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Actualités - DOCUMENT

DOSSIER - Progression constante de la presse de langue française II - Médias audiovisuels et francophonie

Contre vents et marées, le français demeure, jusqu’à nouvel ordre, la langue étrangère prépondérante au Liban au niveau de l’enseignement scolaire et universitaire (voir «L’Orient-Le Jour» du vendredi 24 novembre). Le français a également préservé son rang de première langue étrangère dans la presse écrite. Par contre, il semble sérieusement menacé et véritablement affaibli au niveau des supports audiovisuels (télévision et radio) et de la communication publicitaire. Contrairement à d’autres secteurs, les efforts déployés par les autorités françaises afin de renforcer la francophonie au niveau de l’audiovisuel au Liban ne produisent manifestement que peu de résultats. La langue française n’est ainsi présente que dans 6,9 % du temps d’antenne, contre 37 % pour les émissions anglophones. Ainsi, l’anglais demeure la langue de prédilection des programmes de fictions. La langue française, quant à elle, reste cantonnée aux retransmissions des journaux télévisés français, aux magazines culturels et aux jeux télévisés. L’offre des programmes français pour les autres catégories est très peu attractive. Les chaînes de télévision locales, en dehors de la MTV et du Canal 9 de TL, n’accordent que peu de place aux émissions francophones. De plus, lorsque ces programmes sont diffusés, ils le sont à des heures où les taux d’audience demeurent dérisoires. Par ailleurs, l’offre française par satellite demeure extrêmement faible et réduite par rapport aux autres pays. Les Libanais munis de paraboles ou abonnés aux centres de distribution collective n’ont accès qu’à 4 chaînes francophones : TV5, Arte-La Cinquième, Euronews et Canal Horizon. Il en est de même pour les chaînes de AB SAT que l’on peut capter au Liban depuis quelques mois et dont les programmes sont «obsolètes» et sans intérêts. Manifestement, ces chaînes n’arrivent pas à faire le poids face aux émissions de leurs concurrents américains, anglais ou arabes. En effet, les Libanais ont accès à des centaines d’autres programmes étrangers, dont une trentaine de chaînes anglo-saxonnes, une quinzaine de stations turques, six chaînes généralistes italiennes, six télévisions polonaises et une trentaine de stations arabes. Les opérateurs publics et privés français ne semblent pas pour l’instant chercher à intégrer les pays du Moyen-Orient dans leurs zones de couverture. Pourtant la demande est importante. L’idée de diffuser, via un satellite couvrant le Liban, une chaîne généraliste du service public français, pour offrir aux téléspectateurs libanais une télévision nationale française en direct, est rejetée par les responsables français en raison du coût élevé des frais techniques et des droits d’auteur. La législation interdit également aux bouquets français TPS et Canal Satellite de diffuser leurs programmes à l’extérieur du continent européen. Pourtant, ces contraintes techniques et juridiques peuvent être dépassées si la volonté existe. Les droits pour le Liban ne doivent pas être chers. Mais les télévisions françaises ne font pas d’efforts sur ce plan. Malheureusement, les chaînes françaises n’ont pas encore pris conscience de l’intérêt de diffuser leur programmation vers le Liban. Grâce aux efforts de la direction de France Télévision, la chaîne France 2 est diffusée en clair et en direct de Paris sur une fréquence hertzienne (ne nécessitant pas d’équipement spécifique) en direction de la Tunisie. À l’image de ce pays, le Liban devrait bénéficier de ce genre de coopération télévisuelle. La couverture directe du Liban par une chaîne généraliste française pourrait contribuer aux efforts visant à faire face à la menace qui pèse sur la présence de la langue française dans le paysage audiovisuel libanais. Cette mesure ainsi qu’une aide aux chaînes francophones locales renforceraient l’environnement et par conséquent l’avenir de la francophonie au Liban. À cet effet, un protocole de coopération entre l’État libanais et France Télévision a été signé en juillet 2000. Ce protocole, d’un montant de 4,2 millions de dollars, prévoit d’équiper et de réhabiliter Le Neuf de Télé-Liban . Quant à la presse francophone au Liban, elle atteste de la vitalité de la francophonie libanaise. Presse et francophonie La presse étrangère ou en langues étrangères au Liban est une donnée permanente qui atteste de l’ouverture culturelle du Liban. En dépit de sérieux problèmes engendrés par la guerre, la presse française importée de Paris et la presse libanaise francophone ont toujours été distribuées. Avec la paix, cette presse devrait connaître un véritable essor aussi bien au niveau des importations de publications françaises, de plus en plus importantes et variées, que celui de l’éclosion d’un grand nombre de périodiques francophones libanais et de leur multiplication sur le marché local. La presse libanaise francophone est riche