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Actualités - OPINION

Au cœur du problème, une autorité d’État sporadique

Myé Myé. Cent et cent. Autant de fois où l’État libanais aura fait montre d’une autorité manquant de souffle et de suivi. Les décisions, refrain connu, valent en pratique pour une semaine ou deux. Après quoi l’effort se relâche, l’attention faiblit, le regard se tourne ailleurs. Pour les petites choses comme pour les grandes. Pour l’interdiction du mobile dans l’automobile comme pour Toufayli, le Zorro à turban des plaines frontalières. Trois ans après le massacre des quatre juges de Saïda, et sans doute parce que les coupables courent toujours, trois éléments des SR de l’armée tombent à Myé Myé. Victimes d’assassins sortis un moment du camp pour ce forfait, avant de s’y réfugier de nouveau. En étant sûrement convaincus, vu les précédents, de leur impunité. En d’autres termes, s’ils n’avaient pas cette conviction intime, cette certitude ancrée dans leurs esprits, s’ils craignaient vraiment l’autorité du pays souverain qui les héberge, il est douteux qu’ils eussent agi. Bien sûr, le cri de réprobation est unanime. Et les responsables ne sont pas les derniers à y aller de leur condamnation. Mais quelques politiciens, opposants et même loyalistes, se posent des questions bougonnes. Comment est-il possible qu’on en arrive là ? Et cela au plus mauvais moment, étant donné la lourde conjoncture régionale. Marquée plus particulièrement, en ce qui concerne ce pays et son front sud, par une pression américaine qui frise l’ultimatum. Sans compter que, comme l’actualité le prouve de sanglante manière, la question des camps armés, de ces foyers autonomes d’effervescence, pèse à nouveau lourdement dans la balance intérieure. Certes, on n’est plus en 75. Il n’y a plus à craindre que les Libanais se divisent entre partisans et adversaires du Fatehland. Mais le péril revient sous d’autres formes, par la bande. Frontalière. En effet, si des Palestiniens ou assimilés se mettent à tirer sur l’uniforme libanais, il n’y a pas de raison qu’ils s’interdisent d’opérations katiouchas contre la Galilée. D’autant qu’ils ont à venger le promoteur même de cette forme de débordement, le fils Gibril, assassiné il y a quelques semaines à Beyrouth. On dira que Damas a interdit de telles actions. Mais il n’a sûrement pas donné son feu vert, non plus, au meurtre de militaires libanais. Qui est lourd de sens, même vu sous l’angle régional. Car il n’est pas certain, redisons-le à la suite des politiciens qui s’inquiètent, que Beyrouth puisse réfréner une quelconque désespérance palestinienne, avec tout ce qui se passe dans les Territoires. Surtout que l’armée n’est toujours pas déployée, rappellent ces sources, le long de la ligne bleue. Confiée au Hezbollah dont la vocation n’est pas de faire la police. Ni pour les Israéliens ni contre les Palestiniens, dont il soutient l’intifada. Retour furtif aux Américains : Esbet el-Ansar est la toute première organisation inscrite sur leur liste noire après la nébuleuse d’el-Qaëda dont elle serait d’ailleurs l’une des émanations. Or Washington apprend qu’au-delà des dénégations libanaises sur les ramifications terroristes dans ce pays, c’est bien l’un des chefs de ce groupuscule, le dénommé Abou Obeyda, qui était recherché par les unités libanaises jeudi. Durant la perquisition dans un appartement où il se serait réfugié, ses hommes embusqués ont abattu les militaires en mission d’investigation. Aussitôt, des pôles palestiniens ont promis de livrer les coupables. Sans doute pour gagner du temps et apaiser les tensions. Dans l’immédiat, les camps de Myé Myé et de Aïn el-Héloué ont été bouclés. Évidemment sans être investis. Parce que les autorités libanaises répètent à ce propos que c’est là une question qui nécessite une décision de niveau régional. Pour le moment, Damas se contente de faire savoir aux Libanais qu’il se tient à leurs côtés et qu’il usera de son influence afin que justice soit faite. Philippe ABI-AKL
Myé Myé. Cent et cent. Autant de fois où l’État libanais aura fait montre d’une autorité manquant de souffle et de suivi. Les décisions, refrain connu, valent en pratique pour une semaine ou deux. Après quoi l’effort se relâche, l’attention faiblit, le regard se tourne ailleurs. Pour les petites choses comme pour les grandes. Pour l’interdiction du mobile dans...