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Actualités - OPINION

Les particules élémentaires

Le bureau de presse de l’émir al-Walid ben Talal ben Abdel Aziz a critiqué, dans un communiqué publié avant-hier dimanche, la gestion du dossier du cellulaire, s’interrogeant sur les raisons qui ont bien pu pousser le gouvernement à résilier le contrat avec les deux sociétés qui exploitent le réseau, sans prévoir, au préalable, un plan clair pour assurer la gestion du secteur après l’expiration des deux contrats en BOT. Et la réponse du Premier ministre Rafic Hariri, hier, via sa chaîne de télévision al-Mostaqbal, ne s’est pas fait attendre. Entraînant une nouvelle prise de position quasi immédiate du bureau de presse du prince saoudien. Et il est clairement inutile de s’arrêter, ou d’épiloguer, sur le fond des communiqués et des contre-communiqués. Parce que c’est dans la forme que le bât blesse. Le Premier ministre n’a sans doute pas la mémoire courte. Les images et les discours de l’inauguration de l’hôtel Mövenpick doivent être encore bien présents sur les rétines et dans les tympans du Premier ministre. Une inauguration qui s’était transformée – est-il besoin de le rappeler ? – en une véritable kermesse politique au cours de laquelle, en la présence ostentatoire du chef de l’État et du président de la Chambre, l’émir al-Walid s’était lancé dans un authentique (et particulièrement déplacé et hors sujet, quels qu’aient pu être ses arguments) cours magistral de politique locale antiharirienne. Ainsi, dans sa réponse hier à l’émir (une réponse qui étoffe d’elle-même la toute nouvelle présence du prince saoudien sur l’échiquier politique local), al-Mostaqbal, d’une façon étonnamment puérile, lui confère le titre, légitime certes mais bien réducteur, de « propriétaire du Mövenpick ». Le bureau de presse d’al-Walid rétorque, tout aussi puérilement, en parlant de Rafic Hariri comme du « propriétaire de Saudi Oger et d’al-Mostaqbal ». Après avoir pris la peine de rappeler au passage que si al-Mostaqbal avait voulu énumérer tous les avoirs de l’émir, cela aurait été particulièrement ardu. « Puisque l’émir est propriétaire de 1 300 entreprises. » Et qu’en cas de récidive, le bureau de l’émir répondrait sur-le-champ et véhémentement. Au-delà de l’image, freudienne en diable, de deux mômes comparant, à qui a la plus grosse et la plus brillante, leurs billes, au-delà de l’immaturité patente dont ont fait montre l’un comme l’autre des deux hommes, au-delà de l’irruption par effraction d’un gros investisseur (petit-fils de Riad el-Solh et véritable prince saoudien, tout de même) dans le maelström politique libanais, au-delà de la politisation et de la manipulation par une ou plusieurs parties tierces d’une affaire (d’une inimitié) somme toute très personnelle, il serait utile de rappeler à l’émir al-Walid, ou à qui a été tenté de l’oublier, une chose des plus évidentes. Que Rafic Hariri a été nommé Premier ministre par le chef de l’État, après consultation d’un Parlement élu – du moins pour la majorité de ses membres – par le peuple Libanais. Qu’en parlant d’un Premier ministre, on dit : « Le Premier ministre untel ». Élémentaire. Que la moindre des élégances serait de dire, sachant que cela se fait par le biais de communiqués publics : « Le Premier ministre libanais » Rafic Hariri. Quitte à ne pas le nommer. Quitte à juxtaposer, si cela fait vraiment plaisir, ce très inutile « propriétaire de Saudi Oger et d’al-Mostaqbal ». Et c’est valable pour n’importe quel n° 3 de l’État. Ensuite, et seulement ensuite, pourra-t-on commencer à essayer de faire de la politique d’une façon civilisée. Ou à le prétendre. Ziyad MAKHOUL
Le bureau de presse de l’émir al-Walid ben Talal ben Abdel Aziz a critiqué, dans un communiqué publié avant-hier dimanche, la gestion du dossier du cellulaire, s’interrogeant sur les raisons qui ont bien pu pousser le gouvernement à résilier le contrat avec les deux sociétés qui exploitent le réseau, sans prévoir, au préalable, un plan clair pour assurer la gestion du...