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Actualités - CHRONOLOGIE

La restructuration politique locale passe par le filtre syrien

Jean Obeid et Mikhaïl Daher, députés du Nord que personne ne considère comme éloignés de la Syrie, sont contre l’occultation du thème de la présence militaire syrienne. Contrairement aux vues d’autres parlementaires loyalistes, ils pensent qu’il faut en discuter, sans doute pour la faire admettre. À un moment où le cardinal Sfeir souligne que le noyau du conflit réside ailleurs et qu’il faut épurer les rapports politiques avant tout. On convient donc dans tous les camps de la nécessité d’un débat sur l’assainissement des relations libano-syriennes. Un objectif que le président Bachar el-Assad recherche. En précisant cependant, et c’est essentiel, qu’il ne peut y avoir « de saines relations libano-syriennes sans le préalable de bonnes relations interlibanaises ». Une équation que l’on peut facilement inverser. Car, comme le relève un pôle influent, on voit mal comment les Libanais pourraient s’entendre si les rapports avec la Syrie devaient continuer à poser problème. Pour commencer, ajoute cette personnalité, il devrait donc y avoir un parrainage syrien d’une harmonisation domestique. Un sas incontournable pour arriver à normaliser les relations entre les deux pays. Dans la mesure, évidente, où les frictions internes se répercutent négativement sur les rapports bilatéraux. Le processus s’appuierait en pratique sur des consensus multiples. Notamment au sujet de problèmes diviseurs comme la loi électorale, le découpage des circonscriptions, la décentralisation administrative et le code des naturalisations. Sans compter l’amnistie pour Geagea et le retour de Aoun, tout le monde devant s’activer alors sous l’ombrelle de la légalité comme de Taëf. Un accord général serait donc couronné par une vraie réconciliation nationale. Ce but, seule une supervision syrienne permettrait de l’atteindre, l’État libanais restant manifestement incapable de s’y atteler efficacement. Le dialogue, répète ce pôle, débuterait par une entente sur la présence militaire syrienne. À son avis, la majorité des Libanais y est favorable, à cause de la conjoncture régionale. Ainsi que le proclament du reste Paris et Washington, qui lient maintenant le retrait syrien à la paix au Proche-Orient. Mais il faut quand même, souligne cette source, se mettre d’accord, en toute clarté, sur les délais. Pour déterminer une fourchette raisonnable, en fonction des circonstances. Afin qu’en définitive, l’armée et les FSI assument seules l’ordre dans toutes les régions. Après le départ des troupes syriennes, qui seraient remerciées pour leur appui, comme le stipule Taëf. Cependant, un haut responsable précise pour sa part devant ses visiteurs qu’il est pratiquement inutile d’envisager ce que l’on appelle des délais raisonnables. Du moment que tout dépend d’un processus de paix régionale qui en est au point mort, et dont on ne sait pas ni comment ni quand il pourrait être mené à bien. Ce responsable ajoute, en outre, qu’il est possible que même après la paix, la présence militaire syrienne pourrait rester nécessaire. Afin de protéger les dispositions arrêtées dans le traité et que des parties subversives tenteraient de torpiller. D’autres leaders estiment quant à eux que cette protection peut être assurée à distance. Ils rappellent en effet qu’il existe un pacte de fraternité très serré entre les deux pays. Un texte qui assure une ombrelle politique certaine. Et qui, sur le plan sécuritaire, établit une commission mixte autorisée, le cas échéant, à ordonner un plan de terrain commun afin de parer à toute menace de subversion. Ce qui signifie qu’il peut y avoir des interventions syriennes ponctuelles sans présence permanente. Ou, plus exactement, fixant la durée d’un tel concours en fonction des besoins du moment. Ces personnalités ajoutent que l’on peut toujours en référer, pour tout litige ou pour toute divergence, à cette instance arbitrale qu’est le Conseil supérieur libano-syrien. À leur avis donc, c’est dans le cadre de cette institution que l’on devrait débattre du problème de la présence militaire syrienne, à la lumière des textes qui lient les deux pays. Et de réclamer que l’on mette fin aux équivoques. En faisant préciser, par les deux gouvernements, si le programme du redéploiement est lié au retrait global, dont il constituerait les prémices, ou s’il en est totalement dissocié. Se référant à Taëf (en oubliant le délai de deux ans dépassé depuis dix années), ces professionnels soulignent que les deux États sont tenus de déterminer ensemble le volume des forces syriennes, leur positionnement, la durée de leur séjour, leurs rapports avec les autorités locales. Pour que cessent les plaintes relatives aux immixtions. Et pour dissiper le flou qui entoure la question de la souveraineté, de l’indépendance, des libertés et du respect de la spécificité libanaise. Car, concluent-ils, seul un Liban libre, autonome peut constituer un prolongement valable, utile pour la Syrie, sur les plans régional et international. Émile KHOURY
Jean Obeid et Mikhaïl Daher, députés du Nord que personne ne considère comme éloignés de la Syrie, sont contre l’occultation du thème de la présence militaire syrienne. Contrairement aux vues d’autres parlementaires loyalistes, ils pensent qu’il faut en discuter, sans doute pour la faire admettre. À un moment où le cardinal Sfeir souligne que le noyau du conflit réside...