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Actualités - REPORTAGE

ORGANISATIONS - Lancement hier, à partir de Baabda, du rapport annuel de l’Unicef La participation des enfants à la prise de décision, un défi à relever dans les années à venir

C’est à partir du palais de Baabda que le rapport de l’Unicef 2003, sur la situation des enfants dans le monde, a été lancé hier au cours d’une cérémonie patronnée par Mme Andrée Émile Lahoud. Cette année, le rapport de l’Unicef souligne l’importance de la participation de l’enfant dans la prise des décisions. Le rapport de l’Unicef dresse une liste exhaustive des arguments en faveur de la participation des enfants. « Leur croissance et leur développement dépendent d’une participation utile et efficace. Un enfant que l’on aura encouragé à prendre le monde à bras-le-corps sera un enfant qui aura acquis les aptitudes nécessaires pour se développer pendant sa petite enfance, pour saisir les chances qui se présentent en matière d’éducation et pour franchir le seuil de l’adolescence avec confiance et assurance, équipé qu’il sera des moyens de contribuer au dialogue et aux pratiques démocratiques au foyer , à l’école, au sein de sa communauté et dans son pays », relève le texte. Pour l’Unicef donc, la participation constitue le meilleur départ possible pour l’enfant dans sa vie à venir. C’est ainsi d’ailleurs que l’on pourrait parvenir dans un futur proche à un monde plus démocratique. « La construction de la démocratie est une question de très grande importance pour la paix internationale et le développement. Les valeurs de la démocratie, notamment le respect des droits et de la dignité de tous les êtres humains et le respect de leur diversité et de leur droit de participer à la prise des décisions qui les concernent, sont apprises tout d’abord pendant l’enfance », relève le texte du rapport distribué hier au Liban par l’Unicef. Dans une interview à L’Orient-Le Jour, le représentant de l’Unicef au Liban, Ekrem Birerdinc, a soulevé les points les plus importants du rapport. Il a également présenté brièvement les activités que l’organisme onusien est en train de développer dans ce cadre au Liban. « Encourager la participation de l’enfant constitue l’une des recommandations de la session extraordinaire de l’Assemblée générale de l’Onu, tenue en mai dernier à New York », explique-t-il. « C’est aussi l’une des meilleures façons de travailler avec les enfants, les adolescents et les jeunes pour les préparer ensuite à la vie en société », ajoute-t-il. Certes, l’encouragement des enfants à participer aux prises de décision revêt des degrés de difficultés selon les divers pays du monde. « Malheureusement, dans plusieurs pays quand on parle des jeunes on a un peu peur », relève le représentant de l’Unicef au Liban. Dans quels pays, est-il difficile d’encourager la participation des jeunes ? « La difficulté vient de la situation dans laquelle les jeunes se trouvent ; quand un pays bataille pour sa survie par exemple, c’est difficile de promouvoir les idées du rapport », indique M. Birerdinc. « De plus, dans certains pays, le régime politique ou l’attitude de la population entravent la mise en place des idées du document ; on observe ceci notamment sous les régimes totalitaires ou encore dans les sociétés patriarcales », ajoute-t-il. « Dans ces cultures on a l’habitude de traiter l’enfant comme un objet, la culture de l’expression n’existe pas », poursuit-t-il. Le représentant de l’Unicef au Liban explique encore le concept de la participation de l’enfant dans la prise de décision. « Nous voulons que les enfants, dès leur plus jeune âge, acquièrent l’habitude d’exprimer ce qu’ils pensent, de participer aux décisions qui les concernent dans leur famille et dans leur société ; nous sommes en train de miser donc sur un changement des mœurs et des habitudes tout en respectant et en préservant la culture et les traditions d’une société donnée », dit-il. Présentant les activités de l’Unicef au Liban, dans le cadre de la participation des enfants, M. Birerdinc note