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Actualités - ANALYSE

Un travail de préparation multilatéral rondement mené

Le chef de l’État a vu longuement au Caire son homologue syrien ; Rafic Hariri s’est rendu à Anjar auprès du chef des renseignements syriens au Liban, avant de conférer à Koraytem avec le directeur de la Sûreté générale, qui lui-même était aux côtés du président de la République dans la capitale égyptienne. Et avec cela, certains loyalistes qui portent apparemment une vénération toute particulière à la crédulité du bon public libanais, affirment que «le report des consultations n’avait pas pour but occulte de tenter d’évincer M. Rafic Hariri, ou de lui imposer une formule préparée avec les Syriens. Ce renvoi, que les textes n’interdisent pas, s’explique uniquement par un problème de calendrier». Sur ce point précis, la controverse est dépassée par l’actualité. Par ailleurs, selon l’aveu embarrassé des loyalistes comme des néoloyalistes, «les circonstances régionales ne permettent toujours pas la mise sur pied d’un Cabinet d’union nationale, récupérant les Kataëb du président Gemayel, le PNL, le Bloc national, les FL et les aounistes». Sous le même prétexte, ces mêmes sources confirment qu’il n’est pas question«d’un gouvernement exclusivement formé de leaders de premier plan». Le fait est qu’une telle option, qui aurait été adéquate vu la gravité même de la situation, n’est décemment pas possible quand il s’agit de continuer à tenir à l’écart le camp chrétien. Toujours est-il que les loyalistes triomphent alors que les néoloyalistes déchantent : de tous côtés on répétait hier que M. Hariri n’aurait pas carte blanche pour former une équipe à sa guise. Cela semblait un fait acquis, à la lumière justement des contacts avec les décideurs. On murmurait partout que le milliardaire ne serait pas en mesure de prendre dans son gouvernement certaines figures maronites qui, à tort ou à raison, sont considérées comme de trop fortes personnalités politiques, alors même qu’elles ne relèvent d’aucune formation radicale. On citait ainsi, parmi les noms des potentiellement éliminés et à titre d’exemples, ceux de MM. Nassib Lahoud, Boutros Harb et Farès Boueiz. Selon certains haririens, la présence de telles valeurs au sein du Cabinet aurait été plus que souhaitable, mais ils auraient fait l’objet d’un tir de barrage nourri de la part de quelques loyalistes bien en vue chez les décideurs. Cependant les mêmes sources haririennes n’excluaient pas que leur chef ne parvienne à obtenir la nomination d’au moins l’un des trois hommes. Il reste que dans l’ensemble, le Liban semble promis à un nouveau Cabinet fourre-tout de taëfistes, comprenant un peu de bons et beaucoup de moins bons. À ceux qui s’étonnent qu’en une phase aussi cruciale, et alors que Barak veut à tout prix de son côté former un gouvernement d’union avec Sharon, le Liban se dispense d’un Cabinet d’entente, un ancien ministre réaliste répond que «ce pays n’a pas besoin d’un pouvoir central fort tant qu’il y a quelqu’un pour l’aider à prendre les bonnes décisions». De son côté, un loyaliste note qu’on ne peut «intégrer tout le monde au gouvernement. D’une part il n’y a pas assez de places. D’autre part il faut bien qu’il reste une opposition dehors, pour surveiller le pouvoir». Une bonne leçon de démocratie. Philippe ABI-AKL
Le chef de l’État a vu longuement au Caire son homologue syrien ; Rafic Hariri s’est rendu à Anjar auprès du chef des renseignements syriens au Liban, avant de conférer à Koraytem avec le directeur de la Sûreté générale, qui lui-même était aux côtés du président de la République dans la capitale égyptienne. Et avec cela, certains loyalistes qui portent apparemment...