-Khazen, député de Kesrouan-Jbeil, réalise un rêve d’enfant

Miser sur des valeurs sûres. Farid el-Khazen, le jeune député qui a réussi le meilleur score à Kesrouan-Jbeil lors des dernières législatives, mise sur des valeurs sûres : l’histoire d’une famille qui a géré le Kesrouan des siècles durant, la configuration du Mont-Liban comme base du pays, l’unité des chrétiens et l’importance de Bkerké. Farid el-Khazen n’énumère pas toutes ces idées avec lesquelles il a probablement grandi. Loin de là. Elles se devinent à travers des mots qu’il glisse ici et là, ses goûts littéraires, et sa façon d’évaluer la situation du Liban. Juste trente ans, Farid el-Khazen, appelé cheikh par ses proches et amis, a été élu secrétaire général du bureau de la Chambre. Tout petit déjà, Farid rêvait de «faire de la politique». Une affaire qui est venue naturellement… Son oncle Rouchaid occupait le siège de député du Kesrouan depuis 1992, et son père Haykal a remporté, en 1998, les municipales de Jounieh, «dans une bataille purement politique», souligne le nouveau député. Et, c’est dans le but d’occuper un poste public un jour qu’il a choisi de suivre des études de droit à l’Université Saint-Joseph et de les compléter ensuite par un DEA en diplomatie et en droit international. Lui qui aurait pu se consacrer entièrement à l’entreprise Elka, héritage de son père décédé en 1999, a préféré entamer une véritable carrière politique. Couronnée dès le début par 43 633 voix au Kesrouan et à Jbeil, dépassant ainsi tous les autres candidats aux législatives dans cette circonscription. Pour Khazen, un député devrait être avant tout à l’écoute des citoyens. «Dans ce domaine, on fait parfois le travail du gouvernement qui pourrait avoir des failles quelque part», note celui qui se souvient d’une expérience vécue à dix-huit ans, quand les agriculteurs de «la zone Est (chrétienne) du pays» ne pouvaient plus écouler leur récolte de pommes. Farid a donc mis en place une association, la Fédération libanaise agricole, et il s’est dirigé à la tête d’une délégation vers l’ambassade de Libye. «Nous avons réussi à vendre des pommes d’une valeur de six millions de dollars au gouvernement de Tripoli», indique-t-il. Farid el-Khazen, qui aspire également à être «au service de son pays», indique que le devoir du député est de «préserver la démocratie, la liberté, et les droits de l’homme». Parlons donc de ces valeurs. Pour Khazen, «elles sont partiellement respectées». «On pourrait parler d’une semi-démocratie», ajoute-t-il. Et d’expliquer que «les échéances démocratiques sont souvent entachées d’irrégularités». Le jeune député cite plusieurs exemples, «le découpage électoral façonné à la mesure de quelques-uns, et l’ingérence du pouvoir qui a soutenu certains candidats…». Ce qui tient le plus au cœur du jeune parlementaire ? L’environnement et la situation des personnes de son âge. «Il faudra inciter les jeunes à jouer un rôle dans la vie politique et publique», souligne-t-il. Dans ce cadre, il faudra par exemple revoir l’âge légal du vote, encourager les jeunes universitaires à agir et les autres (de leur âge) à former des rassemblements et des syndicats. Bref, «il faudra leur redonner confiance en ce pays». Pour lui, c’est aux jeunes qu’incombe la tâche de faire renaître et de développer le Liban. «Ils devraient avoir leur mot à dire, sentir qu’ils sont représentés au Parlement et au gouvernement, et qu’ils participent effectivement à la prise de décisions», dit Khazen. Et de souligner : «Le gouvernement devrait soutenir les jeunes au lieu de les décourager parfois». « Le Mont-Liban est à l’origine du pays » Le jeune étudiant qu’il était participait-il à la vie politique universitaire ? «Non, mais j’ai toujours eu des affinités avec les Forces libanaises», répond-t-il sans hésiter. Farid el-Khazen, l’enfant du Mont-Liban, clame haut et fort ses affinités et ses préférences politiques : Les Forces libanaises et le Parti national libéral. D’ailleurs, il se souvient admiratif du fondateur du parti «qui venait souvent chez nous». «Camille Chamoun, président de la République, chef du PNL et du Front libanais a toujours œuvré dans l’intérêt du Liban et pour l’unité nationale», indique-t-il. «De son vivant, les chrétiens ne se sont pas entretués», poursuit-il avec un soupçon d’amertume. Le jeune parlementaire poursuit son discours politique. Il appelle à la «la libération de Samir Geagea et au retour de Michel Aoun». La présence syrienne au Liban, c’est dans un cadre régional qu’il la conçoit. «La situation du Moyen-Orient détermine les relations libano-syriennes. Avec la menace israélienne qui pèse sur la région, la relation – amicale – avec la Syrie devrait revêtir un caractère stratégique», dit-il. Et Bkerké dans tout ça ? «C’est notre devoir de soutenir Bkerké, car le siège du patriarcat maronite a toujours œuvré pour l’intérêt national de tous les Libanais «, indique Khazen. C’est sans fioritures que le jeune parlementaire s’exprime. Cette simplicité se traduit également dans ses goûts. Farid apprécie les sports de plein air, le jogging, la natation, le tennis et le ski. Il aime «surtout se reposer au bord de la mer, regarder la grande bleue, la contempler, la sentir» et «le feu de cheminée». Cinéphile, il a pour long métrage préféré Le nom de la rose «avec Sean Connery», précise-t-il. Il estime que Pablo Picasso est «extraordinaire». L’enfant du Mont-Liban aime les chansons de Feirouz et la musique des Rahbani. Le Rocher de Tanios d’Amine Maalouf est son livre de chevet. Pourquoi ? «Parce qu’il dépeint le Liban du XIXe siècle, j’ai toujours aimé connaître le pays au siècle précédent», indique Farid. Et d’ajouter : «À cette époque, le Mont-Liban tenait le haut du pavé, d’ailleurs cette région n’est-elle pas à l’origine du Liban ?». Farid el-Khazen mise sur des valeurs sûres ou rassurantes. Aîné d’une famille de six enfants, le jeune parlementaire a installé son bureau au rez-de-chaussé du domicile de son oncle Rouchaid ancien député du Kesrouan. Dans son office trône l’emblème de la famille Khazen, les portraits de ses frères et sœurs, de sa mère et de son père disparu. S’il a débuté sa carrière politique en remportant le plus de voix à Kesroaun-Jbeil aux législatives de l’an 2000, quelles seront les autres étapes qui marqueront son chemin professionnel : président de la République ? ministre ? Farid el-Khazen est étonné de la question. «Je ne pense pas de cette façon…Tout ce que je veux c’est servir le pays». Au Parlement, Farid el-Khazen œuvrera surtout avec ses colistiers Farès Boueiz et Abbas Hachem (Jbeil). Un bloc de jeunes députés sera probablement formé. Patricia KHODER
Miser sur des valeurs sûres. Farid el-Khazen, le jeune député qui a réussi le meilleur score à Kesrouan-Jbeil lors des dernières législatives, mise sur des valeurs sûres : l’histoire d’une famille qui a géré le Kesrouan des siècles durant, la configuration du Mont-Liban comme base du pays, l’unité des chrétiens et l’importance de Bkerké. Farid el-Khazen...