Vu et entendu

« Le général Émile Lahoud, président de la République libanaise, prie M. Untel de bien vouloir assister à la cérémonie solennelle d’ouverture du IXe Sommet de la francophonie, le vendredi 18 octobre 2002, à 10 heures au Biel, centre international d’expositions et de loisirs de Beyrouth. Tenue de ville ou costume national. Cette invitation est strictement personnelle. Elle sera exigée à l’entrée. Les places qui vous sont réservées ont la même couleur que celle sur le carton. » C’est là le texte de l’invitation lancée à quelque 2 500 personnes. Et placées selon la couleur de leur carton, bleu, jaune, rouge ou violet, correspondant à leur statut. L’heure du rassemblement était fixé entre 6h50 et 7h05. La cérémonie devant débuter à 10 heures. Le tiers de la salle était vide ! – Mais commençons par le début. Le maître de cérémonie était le ministre Marwan Hamadé qui a présenté le programme de cette longue matinée ponctuée dès 6h30 par la projection de trois films proposés par les ministères du Tourisme, de la Culture et la MEA. Mais aussi par trois intermèdes musicaux avec Charbel Rouhana et son orchestre ; l’Orchestre national libanais de musique arabo-oriental ; Zad Moltaka, son quartette et Fadia el-Hajj qui ont accueilli l’entrée en scène des chefs d’État et de gouvernement. – Thème central : « Dialogue des cultures ». Le slogan version libanaise se déclinait à la première rangée de l’assistance, par une brochette de cultures et d’influences. Le patriarche maronite, le cheikh Akl druze, le mufti de la République, cheikh Kabalan, NN.SS. Audeh et Khodr, installés côte à côte pour la circonstance. Quelques minutes plus tard, le secrétaire général du Hezbollah, sayyed Hassan Nasrallah, faisait une entrée spectaculaire, suivi d’un essaim de photographes. Il a fallu les évacuer de force. – En voisins, Walid Joumblatt entouré du ministre Cardahi et de Nasri Khoury. Mais aussi, Nayla Moawad, Hussein Husseini, Sélim Hoss, Omar Karamé, les anciens chefs d’État Élias Hraoui et Amine Gemayel, Salah Honein, Samir Azar (président de la section libanaise de l’Assemblée parlementaire de la francophonie). Mais la liste est longue. – Grande absente, la jeunesse universitaire, force d’avenir. Elle n’a pas été invitée, nous dit-on. – À savourer, à 7 heures du matin, l’éternelle féminin libanais. On en a vu de diamantées. Vêtues de dentelle. Des lèvres violemment carmin. Et les yeux regorgeant de sommeil. – Côté épouses des chefs d’État ou de gouvernement, aucun chichi. Tailleur (jupe-veste) classique ou costume national, mais les couleurs éclataient avec gaieté dans cette assemblée solennelle. – Les hôtesses d’accueil de l’agence « Céphée » arboraient un badge anglophone : « Hostess » ! – Quant à celles de « Diffa », elles ont provoqué un rassemblement d’Africains : « C’est le nom d’ une région du Niger », se sont-ils exclamés. – La diaspora libanaise a contribué personnellement au voyage de la délégation du Bénin. – L’entrée en scène des 55 chefs d’État et de gouvernement s’est étalée sur plus de 15 minutes. Ils sont arrivés à la tribune, par ordre alphabétique, chacun accompagné d’une hôtesse. L’assemblée comme mue par un ressort, bondissait, applaudissait puis se rasseyait. Donnant lieu à des commentaires inopportuns. Selon une source qui a requis l’anonymat, c’est à la demande de Walid Joumblatt (qui l’a soufflée à l’oreille de M. Hariri) que cette gymnastique matinale a été arrêté... jusqu’au rassemblement général de tous les dirigeants. – S.A.S Albert de Monaco s’est penché longuement sur le discours du président libanais. Un fascicule très élégant, frappé du cèdre doré et imprimé en trois langues. – Shocking. Dès la fin de l’intervention de M. Chirac, la salle s’est pratiquement désemplie. Les invités libanais ont quitté par hordes, alors que Amare Moussa prenait la parole. – Le soir, les invités du général Lahoud ont dîné au palais présidentiel où ils s’étaient rendus en pullman, et en empruntant le trajet Phoenicia-centre-ville-Baabda. Étaient également présents, les présidents Hraoui, Hussein Husseini, Amine Hafez, Omar Karamé, Sélim Hoss et le député Michel Murr. Au menu : hors d’œuvres divers, « sayadiyé », poulet grillé à l’orientale, riz basmati aux truffes, glace « sahlab », fruits et café. M.M.