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Actualités - DISCOURS

Vie politique - Le patriarche maronite et le recteur de l’USJ sur la même longueur d’onde Sfeir : Nous voulons des alliés, pas des maîtres

Le patriarche maronite Nasrallah Sfeir a abondé samedi, au nouveau campus des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph (USJ-rue de Damas), dans le sens de son discours politique souverainiste hostile à la présence syrienne au Liban, au cours d’une cérémonie de remise des diplômes à la première promotion d’enseignants, de directeurs de cycle et de chefs d’établissement issus de l’Institut universitaire de formation pour l’enseignement et l’encadrement (IUFE). Mgr Sfeir s’est référé aux célèbres propos tenus par le pape Jean-Paul II en 1983 dans sa Pologne natale, alors sous le joug communiste, pour passer son message : «Que jamais plus une nation ne vive au prix de l’asservissement d’une autre, de sa conquête, de son exploitation, de sa mort». Avec beaucoup d’humour, il a évoqué l’existence d’un «front commun sur le plan national» qui le rapproche du recteur de l’université, le RP Sélim Abou, illustrant ses propos par des citations lourdes de sous-entendus empruntées au général de Gaulle et au pape Jean-Paul II. Le prélat maronite avait fait son entrée dans l’amphithéâtre de l’USJ à 17h30 précises, sous les applaudissements du public, composé entre autres du RP Abou, du vice-recteur de l’université René Chamussy, de l’ambassadeur de France Philippe Lecourtier, du nonce apostolique Antonio Maria Veglio, du secrétaire général de l’enseignement catholique au Liban, Mgr Camille Zaidan, de plusieurs enseignants et responsables administratifs de l’USJ, du recteur du collège Notre-Dame de Jamhour, le RP Sélim Daccache, et de plusieurs personnalités politiques et religieuses. Après l’hymne national, le RP Abou, dont le discours était comme d’habitude attendu avec grande impatience, s’est adressé au patriarche Sfeir, évoquant «les lourdes responsabilités qu’il assume à la tête de l’Église maronite et à la présidence de l’Assemblée des patriarches et des évêques catholiques du Liban» et ses «multiples occupations et préoccupations, plus particulièrement en cette période mouvementée de l’histoire de notre pays». Il lui a par ailleurs exprimé sa «profonde reconnaissance» pour avoir accepté de placer la cérémonie sous son haut patronage. «Nous sommes d’autant plus sensibles à ce geste qu’il rompt délibérément avec les contraintes protocolaires du siège patriarcal et qu’il acquiert ainsi à nos yeux valeur de témoignage», a-t-il affirmé, provoquant une salve d’applaudissements dans la salle. Pour témoigner du soutien de l’université aux positions actuelles du patriarche maronite, le RP Abou a rappelé que l’USJ avait accueilli Mgr Sfeir «sur ses bancs durant dix ans, de 1940 à 1950». «Ayant eu le privilège de donner à l’Église universelle un cardinal et à l’Église d’Antioche un grand patriarche, l’université est fière de vous compter parmi ses anciens», a-t-il ajouté. Nouveaux applaudissements chargés d’émotion dans l’amphithéâtre. «À ce sentiment de légitime fierté, se mêle la joie de pouvoir exprimer notre solidarité avec l’instance qui exprime, haut et fort, les aspirations profondes de tout un peuple», a ensuite lancé le recteur de l’USJ à l’adresse du patriarche. «Qu’il me soit permis de rendre publiquement hommage à la perspicacité de votre analyse, à la clarté et à la fermeté de vos propos, à votre courage et à votre sagesse, à votre combat en faveur de l’égalité, de la justice, de la dignité et de la liberté, à votre appel pressant à l’unité nationale et à votre rappel inlassable des valeurs et des principes fondateurs de cette nation», a-t-il dit, avant de remercier Mgr Sfeir pour son action qui «redonne aux jeunes l’espoir et à tous les Libanais la foi dans l’avenir de leurs pays». S’adressant à l’ambassadeur de France, le père Abou a cité le message du président français Jacques Chirac pour souligner l’appui indéfectible de la France à l’indépendance du Liban : «La France se tient aux côtés du Liban et reste attachée au respect de son indépendance, de sa souveraineté et de l’unité de son territoire», provoquant une fois de plus un tonnerre d’applaudissements dans l’assistance. À