qu’un programme intitulé « Le développement précoce de l’enfant » a été mis en place conjointement avec les ministères de la Santé et des Affaires sociales. Et pour que les adultes Libanais modifient leur attitude vis-à-vis des enfants, l’Unicef est en train d’œuvrer dans ce domaine avec les parents et les instituteurs. Diverses sessions de formations de formateurs ont déjà été organisées dans ce cadre. Mais la participation des enfants ne consiste pas uniquement à leur accorder libertés et droits. Elle devrait aussi les responsabiliser. « Tout le monde parle de droit, mais il est impossible d’évoquer le droit sans que les obligations et les responsabilités soient impliquées », indique M. Birerdinc. « Dans la participation, la question de la responsabilité est essentielle, notamment sur le plan familial », relève-t-il, donnant l’exemple d’une mini-enquête effectuée au Liban. Elle avait démontré que 98 % des garçons de moins de 18 ans ne font pas leur lit. À la question de savoir qui fait leur lit à leur place, ils avaient répondu « maman, ma sœur ou la bonne ». Ce sont donc ces habitudes qu’il faudra commencer par modifier. Depuis cette année, l’Unicef a lancé un nouveau programme de cinq ans au Liban, désormais évalué comme un pays à revenu moyen et non un pays pauvre. L’approche de l’organisation internationale a complètement changé. Au Liban, l’Unicef n’est plus un organisme qui assure des services ou équipe un hôpital par exemple, au contraire ses activités sont de plus en plus centrées sur la Convention relative aux droits de l’enfant. L’organisme donne aujourd’hui les moyens au gouvernement libanais de changer sa politique et ses stratégies en faveur de l’enfance. Le travail sera certes effectué à long terme. Hier, au cours du lancement du rapport au palais de Baabda, Mme Lahoud a indiqué que « le Liban, qui était présent à la session extraordinaire de l’Assemblée générale en mai dernier et qui avait participé aux débats, a manifesté son plein soutien à la cause de l’enfance dans le monde ; il a soutenu particulièrement l’idée de faire participer les jeunes et les enfants à la vie dans toutes ses composantes ». « En relevant le défi et en faisant participer les enfants au foyer, à l’école et dans l’entreprise, en les encourageant à assumer des responsabilités et à prendre des décisions, nous finirons par réaliser des projets de justice et de paix et poser par ce fait les jalons du vrai développement », a-t-elle poursuivi. « Si nous voulons changer ce monde divisé, dégradé et meurtri par les conflits, et vivre dans un monde digne des enfants, nous n’avons d’autres choix que de les associer pleinement à la vie dans toutes ses dimensions », a-t-elle souligné, en conclusion. M. Birerdinc a pour sa part présenté le rapport qui mise cette année sur la participation de l’enfant, conformément à l’article 12 de la Convention sur l’enfance qui appelle les États signataires à « garantir à l’enfant le droit d’exprimer librement son opinion sur toute question l’intéressant ». C’est ensuite deux enfants, Alexandre Mekataf, 9 ans, et Sara Akil, 10 ans, qui ont pris la parole. Alexandre a indiqué que « depuis dix ans les Nations unies ont adopté la Convention sur les droits de l’enfant, mais malgré tous les efforts fournis, beaucoup reste à faire afin d’assurer une vie digne aux enfants du monde entier ». Prenant la parole, Sara a espéré que « notre monde devienne meilleur ». Elle a également délivré deux messages aux ministres de l’Éducation et de l’Information les appelant à intervenir afin que l’école soit un endroit apte au véritable développement de l’enfant et que les programmes de télévision leur accordent plus de place. Patricia KHODER
C’est à partir du palais de Baabda que le rapport de l’Unicef 2003, sur la situation des enfants dans le monde, a été lancé hier au cours d’une cérémonie patronnée par Mme Andrée Émile Lahoud. Cette année, le rapport de l’Unicef souligne l’importance de la participation de l’enfant dans la prise des décisions. Le rapport de l’Unicef dresse une liste exhaustive...