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Actualités - OPINION

Ambiguïtés

Bkerké, conscience nationale : formule consacrée dans les milieux proches du pouvoir pour encenser le patriarche maronite tout en l’invitant, le plus diplomatiquement du monde, à se mêler le moins possible de tout ce qui se passe sur terre – c’est-à-dire de politique – et de se cantonner dans son rôle de prêcheur dominical. En d’autres termes, les loyalistes souhaiteraient que le cardinal Sfeir cesse aujourd’hui de soutenir le Rassemblement de Kornet Chehwane. Mais au fait, l’appuie-t-il vraiment ? Et pourquoi Mgr Sfeir se mure-t-il dans un silence de moins en moins supportable pour les partisans de l’opposition ? Deux explications possibles : la première est d’ordre doctrinal et relance l’éternel débat sur l’intervention de l’Église dans la vie politique. Qu’est-ce qui, dans la situation actuelle, revient à César ; qu’est-ce qui revient à Dieu ? Le catéchisme de l’Église catholique répond à cette question en affirmant que « le citoyen est obligé en conscience de ne pas suivre les prescriptions des autorités civiles quand ces préceptes sont contraires aux exigences de l’ordre moral, aux droits fondamentaux des personnes ou aux enseignements de l’Évangile ». Par extension, les droits fondamentaux sont d’abord consacrés par la Constitution, en l’occurrence aujourd’hui, les libertés d’opinion et d’expression. Au plan moral, Bkerké fait donc son devoir en résistant à l’oppression. Son mutisme s’explique mieux en revanche par la crainte d’une confessionnalisation de la crise politique. Sans doute conscient de ces appréhensions, le camp prosyrien en joue et reproche notamment au patriarche de se faire représenter par un évêque à la tête de KC. En outre, ce n’est pas un hasard si la Rencontre islamique constitue, en cas de manifestation, le pendant de Kornet Chehwane. C’est évidemment le meilleur moyen de neutraliser une opposition qui se montre parfois timorée parce que exclusivement chrétienne. D’où, sans doute, l’approche tentée jeudi par KC en direction du Forum démocratique islamo-chrétien. En effet, une alliance entre ces deux parties ôterait à l’opposition sa coloration confessionnelle. En tout état de cause, il revient au patriarche de définir une fois pour toutes la fonction exacte de l’évêque Youssef Béchara, de manière à lever toute équivoque sur le degré d’implication de l’Église maronite dans le mouvement d’opposition. La présence d’un prélat aux réunions de KC signifie-t-elle donc que Bkerké participe d’office, et donne ainsi son aval, aux décisions du Rassemblement ? S’agit-il simplement d’un « parrainage spirituel » destiné en pratique à donner un avis « sage » sur les questions débattues par les membres de l’opposition ? Autant de questions auxquelles le cardinal Sfeir devrait répondre au plus tôt s’il ne veut pas contribuer – involontairement bien sûr – à la confessionnalisation d’une crise que des pompiers pyromanes (pas forcément libanais) attisent sans scrupules. José JAMHOURI
Bkerké, conscience nationale : formule consacrée dans les milieux proches du pouvoir pour encenser le patriarche maronite tout en l’invitant, le plus diplomatiquement du monde, à se mêler le moins possible de tout ce qui se passe sur terre – c’est-à-dire de politique – et de se cantonner dans son rôle de prêcheur dominical. En d’autres termes, les loyalistes...