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Actualités - CHRONOLOGIE

Éducation nationale - La grève des enseignants a été largement suivie dans tout le Liban Le budget 2003, cible principale du mouvement revendicatif

Avec la grève des enseignants des secteurs public et privé et celle des professeurs de l’ Université libanaise, c’est en fait la bataille du budget d’austérité 2003 qui est menée, une austérité dont les enseignants ne veulent pas faire les frais. En fait, c’est moins à l’austérité qu’ils en veulent qu’à une politique fiscale estimée injuste, déséquilibrée, qui va chercher ses fonds jusqu’à dans les indemnités des fonctionnaires. La grève a été largement suivie dans l’ensemble du pays, notamment à Zahlé, à Saïda et à Tripoli et accompagnée de manifestations pacifiques, dont la plus importantes s’est déroulée à Beyrouth. Rassemblés place Riad el-Solh, enseignants et professeurs, auxquels se sont mêlés des étudiants de l’ Université libanaise et des représentants de certains offices autonomes affectés par les nouvelles impositions fiscales, ont brandi des pancartes à la face de la brigade antiémeute, présente en force, et des pompiers pointant sur eux des canons à eau qu’à aucun moment ils n’ont eu besoin d’utiliser. Les manifestants ont faite mine de se diriger vers la place de l’Étoile, mais en ont été empêchés par le barage des forces de l’ordre se dressant devant eux, qu’ils n’ont pas cherché à forcer. La manifestation, organisée entre 10 heures et midi, a permis aux enseignants de démontrer qu’ils sont solidaires et de s’expliquer devant les caméras de télévision. Des explications qui ne sont pas de trop, notamment pour les parents d’élèves inquiets de la tendance à l’escalade qui marque le mouvement de protestation. En effet, un second jour de grève est prévu d’ordres et déjà par les enseignants, le 17 décembre, suivi si nécessaire par une grève générale ouverte si les dispositions contestées ne sont pas éliminées. Les revendications Ce que contestent les grévistes, c’est la remise en question de « droits acquis ». L’article 9 du projet de budget annule, en effet, le régime de réduction des heures de travail selon l’ancienneté, augmente le nombre des heures de travail, institue des impôts sur les indemnités de fin de service. De ce fait, les grévistes ont insisté hier sur le fait qu’ils ne revendiquent rien de nouveau, mais qu’ils défendent un terrain qui leur appartient et sur lequel le ministre des Finances veut empiéter. Par ailleurs, les enseignants des écoles privées sont en conflit avec le ministre de l’Éducation nationale au sujet de leur caisse d’indemnités, qui a cessé de fonctionner depuis l’assassinat, en juillet dernier, de sa présidente et de son trésorier. Reçue mardi soir par le ministre de l’Éducation nationale, une délégation des enseignants en est ressortie aussi frustrée qu’elle était entrée. M. Abdel Rahim Mrad souhaite soumettre ce cas du vide législatif et la manière de le combler, à la caisse au Conseil d’État. Les enseignants insistent pour proroger le mandat du conseil d’administration sortant, à la tête duquel devrait être nommé, selon eux, un enseignant légalement élu avant le drame. Les enseignants affirment en fait que le ministre de l’Éducation nationale n’a qu’un droit de regard sur la caisse et que ses prérogatives en la matière consistent à signer un décret de nomination. En refusant de le faire, insistent-ils, M. Mrad outrepasse ses prérogatives. Mise au pas idéologique de l’UL Les professeurs de l’UL ont fait cause commune, hier, avec les enseignants, car ils se considèrent, eux aussi, lésés par le projet de budget. Ils ont par ailleurs toute une série de revendications particulières à l’UL, notamment salariales. Ainsi, les professeurs réclament que la contribution de l’État au budget de l’UL, pour l’année 2002-2003, soit égale à ce qu’elle était l’année dernière (145,5 milliards de dollars), sachant qu’à ce jour , l’UL n’a reçu que 58% de ce budget et que l’État lui doit encore quelque 65 milliards de livres. Mais au-delà du respect des statuts de l’Université libanaise, de ses moyens financiers et de son indépendance, les professeurs luttent contre une volonté insidieuse du pouvoir politique de contrôler l’UL et de la « normaliser » idéologiquement. Ils contestent, notamment, une circulaire de la présidence du Conseil soumettant leurs déclarations à des autorisations préalables, ainsi que l’installation dans les secondes sections (les plus turbulentes) de directeurs relevant de partis idéologiques. Les grévistes ont reçu hier l’appui du nombreux députés, à commencer par celui de Mme Nayla Mouawad, qui s’est ennagée à contester les dispositions de l’article 9 du budget 2003 qui remettrait en cause leurs droits acquis. Des députés du Bas et du PSNS ont fait de même. Même le président de la Chambre aurait admis la justesse de leur point de vue. Il s’est trouvé cependant, hier, un député du Baas, Kassem Hachem, pour s’ériger en censeur de la manifestation et regretter que des slogans étrangers aux revendications corporatistes, par exemple en afveur de la souveraineté, aient été entendus. Ces slogans étant lancés par des « éléments infiltrés » dans les rangs des enseignants... Rappelons que la grève a affecté quelque 700 000 élèves et environ 70 000 étudiants de l’UL.
Avec la grève des enseignants des secteurs public et privé et celle des professeurs de l’ Université libanaise, c’est en fait la bataille du budget d’austérité 2003 qui est menée, une austérité dont les enseignants ne veulent pas faire les frais. En fait, c’est moins à l’austérité qu’ils en veulent qu’à une politique fiscale estimée injuste,...