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Actualités - CHRONOLOGIE

« Une décision foncièrement politique », souligne Aridi

Le ministre de l’Information, Ghazi Aridi, a stigmatisé la décision de fermeture de la MTV, affirmant qu’elle est le fruit d’une décision foncièrement politique. À sa sortie hier soir du siège de la MTV, à Achrafieh, M. Aridi a déclaré : « Cette décision est totalement basée sur des considérations politiques. La volonté de fermer la MTV remonte à près de deux mois. Avec tout le respect que je dois à la justice, je voudrais souligner que ceux qui ont soulevé cette affaire au niveau politique devraient commencer par rendre des comptes pour ce qu’ils ont fait à la télévision étatique qui appartient à tous les citoyens (allusion aux clips électoraux anti-Hariri diffusés par Télé-Liban lors des élections législatives de 2000, sous le cabinet de M. Selim Hoss). Aujourd’hui, le problème est politique, dans toute l’acception du terme. J’assume la responsabilité de mes propos. J’aurais souhaité que les choses prennent une autre tournure, d’autant que nous nous sommes engagés sur la voie d’un dialogue politique qui a créé un climat positif dans le pays. Nous préparons le budget 2003 et nous sommes à la veille d’un vaste débat entre toutes les forces politiques. C’est un autre climat (que celui créé par la fermeture de la MTV) qui aurait dû régner. » M. Aridi a, d’autre part, stigmatisé le comportement des forces de l’ordre devant le siège de la MTV, à Achrafieh. « Avec le respect que je dois aux forces de sécurité, j’estime qu’il est inadmissible de traiter les journalistes de cette façon, a déclaré M. Aridi. Ce n’est pas la première fois que cela se produit. Je ne peux que rejeter un tel comportement avec les journalistes ou les citoyens. L’application de la décision de fermeture a été marquée par des débordements qui ont visé des citoyens ordinaires qui étaient présents dans le bâtiment. » Les responsables des médias et de la presse menacent de recourir à l’escalade Les directeurs et les responsables des principaux organes de presse et médias audiovisuels privés ont tenu hier soir, dans l’un des bureaux encore accessibles au siège de la MTV, à Achrafieh, une réunion extraordinaire en présence du président du syndicat des journalistes, Melhem Karam. À l’issue des débats, qui se sont poursuivis jusque tard en soirée, M. Karam a donné lecture d’un communiqué dans lequel les responsables des médias et des organes de presse ont exprimé leur soutien « unanime » à la MTV et ont menacé de recourir à des mesures d’escalade si les autorités concernées ne reviennent pas sur leur décision de fermer la MTV. Les représentants des organismes syndicaux et professionnels ont été convoqués à une réunion urgente qui se tiendra aujourd’hui, à 11 heures, au siège du syndicat de la presse. « Dès l’annonce de la mesure inique prise à l’encontre de la MTV, souligne le communiqué, les représentants des médias ont exprimé leur solidarité totale avec la chaîne de télévision et ont condamné fermement la décision de fermeture. Celle-ci a visé le bâtiment de production, à Naccache, qui relève d’une société indépendante de la MTV et qui ne diffuse pas des émissions télévisées. La fermeture de la MTV constitue une atteinte à la démocratie et à la liberté d’expression. Soulignant la nécessité de sauvegarder les libertés publiques et soucieux de voir la justice jouer le rôle de garant de la démocratie, les personnes présentes soulignent que la fermeture de la MTV constitue un précédent injustifiable que nul ne saurait passer sous silence. Les personnes présentes ont souligné à l’unanimité leur refus de cette décision et réclament son annulation immédiate. » Après avoir affirmé qu’ils se considéraient tous concernés par la mesure prise contre la MTV, les responsables des médias ont souligné que la réunion d’ajourd’hui, au syndicat de la presse, prendra les mesures d’escalade qui s’imposent si la décision de fermer la MTV n’est pas remise en question. Après la lecture du communiqué, M. Gébrane Tuéni, directeur général d’an-Nahar, a affirmé que des mesures concrètes seront décidées aujourd’hui afin d’obtenir l’annulation de la décision de fermeture. « Nous ne nous contenterons pas de ce communiqué (rendu public hier soir) et nous nous opposerons à cette décision », a souligné M. Tuéni qui a tenu à préciser que l’affaire de la MTV ne s’inscrit pas dans le cadre d’une politique des axes mais représente essentiellement une bataille pour la défense des libertés publiques. Notons qu’avant la réunion des responsables des médias, M. Karam avait conféré au Palais de justice avec le procureur général près la Cour de cassation, Adnane Addoum. La brigade antiémeutes à Naccache Hier, deux heures durant, Naccache a vécu un « couvre-feu » imposé par les forces de l’ordre veillant à la fermeture du bâtiment de la MTV. Toute entrée y était interdite. On pouvait uniquement quitter la région. Devant ce déploiment des forces armées, à chaque croisement, on aurait cru qu’une émeute sanglante s’était produite devant le bâtiment. En fait, rien ne se passait. Quelque cent soldats attendaient, patiemment, le départ des enfants ayant participé au tournage de l’émission La mine el malayin junior. « Nous étions en plein tournage quand les responsables de la sécurité sont entrés pour nous avertir de la présence des forces de l’ordre. Nous avons alors évacué le local en toute vitesse », explique M. Camille Tanios, metteur en scène de l’émission. Une heure durant, les forces de l’ordre ont attendu la sortie des derniers employés. Puis, elles ont fixé sur la porte du bâtiment le texte du jugement du tribunal et ont scellé la porte à la cire rouge. Le texte est écrit à la main sur un bout de carton ! Dans le cadre de cette mobilisation sécuritaire, les forces de l’ordre ont fait appel au régiment antiémeutes de Jdeideh. Une centaine d’hommes, vêtus de noir, matraques à la main, sont venus attendre des « rebelles » qui ne pensaient même pas venir ! Les habitants de Naccache étaient choqués et outrés. Ils n’arrivaient pas à croire qu’un tel déploiement pouvait se faire contre des Libanais désarmés. Ils étaient tiraillés entre la peur des forces armées et le devoir d’agir pour tenter de sauver « notre MTV ». La situation hier à Naccache se résume par cette réflexion du leader du PNL, Dory Chamoun : « On se croirait dans un champ de bataille pour la libération d’une terre occupée. » Joanne FARCHAKH
Le ministre de l’Information, Ghazi Aridi, a stigmatisé la décision de fermeture de la MTV, affirmant qu’elle est le fruit d’une décision foncièrement politique. À sa sortie hier soir du siège de la MTV, à Achrafieh, M. Aridi a déclaré : « Cette décision est totalement basée sur des considérations politiques. La volonté de fermer la MTV remonte à près de deux...