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Actualités - OPINION

La protection de Paris II impose le statu quo ministériel

Selon une source loyaliste, et néanmoins fiable, les bruits qui courent sur un changement de cabinet sont infondés. Cette personnalité, qui ne veut pas accabler ses amis politiques, tous ministrables aux crocs sortis, impute les rumeurs de salons à de sombres machinations de l’opposition. Elle indique que, lors de leur dernière entrevue, les présidents Lahoud et Hariri n’ont pas du tout évoqué le sort du gouvernement. Et ajoute que même le président Berry, qui avait fustigé la sénescence des trente, laisse choir la question. D’autant plus manifestement, du reste, que le speaker de la Chambre a tenu à préciser que le cas de cadres comme Mohammed Abdel-Hamid Beydoun et Ali Abdallah n’a rien à voir avec le problème ministériel. MM. Beydoun et Abdallah sont actuellement sous la menace : l’un de se faire retirer sa carte de membre d’Amal, l’autre de voir son adhésion suspendue. Il serait curieux de les voir continuer à représenter leur parti au pouvoir, au cas où les sanctions évoquées devaient les frapper. En tout cas, les proches de Berry jurent leurs grands dieux que la double affaire ne constitue en aucune sorte une pression exercée pour précipiter la fin du gouvernement. L’État ne veut donc pas changer de peau, bien qu’on en soit à la saison des mues animales ou végétales. Et cela pour les raisons complémentaires suivantes que détaillent, à dire vrai, des sources plus proches de Baabda que du Sérail : – Malgré les innombrables reproches qu’on peut lui adresser, malgré les impairs répétés de certains de ses membres, l’équipe haririenne reste indispensable. Tactiquement, parce que son départ serait exploité comme une victoire par l’opposition, Kornet Chehwane en tête. – Et stratégiquement parce qu’il faut mettre en chantier sans tarder, et sans diversion ni secousses, le plan de redressement économico-financier présenté lors de la conférence de Paris II. On doit amorcer la réforme promise aux donateurs sur divers plans. Il n’est pas question de perdre de précieuses semaines en des tractations politiciennes autour de la composition d’un nouveau cabinet. – D’autant que les inévitables tiraillements qui accompagnent la formation d’un ministère pourraient provoquer l’agacement des donateurs étrangers, lassés de répéter aux Libanais depuis des années la même leçon de stabilité intérieure. Les chèques promis risqueraient alors d’être remisés dans les portefeuilles des pourvoyeurs d’assistance. Ces sources soulignent dès lors que le statu quo ministériel va se maintenir pour six ou sept mois au moins. Un délai au bout duquel, comme Chirac l’a laissé entrevoir, le Liban aurait fait suffisamment ses preuves pour demander un Paris III. C’est un premier semestre en forme de test financier et économique que le pays va connaître en 2003. Après quoi, que les efforts déployés soient ou non couronnés de succès, le départ des trente deviendrait fortement envisageable. Soit parce qu’on considérerait leur mission comme terminée, en cas de réussite ; soit qu’on les accuserait d’avoir échoué, en leur demandant de rendre leur tablier. Techniquement, comme le souligne un professionnel qui est également ministre, l’un et l’autre n’étant pas toujours incompatibles, « un changement de gouvernement est toujours sous-tendu par un message politique déterminé. Il traduit toujours une évolution des rapports de force et d’influence. Or, pour le moment, la balance s’équilibre entre les grands, grâce notamment à l’entente retrouvée entre les présidents. Il n’y a donc pas lieu de modifier le tableau de chasse, c’est-à-dire de toucher à la répartition des quotas au sein du Conseil des ministres ». Une façon, sans doute, de dire que les régimistes ne sont pas encore prêts pour décrocher la timbale majoritaire. Et que les haririens de leur côté ne sont pas près de céder leur part privilégiée. Plus loin, le même ministre souligne que « le gouvernement est après tout une entité de travail. Si l’on ne veut pas en modifier les méthodes de travail, pourquoi en balancer le personnel ? ». Un haririen, optimiste sinon présomptueux, affirme pour sa part qu’« on ne change pas une équipe qui gagne ». En ajoutant, d’une manière sans doute plus pointue sinon plus pertinente, que « l’État ne peut pas dételer, il n’a pas le temps de souffler. Il doit organiser, au plus vite, le circuit de réception des aides promises à Paris II et instrumentaliser le rééchelonnement de la dette publique. Il doit également jeter les fondements des réformes requises, ce qui nécessite de la part de chaque ministre un effort immédiat, voire urgent, de préparation d’innombrables mesures administratives, fiscales ou autres ». Les titans se mettent donc à la forge. On verra bien ce qu’il en sortira. Ou qui s’en sortira le mieux. Philippe ABI-AKL
Selon une source loyaliste, et néanmoins fiable, les bruits qui courent sur un changement de cabinet sont infondés. Cette personnalité, qui ne veut pas accabler ses amis politiques, tous ministrables aux crocs sortis, impute les rumeurs de salons à de sombres machinations de l’opposition. Elle indique que, lors de leur dernière entrevue, les présidents Lahoud et Hariri n’ont...