Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Le BN a quitté la Rencontre un peu à cause de sa tiédeur

Que reste-t-il de nos amours, chantait Trenet. Une petite semaine après le divorce entre le Bloc national et Kornet Chehwane, accompagné de démissions courtoises au sein du parti, des interrogations persistent. Pour y répondre, il faut d’abord revenir un peu en arrière. Quand le parti a envisagé d’adhérer à la Rencontre, deux avis se sont opposés. Il y avait en effet, déjà, ceux qui étaient contre. D’abord parce que Kornet Chehwane se plaçait sous le toit de Taëf, contrairement à la position adoptée à cet égard par Raymond Eddé. Ensuite parce qu’elle était un mélange hétéroclite de partis et de personnalités aux opinions contradictoires. La cohésion n’étant pas son fort, elle risquait à tout moment de voler en éclats à cause des disputes entre ses membres. Une éventuelle dislocation par implosion aurait eu de fâcheux effets sur le parti. L’autre frange avait fait valoir alors que le Bloc devait dépasser la question de Taëf et intégrer la Rencontre, pour conforter une ligne principale commune axée sur les constantes comme la souveraineté, les libertés, la démocratie, l’indépendance et la décision nationale autonome. Cette jonction, ajoutaient ces cadres, n’empêcherait pas le Bloc national de rester opposé à Taëf, du moment que la Rencontre n’était pas un creuset dans lequel les partis devaient se fondre en perdant leur personnalité propre. Dans cet esprit d’ailleurs on a pu remarquer qu’à maintes reprises le Bloc national faisait suivre de ses commentaires propres les communiqués de la Rencontre, pour s’en démarquer sur certains points. En d’autres termes, la Rencontre était conçue comme un cadre unifiant l’objectif et non pas les rangs. Pourquoi n’avoir pas continué ainsi ? Parce que, répondent des sources informées, au fil des jours, le Bloc national s’est aperçu que la Rencontre s’attiédissait. Elle avait commencé par placer la barre très haut, au niveau en fait du communiqué souverainiste des évêques maronites dont elle s’inspirait. Puis, petit à petit, elle a paru s’éloigner des revendications essentielles. Plus exactement, sa position est devenue flottante, au gré de perpétuels tiraillements intérieurs opposant ses membres. Dès lors, la rédaction de chaque communiqué nécessitait un tour de force diplomatique. Finalement, selon ces sources, la Rencontre devenait une formation banale, ne se distinguant d’autres groupements que par sa composition exclusivement chrétienne à majorité maronite. Une formation opposante, à laquelle faisait face désormais un autre bloc chrétien constitué par les députés loyalistes. Et encore plus en face, une cellule mise sur pied par des musulmans, pour tirer à boulets rouges sur les membres de la Rencontre, sans distinction, en leur faisant assumer à tous la participation au congrès « maudit » de Los Angeles. Les patientes explications fournies à ce propos, les tournées effectuées à cette fin, n’avaient apparemment servi à rien. Les piliers de Kornet Chehwane se trouvaient bombardés des plus vilaines accusations, dont celle d’intelligence avec l’ennemi israélien ou de complot avec les Américains. Ils ont dû également assumer les réactions virulentes aux sorties enflammées qui avaient émaillé les discours de certains intervenants lors du fameux meeting d’Antélias. Ces sources en viennent ensuite à parler des élections au Metn. La Rencontre n’avait pu unifier ses positions à ce sujet. Il n’y a pas eu d’accord sur Ghassan Moukheiber. La bataille entre Gabriel Murr et Myrna Murr Aboucharaf concernait le président Amine Gemayel et Nassib Lahoud, mais non la Rencontre en tant que telle. Mais elle s’est trouvée impliquée, à cause des déclarations de certains et l’on a présenté la victoire de Gabriel Murr comme la sienne propre. Résultat final des courses : la MTV a été fermée et l’élection de Gabriel Murr a été invalidée. La Rencontre, manquant de moyens, n’a pu faire rouvrir la station de télé ni manifester, perdant ses armes face au pouvoir. Mais bien avant cela, ajoutent ces sources, des cadres du Bloc ont proposé la défection. Le parti s’en était du reste ouvert au président de la Rencontre, l’évêque Youssef Béchara, il y a plusieurs mois, ainsi qu’à d’autres membres du groupe. Il lui avait été demandé de patienter, les circonstances étant alors inopportunes. Par ailleurs, le Bloc, qui se veut laïc et symbiotique, pâtit de son appartenance à une coalition confessionnellement monochrome. Et de répéter que la Rencontre s’amollit sur le plan des revendications essentielles. De plus, il est clair aux yeux de tous que le Bloc se retire de la Rencontre mais non pas de la bataille, puisque les tirs d’en face sont également dirigés contre lui. Il ne tourne donc pas le dos à l’opposition en tant que telle. Émile KHOURY
Que reste-t-il de nos amours, chantait Trenet. Une petite semaine après le divorce entre le Bloc national et Kornet Chehwane, accompagné de démissions courtoises au sein du parti, des interrogations persistent. Pour y répondre, il faut d’abord revenir un peu en arrière. Quand le parti a envisagé d’adhérer à la Rencontre, deux avis se sont opposés. Il y avait en effet,...