de 24 titres. La presse anglophone connaît un développement certain. Elle en compte 12. Ainsi, depuis les années 80, les publications en langues étrangères se sont multipliées au Liban, mais celles en langue française sont restées les plus nombreuses et les plus vendues. La presse francophone a su ainsi garder, malgré les difficultés et les épreuves, un grand nombre de lecteurs fidèles. L’audience de la presse francophone au Liban enregistre une progression constante : 19,5 % en 1996 et 26,5 % en 2000. Mais ses potentialités en termes de diffusion demeurent encore extrêmement importantes et inexploitées, pour une population à près de 45 % «entièrement ou partiellement» francophone (L’Orient-Le Jour du 24 novembre). De même, la presse française sur le marché libanais occupe une place importante et constitue à elle seule la majorité des ventes de tous les pays du Moyen-Orient réunis. Le Liban, dès 1992, est redevenu le premier importateur de presse française de la région, devant l’Égypte, la Turquie ou Israël. Il en commande autant que tous les pays du Moyen-Orient réunis. Depuis la fin des combats, les progressions de l’importation de cette presse sont régulières. Plus de 1,2 million d’exemplaires de la presse française sont distribués annuellement au Liban depuis 1996, soit près de 100 000 numéros par mois. Le Liban est ainsi devenu le 7e marché en chiffre d’affaires des NMPP (Nouvelles messageries de la presse parisienne) sur 107 pays. Ainsi, le Liban consomme plus de presse française que des marchés comme la Grèce, les États-Unis, le Sénégal ou la Guyane... Cependant, l’année 2000 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices pour la presse et le livre français au Liban. En effet, à cause de la grave crise économique que connaît le pays, les importations de livres ont baissé de 15 % et celles de la presse de 20 % par rapport à l’année précédente. Mais en dépit de la présence de plus en plus importante de revues anglo-saxonnes qui appliquent une politique de prix bas, c’est toujours la presse française qui occupe plus de 80 % du marché des publications étrangères en vente au Liban. De même, c’est le livre français qui enregistre les meilleures ventes d’ouvrages en langues étrangères. Pour conclure, il est clair que l’avenir de la francophonie au Liban dépend en premier lieu des Libanais. La francophonie au pays du Cèdre est donc d’abord une affaire libanaise. C’est un héritage que toutes les communautés libanaises partagent et peuvent ainsi enrichir. Aujourd’hui encore, la francophonie fait partie du patrimoine culturel libanais. Des liens très solides lient toujours la France, qualifiée naguère de «Tendre Mère», au pays du Cèdre. Cette amitié est le fruit des échanges culturels qui caractérisent le pourtour de la Méditerranée. Elle est nourrie par des valeurs humaines et spirituelles. La francophonie libanaise est devenue un véritable choix de société, un choix de liberté. De nombreux Libanais, toutes confessions confondues, revendiquent fièrement leur appartenance à la francophonie et défendent la diversité culturelle de leur pays. Contrairement à d’autres pays francophones où la langue et la culture françaises restent un élément de divisions et de différents, la francophonie au Liban est un atout et une richesse commune, autour desquels les Libanais peuvent se retrouver pour construire leur avenir. Les propos du recteur de l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, le RP Sélim Abou, sont dans ce contexte édifiants : «Le pluralisme communautaire dit-il, a pour première conséquence la diversité culturelle, issue à la fois des patrimoines respectifs des divers groupes qui composent la nation, de la manière particulière dont chacun de ces groupes vit les traits culturels communs à toute la population, de son rapport aux cultures occidentales et de son attitude vis-à-vis d’elles (...)». «Au Liban, poursuit-il, la pluralité des langues et des cultures est un impératif. Qu’on le veuille ou non, le Liban sera toujours bilingue, voire trilingue, ou ne sera pas. Ni le pluralisme communautaire, ni la diversité culturelle ne sont un obstacle à l’unité nationale. Ils peuvent être au contraire le moteur d’une identité de synthèse riche de combinaisons originales». (Discours prononcé le 19/03/1997 ). La francophonie au Liban est donc un choix réfléchi et profond. Seule l’appartenance à une langue (avec l’arabe), qui n’est pas seule commune à l’ensemble de la région, permettra au pays du Cèdre de rester ce qu’il a toujours été par le passé : le grand centre intellectuel et culturel du Moyen-Orient où continuent de se côtoyer toutes les cultures du monde.
Contre vents et marées, le français demeure, jusqu’à nouvel ordre, la langue étrangère prépondérante au Liban au niveau de l’enseignement scolaire et universitaire (voir «L’Orient-Le Jour» du vendredi 24 novembre). Le français a également préservé son rang de première langue étrangère dans la presse écrite. Par contre, il semble sérieusement menacé et...