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Actualités - INTERVIEWS

Le ministre burkinabé de la Culture répond aux questions de « L’Orient-Le Jour » Ouedraogo : Le Burkina Faso n’a aucun intérêt à renverser le président Gbagbo

Le Burkina Faso. Au cœur de l’actualité francophone, et doublement. Un : le régime de Blaise Compaoré est accusé par le régime ivoirien en place de soutenir les rebelles du Nord. Et Ouagadougou, la capitale burkinabée, accueillera en 2004 le Xe Sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage. Une double occasion donc de rencontrer le ministre burkinabé de la Culture, à la tête de sa délégation lors de la Conférence ministérielle de la francophonie, mardi et mercredi derniers. Très respecté par ses collègues francophones, Mahamadou Ouedraogo, interrogé sur le nécessaire dépoussiérage de l’institution francophone, sur sa politisation, souligne sans ambages que l’institution ne peut pas se permettre de faire l’économie de cette seconde jeunesse. « Toutes les institutions, pour être efficaces, se doivent de s’adapter à la conjoncture. Mais il faut un consensus. » Un consensus, ça dilue, non ? « Sans doute un peu, mais au moins ça rabote les aspérités. Nous avons besoin d’une collégialité et d’une solidarité fortes. Et le consensus a plus d’avantages que d’inconvénients, et peut permettre à la francophonie d’être bien plus influente sur l’échiquier international. » Et pour lui, cette mutation n’est pas une question de nom ou d’homme, « c’est d’un véritable toilettage des textes dont nous avons besoin », souligne le ministre burkinabé. Mais au-delà de ce toilettage dont vous parlez, un travail sur le terrain, au niveau des peuples francophones eux-mêmes, n’est-il pas indispensable ? « Évidemment. Il y a bien plus de non-Français que de Français qui ont fait la francophonie. Parfois, les Français eux-mêmes utilisent l’anglais dans les rencontres internationales », regrette-t-il. Pour encore mieux enchaîner avec la diversité culturelle, au centre des débats de Beyrouth, « une question de la très haute importance, et qui doit être acceptée, assimilée, même par les Français ». Pourquoi ? « Nous sommes en phase avec les autorités françaises, mais les artistes, eux, veulent revenir à l’exception culturelle. Alors que pour nous francophones, autant il faut défendre la langue française, autant il s’agit aussi de promouvoir les autres langues de l’espace francophone. » Et la démocratie ? « Nous sommes pour une démocratie qui tienne compte des droits de l’homme. Et c’est désormais planétaire : avant, on parlait des droits collectifs, aujourd’hui, ce sont les droits de chaque individu qui priment. » Le Burkina Faso applique-t-il la Déclaration de Bamako ? « Nous l’avons signée, et nous l’appliquons. C’est une jeune déclaration, il faut du temps pour qu’elle soit appliquée », s’excuse-t-il presque, en faisant remarquer que le Liban a une « volonté forte » en ce sens. Après avoir souligné que les pays francophones du Nord ont un « devoir de solidarité » envers ceux du Sud. La crise ivoirienne enfin. Pour le ministre burkinabé, tout va très bien dans le meilleur des mondes entre Yamoussoukro et Ouagadougou. Les présidents Campaoré et Gbagbo s’étaient rencontrés, selon lui, au tout début de la crise, à Accra au Ghana. « Je n’ai jamais entendu parler de problèmes entre nos deux pays. Le président ivoirien n’a jamais accusé le Burkina Faso de soutenir les rebelles. Ce qui se passe en Côte d’Ivoire est très malheureux, tout cela doit se terminer. Nous n’avons aucun intérêt à renverser le président Gbagbo. Et nous avons trois millions de Burkinabés en Côte d’Ivoire », martèle-t-il. Précisant qu’il y a eu des « maladresses à Abidjan », que les médias ivoiriens ont présenté certains « chauffeurs » burkinabés « comme étant des rebelles. Ce que nous voulons, c’est la sécurité de nos concitoyens en Côte d’Ivoire », a répété le ministre burkinabé de la Culture. Qui a appelé l’institution francophone à poursuivre sa médiation, à « ne jamais cesser de travailler en faveur du dialogue. Sans dialogue, la confrontation est obligatoire », a-t-il conclu. Ziyad MAKHOUL
Le Burkina Faso. Au cœur de l’actualité francophone, et doublement. Un : le régime de Blaise Compaoré est accusé par le régime ivoirien en place de soutenir les rebelles du Nord. Et Ouagadougou, la capitale burkinabée, accueillera en 2004 le Xe Sommet des chefs d’État et de gouvernement des pays ayant le français en partage. Une double occasion donc de rencontrer le...