Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

TOURISME - Pierre Achkar, président de la municipalité de Broummana et du syndicat des hôteliers, fait le point avec «L’Orient-Le Jour» II- Bhamdoun et Aley de nouveau sur les rangs, le Metn doit revoir sa copie(photos)

À la fois président de la municipalité de Broummana et président du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar fait le point sur la saison d’été de la petite station du Metn. Station qui « vit une période de transition » et dont il faut impérativement revoir les stratégies. Répondant par la même occasion à ses détracteurs, principalement les commerçants, qui l’accusent de se désintéresser de leur sort, il énumère les actions entreprises par la municipalité de Broummana ainsi que les projets qui visent à en développer les souks, dans le respect du cachet traditionnel du village, de manière à attirer plus de touristes (voir «L’Orient-Le Jour» du lundi 9 septembre). Suite au boom qu’ont connu, cet été, les régions de Hammana, Aley et Bhamdoun, mais aussi la région du centre-ville, il est devenu impératif de revoir les plans touristiques du Metn. La relance et le développement des anciens pôles d’attraction touristique ont drainé un mouvement de masse tel, qu’il s’est répercuté sur le volume de fréquentation d’un certain nombre de stations touristiques du Metn dont Broummana. En fait, note Pierre Achkar, « si le nombre de touristes étrangers au Liban a nettement augmenté cette année, les vacanciers s’éparpillent et ne se concentrent plus dans une seule région ». Cependant, précise le président du syndicat des hôteliers, « la situation à Broummana relève plus d’un statu quo que d’un recul, d’autant plus que nous assistons à une certaine stabilité depuis trois ans. Ainsi, les deux mois de juillet et d’août ont été relativement bons pour les hôteliers de la localité, notamment les hôtels de luxe qui avouent dans l’ensemble un taux d’occupation de 85 % ». Mais, constate-t-il, citant à titre d’exemple l’hôtel Printania dont il est le propriétaire, « durant la période allant de mai à novembre, le taux de remplissage a été inférieur à la moyenne des années précédentes ». Et M. Achkar de préciser que ce taux, pour ce qui est de son hôtel, a augmenté de 3% cet été, mais a diminué de 10% au cours de l’hiver passé. « Notre saison dure effectivement deux mois et nous ne pouvons survivre en travaillant uniquement deux mois par an, observe-t-il. C’est la raison pour laquelle nous envisageons de faire de cette station estivale une destination annuelle à l’intention tant des étrangers que des Libanais. » Les visas, un frein pour le tourisme Évoquant, à cet effet, les initiatives envisagées pour le développement de Broummana, Pierre Achkar mentionne une étude financée par Usaid, qui ne se limite pas à ce seul village, mais met en valeur le potentiel de la région entière, englobant les localités s’étendant de Aïn Saadé à Zaarour. Les instances touristiques de cette zone, qui dans son ensemble, représente la destination idéale des vacanciers appartenant aux catégories moyennes et supérieures, entendent, par ailleurs, encourager les investisseurs à développer, tout au long de l’année, des activités familiales ayant trait à la santé, aux sports et aux loisirs. De même, en développant les activités culturelles, cette région espère devenir un pôle d’attraction pour les amateurs de musique ou de théâtre. Cependant, ce projet ne suffit pas, à lui seul, à faire revivre une région minée par la crise économique et dont le développement est entravé par la concurrence d’autres stations. « C’est une politique globale d’encouragement du secteur touristique que le gouvernement doit adopter », insiste M. Achkar, ajoutant que celle-ci se met progressivement en place. Et s’il salue la construction de la voie expresse reliant le Metn au littoral, il déplore, néanmoins, l’inexistence de réseaux d’égouts dans certains quartiers de Broummana et de stations d’épuration, dont l’aménagement nécessite à lui seul 5 millions de dollars. Par ailleurs, Pierre Achkar montre du doigt les barrières administratives