l’attention des éducateurs diplômés, le recteur de l’USJ a enfin affirmé : «Il vous appartient de faire de l’école un véritable milieu de vie, d’éducation à la citoyenneté et à la convivialité intercommunautaire, un lieu de reconnaissance et de respect de l’autre, d’ouverture aux valeurs de la démocratie et de la solidarité et d’apprentissage de la liberté, pour que, grâce à vos écoles, renaisse pour tous ses enfants un Liban à la mesure des attentes des Libanais». Sfeir : « Réclamer l’indépendance sans être taxé de traître » Prenant à son tour la parole, le patriarche maronite a rendu hommage au père Abou, estimant «qu’il se trouve côte à côte avec lui sur un même front, particulièrement sur le plan national, chacun soutenant l’autre selon les moyens», avant d’ajouter, sourire aux lèvres, «bien que le terme front soit peu clérical». Éclats de rires généralisés. Commentant certains extraits des rapports dressés par les diplômés sur leur formation au sein de l’IUFE, le patriarche maronite a estimé que «l’essentiel dans une formation en général (…), c’est de former des hommes et des femmes (…) cultivant les valeurs chrétiennes et humaines, (…) de vrais patriotes qui sachent “faire un effort pour être des individus dotés d’une conscience, appeler le bien et le mal par leurs noms et ne pas les confondre…développer en soi ce qui est bon et chercher à redresser le mal en le surmontant soi-même”, comme l’a rappelé Jean-Paul II lors de sa deuxième visite en 1983 dans son pays natal, la Pologne». La conséquence d’une telle action sur le plan politique est claire pour lui : «C’est à ce prix qu’on pourra améliorer les rapports entre les citoyens d’un même pays, bannir la confusion dans l’emploi des mots, assainir le climat de la société et créer une confiance mutuelle entre les différentes couches d’une même population. C’est alors que les termes en usage dans la langue courante prendront leur véritable sens. N’a-t-on pas dit que les mots ont le sens qu’on leur donne ?». Puis, avec encore plus de conviction et de fermeté, le patriarche a poursuivi : «C’est alors surtout qu’on pourra réclamer l’indépendance de son pays sans être regardé comme un traître, insister sur sa souveraineté sans être taxé de couardise et clamer son droit à un pouvoir de libre décision, sans risquer de rester dans la condition de mineur», une critique on ne peut plus claire adressée aux partisans de la présence syrienne au Liban. Citant enfin les paroles prononcées par le pape le 7 juin 1979 lors de sa première visite dans son pays après s’être recueilli dans la cellule où mourut le père Kolbe, qu’il canonisera en 1983, le patriarche a déclaré : «Que jamais plus une nation ne vive au prix de l’asservissement d’une autre, de sa conquête, de son esclavage, de son exploitation, de sa mort». Standing ovation de l’assistance qui applaudit à tout rompre les dernière paroles de Mgr Sfeir, lequel termine en citant à nouveau le général de Gaulle : «Nous voulons avoir les Américains comme alliés, mais nous ne voulons pas les avoir pour maîtres». Et conclut sur un ton ferme et sûr de lui-même : «C’est tout ce que nous voulons et nous serons comblés». De son côté, M. Lecourtier a insisté sur l’impact de la réforme du sytème éducatif sur la société, estimant qu’il s’agissait d’une «opération périlleuse». Il a en outre indiqué que la France continuera à aider les institutions libanaises dans leur volonté de voir réussir cette réforme. Mgr Zaidan a enfin évoqué «les différents défis à relever pour le renouvellement du système scolaire libanais, tant sur le plan éducatif que sur celui de la formation de citoyens du village planétaire, sans pour autant leur faire perdre leur attachement aux racines et à la culture propre». Le RP Abou a enfin offert au patriarche une médaille symbolisant la volonté de cette promotion 2000 d’éducateurs de se proclamer «promotion Nasrallah Sfeir». 
Le patriarche maronite Nasrallah Sfeir a abondé samedi, au nouveau campus des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph (USJ-rue de Damas), dans le sens de son discours politique souverainiste hostile à la présence syrienne au Liban, au cours d’une cérémonie de remise des diplômes à la première promotion d’enseignants, de directeurs de cycle et de chefs...