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Actualités - CHRONOLOGIE

Bouteflika entretient le suspense sur l’adhésion de l’Algérie à l’OIF « Le terrorisme politique est battu en Algérie : il reste une forme de banditisme », déclare le chef de l’État algérien(photo)

Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, qui avait créé la surprise en participant au IXe Sommet, n’a pas voulu préciser si son pays compte rejoindre l’Organisation internationale de la francophonie. « Je veux entretenir le suspense », a-t-il indiqué à un groupe de journalistes libanais et arabes qui l’ont interviewé hier en soirée. Pourtant, en se pliant à leurs questions, M. Bouteflika a évalué les actions de la planète francophone, le rôle culturel que pourrait jouer la francophonie, notamment sur le plan de la mondialisation. Le président algérien a aussi relevé que sa participation au IXe Sommet francophone s’explique par le fait que l’invitation est venue d’un pays arabe et frère qui accueille l’événement. « C’est aussi l’insistance amicale de beaucoup d’amis, notamment du président français Jacques Chirac, et le thème du sommet – le dialogue des cultures – qui m’ont encouragé à venir à Beyrouth », a -t-il indiqué. Pour le président Bouteflika, « il est temps pour l’Algérie, quarante ans après l’indépendance, de s’ouvrir au monde ». Développant cette idée, il a indiqué que « la décolonisation s’est faite d’une manière continue après l’indépendance ». « Nous ne portons pas de rancune et de rancœur à l’égard de la France ; nous sommes conscients de nos moyens », a-t-il dit, rappelant que récemment le Parlement français a pris une décision courageuse concernant l’histoire de la guerre d’Algérie et que des généraux qui étaient présents sur le terrain ont publié des livres relatant la torture. Pour M. Bouteflika, l’identité nationale algérienne s’est construite petit à petit, « ethniquement nous sommes des Berbères, et culturellement nous sommes arabes et musulmans ». Une voie francophone ? « Si la francophonie devait se transformer d’une entreprise culturelle en une entreprise politique, l’Algérie devrait y avoir sa part », indique le président algérien, soulignant que « comme nous sommes membres de la Ligue arabe, de la Conférence islamique et des non-alignés, nous sommes aussi membres et partie prenante dans ce débat qui unit les pays de la langue française surtout quand il œuvre en faveur du rapprochement des peuples ». Selon sa vision des choses, la francophonie ne peut pas devenir une entité rigide, « un bloc monolithique ». « Les pays qui ont le français en partage se trouvent dans les cinq continents et ont la possibilité d’être les ambassadeurs de la planète francophone auprès de l’opinion mondiale », indique M. Bouteflika, mettant l’accent sur « la vocation de civilisation » de la francophonie. Le président algérien est apparemment lié par une grande amitié avec le président de la République française. « Je parle en tant qu’Africain et qu’Arabe, M. Chirac a pris la parole pour tous ceux qui sont sans voix ; il dit tout haut ce que les autres pensent tout bas », dit-il. « Il n’est pas le seul à le faire, les Canadiens, les Belges et d’autres Européens le font à leur manière », relève M. Bouteflika, espérant probablement trouver une nouvelle entité qui pourrait jouer un rôle face aux États-Unis. « La mondialisation doit être humanisée et la francophonie peut être l’un des forums qui essayera de donner une dimension humaine à cette mondialisation », dit-il. Quarante ans après l’indépendance, et le changement mondial et algérien, la langue française n’implique plus une quelconque aliénation ? M. Bouteflika a indiqué à L’Orient-Le Jour qu’en Algérie « la langue française ne constitue ni un faire-valoir ni un handicap. Comme le disait l’un de nos écrivains, elle est un bulletin de guerre », rappelant que « la déclaration du 1er novembre 1954 (ndlr : point de départ de la guerre d’indépendance) était rédigée en français ». « Je pense aussi que nous sommes les derniers du monde à savoir encore utiliser l’imparfait du subjonctif, je crois que les Français éprouvent quelque fierté d’avoir eu d’aussi bons élèves », dit-il. Est-ce que avant de venir au Liban pour prendre part au sommet francophone, le président Boutefilka a prévenu les Algériens dont certains voient encore dans la langue française une relique du colonialisme, n’appréhende-t-il pas la réaction des fondamentalistes musulmans ? « Je n’ai peur que de Dieu, je n’ai pas peur des fondamentalistes », dit-il encore à L’Orient-Le Jour. « Certes, tous les Algériens ne me soutiennent pas, mais je suis responsable du peuple algérien. J’ai la majorité et je gouverne au nom de cette majorité. Je fais mon devoir et j’assume entièrement mes responsabilités au nom du peuple algérien. » « Il faut accepter les cacophonies, ne sont-elles pas elles aussi une expression musicale ? » se demande-t-il. M. Bouteflika reprend encore : « Je n’ai peur que de Dieu, le terrorisme politique est battu en Algérie, il reste une forme de banditisme. Mais le peuple algérien finira par avoir le dernier mot, il vaincra. » Patricia KHODER
Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, qui avait créé la surprise en participant au IXe Sommet, n’a pas voulu préciser si son pays compte rejoindre l’Organisation internationale de la francophonie. « Je veux entretenir le suspense », a-t-il indiqué à un groupe de journalistes libanais et arabes qui l’ont interviewé hier en soirée. Pourtant, en se pliant à leurs...