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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-Sud - Deux soldats israéliens blessés par un engin explosif près de la frontière Israël accuse le Hezbollah d’avoir « franchi une ligne rouge »

Les trois derniers jours ont connu une nette escalade de la tension au Liban-Sud. Fortuitement ou non, celle-ci est intervenue à la suite des déclarations du Premier ministre israélien, Ariel Sharon, faisant une nouvelle fois état de la présence d’éléments de l’organisation terroriste el-Qaëda au Liban, propos qui ont été formellement démentis à Beyrouth. Après la mort de deux Libanais, tués vendredi dans leur voiture par l’explosion d’une bombe, deux soldats israéliens ont été blessés hier, également dans un attentat qui s’est produit sur le territoire israélien, mais à proximité immédiate de la frontière libanaise. L’État hébreu a mis en cause la Syrie et le Liban et estimé que le Hezbollah a « franchi une ligne rouge ». « Deux soldats ont été blessés, l’un grièvement et l’autre légèrement, quand le véhicule à bord duquel ils effectuaient une patrouille le long de la frontière avec le Liban a été touché par l’explosion d’un engin télécommandé », a précisé un porte-parole de l’armée israélienne. L’incident s’est produit à hauteur de la localité de Marouahine (caza de Tyr) et de Zarit, en Israël. Cette attaque est la première en Israël depuis l’embuscade, en mars dernier, qui a coûté la vie à six Israéliens, cinq civils et un militaire, tout près de cette même frontière. Le commandant de la région nord d’Israël, qui couvre ce secteur, le général Benny Ganz, a mis en cause la Syrie et le Liban à la suite de l’incident d’hier, qu’il a qualifié de « particulièrement grave ». « Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’un incident particulièrement grave qui démontre que le Liban ne remplit pas sciemment ses obligations de veiller au calme sur la frontière, et implique la Syrie qui est derrière ce type d’actions », a-t-il déclaré, mettant particulièrement en cause le Hezbollah. « Le Liban va devoir décider s’il veut la paix à la frontière ou s’il est l’otage d’extrémistes islamistes », a-t-il mis en garde. En soirée, le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, s’est entretenu de l’attaque avec des responsables militaires, a indiqué la radio militaire israélienne, citée par l’AFP. Selon une source des services de sécurité israéliens, citée par la radio, les responsables militaires ont estimé que l’attaque constituait « un franchissement de la ligne rouge » par le Hezbollah. À Beyrouth, un interlocuteur anonyme se réclamant du Groupe du martyr Ramzi Nohra a revendiqué la responsabilité de l’attentat. « Nous assumons la responsabilité de l’explosion qui a blessé deux soldats israéliens ce matin à la frontière », a dit, dans un appel téléphonique au bureau de l’AFP, un interlocuteur affirmant parler au nom de ce groupe qui se manifeste pour la première fois. « Le sang du martyr Ramzi Nahra sera vengé et Israël payera le prix fort », a-t-il menacé. Ramzi Nohra, 45 ans, originaire d’Ibl es-Saqi, au Liban-Sud, et son neveu Élie Issa, 28 ans, de Ras Baalbeck, avaient trouvé la mort vendredi dans un attentat à l’explosif alors qu’ils circulaient à bord de la voiture du premier, une Mercedes 500, sur la route reliant Ibl es-Saqi à Kawkaba, dans le sud de la Békaa. Selon la police, les deux hommes ont péri sur le coup, leur voiture ayant été pulvérisée par l’explosion de la bombe, qui pesait plus de 5 kg. Lors des funérailles de Nohra qui se sont déroulées samedi à Ibl es-Saqi, un député du Hezbollah, Nazih Mansour, a dénoncé « l’attentat israélien, qui ne passera pas sans vengeance ». Outre les nombreux partisans du Hezbollah, le directeur de la sécurité nationale au Liban-Sud, Camille Chamoun, le chef des services de renseignements de l’armée libanaise au Sud, le colonel Ali Noureddine, et un responsable du parti Baas prosyrien, Abdallah Hamdar, étaient présents aux funérailles. Un autre député du Hezbollah, Ali Ammar Moussaoui, qui a assisté