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Actualités - BIOGRAPHIE

« Poèmes, pensées, chansons, nouvelles et autres conneries » Michel Éléftériadès, ennemi public numéro un

Que le lecteur potentiel se rassure : non, le livre de Michel Éléftériadès n’est pas passé par la censure. Autrement dit, celle-ci ne s’est pas encore amadouée et Poèmes, pensées, chansons, nouvelles et autres conneries est une parution illégale. Un moment hors-la-loi que l’auteur, bien connu pour ses provocations et son allure marginale, vit avec beaucoup de plaisir. «La censure fait partie des restrictions auxquelles on doit toujours rendre des comptes, dit-il. J’attends de voir ce qui va se passer. Il n’y a pas eu encore de réaction». « Prophète barbu » Michel Éléftériadès a voulu, jusqu’à l’âge de 15 ans, devenir prêtre : «Missionnaire ou ermite, s’empresse-t-il d’ajouter. Pour prêcher et agir en Inde ou dans d’autres pays pauvres ou prier seul, dans une grotte». Fasciné par la vie des saints, il les connaît tous mais préfère Jean-Baptiste, le prophète errant, à qui il a rendu hommage sur la couverture de son livre : son propre visage, barbu et entouré d’une abondante chevelure, derrière lequel se découpent des vitraux. Rien moins que cela. «Saint Jean-Baptiste, c’est celui qui s’est perdu dans le désert, en proie aux hallucinations», explique-t-il. L’évocation de Dieu traverse les pages du livre, qui est en fait un choix de textes rédigés entre 15 et 26 ans. Et Michel Éléftériadès Lui crie sa rage et sa colère : la période sainte est révolue et, pendant dix ans, il va se révolter durement contre cette entité supérieure «qui laisse mourir des enfants ou les fait naître aveugles». Dans Le prophète barbu, l’auteur écrit : «La science a passé au peigne fin le ciel, sans trouver la moindre trace de Dieu le père». Pour être sûr de s’être fait bien comprendre, il ajoute : «Si on me demandait ce que je demanderais à Dieu le jour de ma mort, je lui cracherai au visage». Serein Les années sont passées et l’auteur a mûri, conscient que l’approche de la trentaine annonçait une nouvelle étape dans sa vie : «J’ai voulu publier ces textes parce qu’ils représentent une période révolue dans mon parcours, explique-t-il. Après avoir provoqué Dieu tous les jours, je suis devenu plus serein, moins engagé : son existence ou non m’est indifférente». Ces textes ont parfois un côté un peu mièvre, que l’auteur reconnaît aussi, et portent en eux toute la fièvre de l’adolescence. Certaines chansons feront partie de l’album sur lequel Michel Éléftériadès travaille depuis dix ans : «Je suis allé rencontrer les meilleurs musiciens du monde, ceux de Cuba, de Syrie, de France ou de Yougoslavie, ajoute-t-il. Je chante mes textes, et ce disque sera un cheval de Troie pour faire passer mes idées». Il s’étonne que la musique en soit réduite à l’aspect commercial : «Elle est un vecteur très puissant, grâce auquel on peut faire passer des messages beaucoup plus facilement que dans un livre». Poèmes, pensées, chansons, nouvelles et autres conneries est avant tout une provocation : Michel Eleftériadès s’en donne à cœur joie en attendant qu’on lui tape sur les doigts pour avoir parlé en toute liberté de Dieu, du sexe et de la politique avec des mots orduriers, drôles ou mélancoliques. Il faut moins s’arrêter sur la qualité des textes que sur l’intention de leur publication, qui ne peut venir que d’une certaine forme de courage ou de folie. Généralement, ces mots sont des synonymes. Diala GEMAYEL
Que le lecteur potentiel se rassure : non, le livre de Michel Éléftériadès n’est pas passé par la censure. Autrement dit, celle-ci ne s’est pas encore amadouée et Poèmes, pensées, chansons, nouvelles et autres conneries est une parution illégale. Un moment hors-la-loi que l’auteur, bien connu pour ses provocations et son allure marginale, vit avec beaucoup de plaisir. ...