Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Code électoral - La hache de guerre est enterrée Les loyalistes soutiennent qu’ils n’avaient en vue que le dialogue

Ils sont trop verts, dit le renard de la fable, en s’en allant la queue basse, la langue pendante, après avoir guigné des raisins placés trop haut sur la treille. Quand on n’atteint pas son objectif, toutes les excuses sont bonnes. Après avoir mis le feu aux poudres avec leur petite affaire de Liban circonscription unique et de Sénat, les loyalistes soutiennent maintenant que cette proposition n’avait pour but que de relancer le dialogue. De normaliser le climat politique, en somme. Une attitude paradoxale, ou contradictoire, venant d’un camp qui a lui-même embrasé le ciel d’automne. Cette soudaine machine arrière s’explique sans doute par l’injonction de retour au calme sous-entendue dans les récents commentaires du chef de l’État. Protestant de leur bonne foi, avec une conviction qui en fait douter, dixit un opposant, les loyalistes n’hésitent pas à s’indigner presque des réactions, excessives à leur avis, que leurs idées ont suscitées. En répétant, au risque de faire également douter de leur sérieux, qu’il ne s’agissait somme toute que de tâter le terrain. Mais pour être loyal, sans être loyaliste, il faut un peu prêter l’ouïe aux justifications fournies après coup par les responsables. Ils indiquent d’abord qu’il était du devoir du ministre de l’Intérieur de susciter un débat actif sur le code électoral, vu qu’il lui revient d’en préparer le projet. C’est pourquoi, ajoutent-ils, il a lancé l’idée d’une seule circonscription sur base législative aconfessionnelle, accompagnée de la création d’un Sénat à quotas habituels. À les en croire, la preuve même qu’il n’y avait là qu’un coup de démarreur tient dans la position affichée par Baabda pour remettre les pendules à l’heure et gommer tout malentendu. On sait en effet que le président Lahoud a, succinctement mais clairement, précisé qu’il reste ouvert à toutes les suggestions en ce qui concerne la loi électorale. Donc qu’il n’a encore retenu aucune option définitive, pour sa part. Il a toutefois donné des indications, également très claires, sur ses préférences de base: un texte qui assure la stabilité politique, les équilibres communautaires et favorise l’essor de l’État, en renforçant l’appartenance nationale et en éliminant les parasitages des extrémistes de toutes confessions. Mais, comme le veut l’adage, l’homme propose et les divinités, ou les démiurges, disposent. Ainsi, avant les élections précédentes, les dirigeants locaux avaient défini leurs souhaits propres: une loi qui serait la même pour tous. Et c’est tout à fait le contraire qui leur a été imposé, comme l’a avoué par la suite Sélim Hoss. Aujourd’hui, certains indices permettent de penser que les tuteurs sont loin d’avoir fait leur choix. Et s’ils ont inspiré, comme il se raconte, la proposition des loyalistes, ce serait à titre purement tactique. Mais pourquoi cette impression ? Parce que, selon beaucoup d’observateurs, il serait autrement étonnant que la plupart des figures de proue proches des décideurs se soient dressées contre le projet, comme elles l’ont fait. Parfois avec éclat. Ainsi, Sleiman Frangié a tenu à confirmer, sur le perron même de Bkerké, qu’il condamne absolument des vues destinées, selon lui, à fondre dans l’acide les droits légitimes, et démocratiques, des composantes du pays, au profit de la dictature du nombre. Le jeune ministre a également égratigné les loyalistes bon teint, en stigmatisant le climat malsain de tension que leur projet a provoqué. Il a par contre souligné que le chef de l’État se démarque de cette proposition et s’efforce de promouvoir une loi qui unisse les Libanais, non qui les divise. Autre indice apparemment probant: Walid Joumblatt, qui a pris la précaution avant de se prononcer de se rendre auprès d’Assad à Damas, s’est gaussé à son retour de ceux qui croient lui faire plaisir en proposant un Sénat. Lundi soir, au dîner donné par Nazem Khoury à Amchit, il a répondu à une question sur le projet en conseillant à ses auteurs « de tisser leur trame avec une autre aiguille ». Auparavant, Fouad es-Saad, qui fait partie du bloc Joumblatt, avait mené une vigoureuse contre-campagne, marquée par plusieurs déclarations, contre le Liban circonscription unique. On peut également citer les fermes refus émanant d’Omar Karamé, de Nagib Mikati et autres Mohsen Dalloul. Toujours est-il que le pouvoir, à l’instar du département de l’Énergie, s’emploie désormais à réduire le dangereux taux d’électricité relevé dans l’air ambiant ces derniers temps. Dans cet esprit, peut-être inspiré par l’Olympe extérieur, il est possible, pensent les professionnels, que l’affaire de la MTV soit réglée sur base d’un arrangement politique global. Selon ces sources, la station rouvrirait mais serait politiquement neutralisée d’une façon ou d’une autre. D’autant qu’il serait demandé à l’opposition de ne plus trop faire de vagues. Au nom, d’abord, d’une trêve pour le Sommet de la francophonie. Au nom, ensuite, de Paris II. Il n’est pas étonnant dès lors d’entendre de nouveau les loyalistes faire l’apologie de l’entente nationale et du modérantisme. Mais c’est aussi bien, se console un opposant qui connaît assez les Écritures pour relever qu’il y a plus de place au ciel pour un pécheur repenti que pour 99 justes. Philippe ABI-AKL
Ils sont trop verts, dit le renard de la fable, en s’en allant la queue basse, la langue pendante, après avoir guigné des raisins placés trop haut sur la treille. Quand on n’atteint pas son objectif, toutes les excuses sont bonnes. Après avoir mis le feu aux poudres avec leur petite affaire de Liban circonscription unique et de Sénat, les loyalistes soutiennent maintenant que...