rigides qui freinent l’octroi de visas aux touristes Égyptiens et Jordaniens. « Le seul moyen de développer le tourisme interarabe, propose-t-il, serait d’éliminer les visas, dont les formalités découragent bon nombre de ressortissants étrangers. » Répondant en sa qualité de président de la municipalité de Broummana, aux critiques des commerçants qui lui reprochent de ne pas prendre leurs problèmes en considération, Pierre Achkar énumère les innombrables besoins de la localité auxquels il doit faire face, moyennant un budget de 600000 millions de livres libanaises par an. Réfection des routes, ramassage des ordures, propreté du village, éclairage des routes, création et arrosage d’espaces verts, aménagement de réseaux d’égouts, revêtement des murs de pierre de taille, construction de murs de soutènement, aménagement de trottoirs à l’intention des adeptes du jogging, sont quelques-unes des responsabilités de la municipalité. Quant aux agents municipaux, ils se relayent nuit et jour durant la pleine saison pour régler la circulation, limiter la musique folle dans l’espace et le temps ou calmer l’ardeur des fêtards. Les commerces de luxe manquent à Broummana « Avec le maigre budget dont dispose la municipalité, poursuit-il, je ne peux m’occuper que du « make up » du village, alors qu’il faudrait des millions de dollars pour réaliser tous les projets qui me tiennent à cœur.» Et de faire état, à ce propos, du projet de réfection des vieux quartiers de Broummana, qui consiste à aménager un souk au sein d’une zone piétonne, à restaurer les façades des maisons, à construire des trottoirs et à créer un jardin public de 25 000 mètres carrés. « Certes, précise-t-il, mener à bien ce projet implique qu’il faudrait recourir à des expropriations, mais Broummana est un petit village qui manque cruellement d’espace ». Répondant de même à ses détracteurs qui lui reprochent d’avoir majoré la taxe municipale malgré la récession, Pierre Achkar remarque que les commerçants paient des taxes annuelles inférieures à 300 dollars, alors que les besoins de la région augmentent considérablement. « Durant l’été, observe-t-il, les vacanciers ne manquent pas et les commerces, hôtels et restaurants de qualité sont pris d’assaut par les touristes arabes. Malheureusement, les commerces de luxe, tant prisés par la clientèle du Golfe, sont inexistants dans la localité ». Quant aux commerçants qui accusent une baisse de leur chiffre d’affaires en cette période de récession, « ils doivent cerner leurs problèmes et réviser leur stratégie de travail afin de l’adapter à la demande de la clientèle », remarque-t-il, ajoutant que l’offre ne correspond pas toujours à la demande. Par ailleurs, poursuit-il, si les commerçants ne parviennent pas à se mettre d’accord sur certains points et à former leur propre association, cela n’est nullement du ressort de la municipalité. En revanche, déplore-t-il, le manque de parkings, dont se plaignent à la fois commerçants et restaurateurs, est un problème qui touche l’ensemble du village, regrettant que la municipalité ne possède aucun terrain qui puisse être transformé en parking public, d’autant plus qu’elle est dans l’impossibilité d’en acquérir un, vu la cherté du prix des terrains. Broummana a certes un grand nom, mais c’est une petite municipalité qui ne peut rien faire sans ses voisins, conclut Pierre Achkar. C’est pourquoi tous les villages de la région doivent travailler de concert, tout en préservant leur cachet propre, pour redynamiser le secteur touristique et attirer la clientèle libanaise, dans un premier temps. « Car c’est le Libanais qui fait la pluie et le beau temps. Et ce n’est que le Libanais qui attirera le touriste étranger dans cette région du Metn ». Anne-Marie EL-HAGE
À la fois président de la municipalité de Broummana et président du syndicat des hôteliers, Pierre Achkar fait le point sur la saison d’été de la petite station du Metn. Station qui « vit une période de transition » et dont il faut impérativement revoir les stratégies. Répondant par la même occasion à ses détracteurs, principalement les commerçants, qui l’accusent...