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Actualités - ANALYSE

Moderato ma non troppo

 La crise économique et sociale dans le pays est telle que nul ne peut plus se permettre le luxe d’une opposition qui se cantonnerait dans un refus permanent de tout ce qui émane de l’autorité. De fait, même si la composition du gouvernement est loin d’être idéale sur le plan de l’entente nationale, il convient de faire preuve de réalisme, en cette période trouble aux niveaux local et régional. Un Cabinet d’entente est impossible à envisager tant que la réconciliation n’a pas eu lieu ; et ce n’est pas en nommant des ministres opposants que cette réconciliation aura lieu. Un dialogue s’impose au départ pour déterminer les bases communes d’un véritable pacte national. La composition d’un gouvernement d’entente ne serait donc que la résultante et le produit de ce pacte. Car le problème n’est pas tant dans l’exécution que dans le contenu de ce qui doit être réalisé. Or, après réflexion, il semble préférable d’avoir un gouvernement apte à gérer la crise économique et à y remédier, même s’il doit souffrir d’un manque de représentativité. L’équipe ministérielle de Rafic Hariri répondrait en principe à ces critères, à une condition indispensable : œuvrer en vue d’une réconciliation politique. Concrètement, cela impliquerait la libération de Samir Geagea, le retour de Michel Aoun et l’initiative d’un dialogue avec toutes les forces vives exclues jusqu’à présent de la vie publique. Tout le monde convient de la nécessité de rétablir la confiance dans le pays en vue de donner une nouvelle impulsion au mouvement des investissements. Mieux vaut toutefois que le retour de la confiance se fasse progressivement, de manière à rassurer les investisseurs. En effet, à quoi aurait-il servi de former un gouvernement dopé, qui dans la forme aurait respecté toutes les exigences de l’entente alors qu’en réalité rien – aucun projet commun – n’aurait uni ses membres. C’est un dialogue de sourds qu’on aurait ainsi enclenché, nuisible en réalité à l’intérêt de la nation. On peut imaginer par exemple la cacophonie qui régnerait à l’intérieur d’un Cabinet Hariri si le PNL, les FL et le courant aouniste y étaient représentés. À ceux-là qui auraient brandi la priorité du retrait syrien, les autres auraient opposé sans doute l’urgence d’un remède à la crise économique. Bref, une vraie tour de Babel... De plus, un gouvernement de non-entente, mais déterminé à s’ouvrir à l’opposition est sûrement plus crédible aux yeux des investisseurs potentiels. Tout pas accompli sur la voie de la réconciliation constituerait alors une valeur beaucoup plus sûre qu’une équipe ministérielle confectionnée à la va-vite. Le dialogue amorcé par Walid Joumblatt ne devrait donc pas s’arrêter en cours de route. Aux opposants de montrer de leur côté un minimum de bonne volonté pour rejoindre le leader druze à mi-chemin, comme il l’a lui-même réclamé ; une revendication, du reste, tout à fait légitime. La classe au pouvoir semble aujourd’hui animée de bonnes intentions. L’opposition ne doit en aucun cas rater le coche en continuant à se lamenter sur son sort et sur son exclusion de la vie politique. Dans l’absolu, elle a peut-être raison de le faire, mais il lui revient aussi de prendre au mot les responsables qui font appel au dialogue et de poser ses conditions pour la réalisation d’une véritable reconciliation. Agissons de manière pragmatique, et pensons au moins au fait que la seule perspective d’un dialogue enfin amorcée peut être bénéfique à la situation économique et sociale du pays. José JAMHOURI
 La crise économique et sociale dans le pays est telle que nul ne peut plus se permettre le luxe d’une opposition qui se cantonnerait dans un refus permanent de tout ce qui émane de l’autorité. De fait, même si la composition du gouvernement est loin d’être idéale sur le plan de l’entente nationale, il convient de faire preuve de réalisme, en cette période trouble aux...