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Le nouveau secrétaire général de l’OIF, un disciple de Senghor Diouf à « L’Orient-Le Jour » : « Quand les principes de la francophonie sont violés, il faut réagir »
Par JALKH Jeanine, le 21 octobre 2002 à 00h00
Sa désignation à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) est un hommage à Léopold Sédar Senghor, le père fondateur de la francophonie mondiale. Abdou Diouf le dit et l’affirme haut et fort : « Je n’ai certes pas son talent de poète, ni d’homme de culture. Je connais ses idées politiques et je me battrais pour les défendre, pour les accorder au temps présent et à l’avenir ». Celui qui a été « son « parrain spirituel », comme il dit, lui a montré le chemin qui mène à une francophonie plurielle, une francophonie engagée. Au plan politique, certes, mais surtout économique, un dossier sur lequel le nouveau secrétaire général devra plancher immédiatement. « Il s’agit de donner un nouveau souffle à la francophonie, et cela sur tous les fronts», affirme M. Diouf qui considère l’OIF comme « une communauté linguistique, mais en même temps une communauté politique qui veut avoir une dimension économique ». Pour l’instant, la priorité est au développement. « Il faut que je consolide les acquis et que je donne un nouvel élan, non seulement sur le plan linguistique, mais surtout sur le plan économique : nous allons dans deux ans parler des liens entre la francophonie et le développement durable et solidaire », a-t-il affirmé en allusion au prochain Sommet qui se tiendra en 2004, à Ouagadoudou, au Burkina Faso. Passionné pour les affaires publiques, Abdou Diouf a débuté sa carrière dans l’ombre de Léopold Sédar Senghor, avant d’être lui-même président du Sénégal pendant 17 ans et de subir dignement une défaite électorale qui a signé sa retraite politique. Socialiste battu à la présidentielle de mars 2000 par le libéral Abdoulaye Wade, il a accepté la défaite et, sans attendre le résultat de l’élection, a félicité son adversaire, gagnant par là ses galons de démocrate et donnant de son pays l’image d’un modèle d’alternance tranquille. Le président Wade le lui a bien rendu, en soutenant sa candidature, hier, face à son concurrent, Henri Lopes, après quelques « hésitations » selon les propres termes du président sénégalais. « Tout ce que je peux dire c’est que c’est lui qui a proposé ma candidature au poste du secrétaire général, il s’est battu, il a fait campagne et je suis sûr qu’il me soutiendra à l’avenir. Pour ce qui est de ses hésitations, c’est à lui qu’il faut poser la question. » Le secrétaire général compte-t-il prendre une initiative concrète par rapport à la crise ivoirienne? « Il y a déjà des pays et des organisations qui sont à l’œuvre. Ce que la francophonie peut faire, c’est appuyer les actions qui sont en cours. Si les organisations régionales ou sous-régionales échouent, c’est là où l’OIF doit agir ». La question du respect des droits de l’homme et de la démocratie figurent également sur son agenda. « La volonté politique existe», dit-il. Reste à se doter des moyens et des structures nécessaires pour sa mise en œuvre. Pour cela, M. Diouf préconise la création d’un observatoire de la démocratie, ou à défaut de renforcer la délégation chargée des droits de l’homme, « de manière à pouvoir suivre au jour le jour le processus démocratique ». Le recours aux sanctions prévues dans la Déclaration de Bamako doit être le recours ultime, la priorité devant être donnée à la formation et à l’éducation aux principes. « Mais, quand les valeurs et les principes sur lesquels notre organisation est fondée sont violés, il faut réagir sinon ce n’est pas la peine de prôner ces principes », dit-il. Exprimant ses réserves sur l’élargissement de la francophonie – les nouveaux États doivent selon lui faire « preuve de brevets de francité » – Abdo Diouf accueille favorablement une éventuelle adhésion de l’Algérie à la communauté francophone. « Je le souhaite de tout mon cœur. Tous les États membres doivent essayer, comme on dit en rugby, transformer cet essai, pour que l’Algérie devienne membre à part entière ». « La présence (à Beyrouth, du président algérien Abdelaziz Bouteflika) a été perçue comme un événement particulièrement heureux, parce que nous nous sentions tous un peu orphelins de ne pas avoir la grande Algérie dans cet espace francophone », a commenté M. Diouf. Marié à une chrétienne, « à moitié libanaise », père de 4 enfants, Abdou Diouf est considéré comme un sage, un musulman tolérant. « Je suis un fervent militant de la laïcité ». Une laïcité qu’il a merveilleusement incarnée durant ses trois mandats successifs, dans un des rares pays multiethniques et multireligieux de l’Afrique qui a réussi à transcender les divergences. Bien plus qu’une institution, ou un ensemble de règles juridiques, la démocratie est, pour lui, un comportement, une culture. « C’est ce qui a assuré à mon pays de longues années de stabilité », dit-il en réponse à une question. « Nous avons eu la chance d’être dirigés par un homme exceptionnel, qui nous a tous formés. Un conciliateur, un homme de dialogue », dit-il, louant à nouveau le président Senghor. Jeanine JALKH
Sa désignation à la tête de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) est un hommage à Léopold Sédar Senghor, le père fondateur de la francophonie mondiale. Abdou Diouf le dit et l’affirme haut et fort : « Je n’ai certes pas son talent de poète, ni d’homme de culture. Je connais ses idées politiques et je me battrais pour les défendre, pour les accorder...
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