aux obsèques de Issa, à Ras Baalbeck, a accusé à son tour Israël, promettant de « couper la main terroriste et criminelle qui a fauché les deux martyrs ». Au cours de la messe, l’évêque grec-catholique de Baalbeck, Mgr Cyrille Bustros, s’est opposé à des militants du Hezbollah qui brandissaient des emblèmes de leur parti à l’extérieur et à l’intérieur de l’église. En outre, ayant été interrompu durant son oraison funèbre par un homme qui mettait en cause Israël dans l’attentat, l’évêque lui a imposé le silence en lui disant : « Voilà des propos politiques. Ici, il est question de religion. » Une carte des services de renseignements militaires syriens avait été trouvée dans l’une des poches de Ramzi Nohra, a indiqué un agent des services de renseignements libanais, cité par l’AFP. Selon des habitants de la région, Nohra était un trafiquant de drogue notoire qui avait collaboré avec les services israéliens lors de l’occupation du Liban-Sud par l’armée israélienne de 1978 à 2000. Pour se faire racheter, il aurait fourni également des informations au Hezbollah sur des Libanais ayant collaboré avec Israël et qui ont ensuite été arrêtés par les autorités, affirment des habitants. Un des frères de Ramzi Nohra, également trafiquant de drogue, aurait trempé dans le détournement par le Hezbollah d’un officier israélien qui a été inculpé le 26 octobre en Israël pour espionnage au profit de la formation intégriste chiite, ont indiqué des sources de services de sécurité. Le lieutenant-colonel Omar el-Heib, de la minorité bédouine israélienne, avait été officiellement inculpé d’avoir livré des secrets militaires au Hezbollah en échange de drogue et d’argent. Il avait été arrêté le 12 septembre dans le nord d’Israël, non loin de la frontière avec le Liban. Les accusations de Sharon Avant les incidents d’hier et de vendredi, le Liban officiel s’était employé à démentir les accusations de M. Sharon. Jeudi, le chef de l’État, Émile Lahoud, avait déclaré que « les accusations lancées par le Premier ministre de l’ennemi, Ariel Sharon, sur la présence de bureaux d’el-Qaëda au Liban, sont nulles et non avenues et cachent des intentions agressives à l’égard du Liban ». « De telles accusations ne passent plus car la stabilité dont jouit désormais le Liban sur le plan de la sécurité et son action auprès des pays frères (arabes) et amis pour expliquer sa position prouve qu’el-Qaëda n’est pas présent au Liban et que ce réseau n’entretient pas de liens avec la résistance nationale », a poursuivi M. Lahoud. « M. Sharon exploite les tensions dans la région dues à la situation en Irak dans le but de détourner l’attention de ce qui se passe en Israël d’une part, et de ses agressions incessantes contre le peuple palestinien d’autre part », a-t-il ajouté. Le Premier ministre israélien avait affirmé le même jour détenir « des informations selon lesquelles quelques membres d’el-Qaëda se trouvent dans la bande de Gaza et d’autres sont au Liban où ils sont en étroite collaboration avec le Hezbollah ». Le ministre de la Défense, Khalil Hraoui, a, de son côté, affirmé, dans une interview à Radio Monte-Carlo que le Liban « refuse toute forme de présence ou d’action d’el-Qaëda sur son territoire ». Enfin, vendredi, le Hezbollah a démenti, dans un communiqué, « les allégations de Sharon, souvent répétées par des responsables israéliens ». « Ces allégations font partie d’un plan exécuté par les services de sécurité d’Israël depuis les attentats du 11 septembre (2001), pour aller de pair avec l’offensive américaine contre les Arabes et les musulmans », ajoute le parti, selon lequel « el-Qaëda n’existe pas au Liban et le Hezbollah n’a aucun lien » avec cette organisation.
Les trois derniers jours ont connu une nette escalade de la tension au Liban-Sud. Fortuitement ou non, celle-ci est intervenue à la suite des déclarations du Premier ministre israélien, Ariel Sharon, faisant une nouvelle fois état de la présence d’éléments de l’organisation terroriste el-Qaëda au Liban, propos qui ont été formellement démentis à Beyrouth. Après la mort...