Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

ENVIRONNEMENT - Les chauffeurs revendiquent leurs droits sur fond de désaccords syndicaux Une manifestation des propriétaires de minibus bloque les artères principales de Beyrouth(photos)

Les chauffeurs de minibus ont exprimé hier leur colère contre l’interdiction des moteurs diesel qui devra rentrer en vigueur à partir du 15 juillet prochain. Le trafic a été paralysé de la banlieue sud de Beyrouth jusqu’au littoral du Metn Nord par des centaines de vans, qui ont bloqué la circulation dans les deux sens. Cette manifestation a atteint son point culminant vers 15h. Sur la longueur de l’autoroute allant de la capitale vers Tripoli, plus précisément au niveau de Jal el-Dib, des milliers d’automobilistes ont été bloqués cinq heures durant dans leurs voitures. Certaines ont même pris feu, leur moteur ayant chauffé. Les manifestants avaient pris pour point de départ le siège du syndicat des propriétaires de minibus, sur la route de l’aéroport, et ont poursuivi leur marche jusqu’à la région de Nahr Beyrouth. À partir de la Quarantaine, les manifestants, entourés de nombreux agents des Forces de sécurité intérieure (FSI), ont traversé l’autoroute, s’arrêtant occasionnellement au niveau de certaines agences de voitures pour s’y renseigner sur le coût de la transformation du moteur à mazout en moteur à essence, qui, comme on le leur a explique, varie entre 5 500 et 10 000 dollars. Les chauffeurs ont lancé des slogans hostiles à la décision du gouvernement d’interdire les moteurs diesel pour les minibus et les petits camions (de moins de 3 500 kg). Ils ont menacé de « bloquer toutes les routes de la capitale tous les jours jusqu’au 15 juillet ». Interrogé par L’Orient-Le Jour sur le mouvement de protestation prévu pour aujourd’hui (en d’autres termes sur les routes qui seront fermées par les manifestants dans la journée), Abdallah Hamadé, président du syndicat des propriétaires de minibus, a déclaré qu’« aucune décision n’a été prise ce soir (hier), nous aviserons selon les développements ». Rappelons qu’il s’agit de la deuxième phase de l’application de la loi n° 341 pour la lutte contre la pollution atmosphérique. La première étape a été l’arrêt des taxis fonctionnant au mazout à partir du 15 juin dernier. Mais les propriétaires de minibus se considèrent plus lésés que les chauffeurs de taxi pour la simple raison qu’ils n’ont jamais agi illégalement (l’importation de cette catégorie de véhicules fonctionnant au diesel est permise depuis 1995). De plus, le changement de moteur pourrait s’avérer beaucoup plus problématique pour les minibus que pour les voitures, puisque les premiers sont entièrement conçus, à la base, pour fonctionner au diesel. Selon Walid Rasamny, importateur de voitures, dans un article paru le vendredi 5 juillet dans L’Orient-Le Jour, un changement de moteur impliquerait une modification de plusieurs pièces de rechange du véhicule, d’où le fait que les frais de transformation atteindraient plusieurs milliers de dollars (le triple, au moins, des indemnités proposées par le gouvernement, selon lui). Les moteurs sont-ils disponibles ? Le coût de la transformation et la disponibilité des moteurs et des pièces de rechange constitue en fait l’un des sujets de discorde entre les différents syndicats, une divergence qui ne fait que s’accentuer. D’une part, les président et vice-président de la Confédération générale des travailleurs du Liban (CGTL), respectivement Ghassan Ghosn et Bassam Tleiss (qui est également président de l’Union des syndicats de chauffeurs de transport public), ont été reçus hier par le Premier ministre, Rafic Hariri, puis par le chef du Parlement, Nabih Berry. Une nouvelle réunion est prévue avec M. Hariri jeudi « pour discuter des modalités d’application de la loi et des indemnités dues aux chauffeurs », selon M. Tleiss. D’autre part, M. Abdallah Hamadé, qui n’a pas été inclus dans ces dernières réunions, refuse « toute solution qui sera adoptée sans que notre syndicat ne soit consulté ». Il s’insurge contre « ces responsables syndicaux qui ne représentent personne et ces hommes politiques qui n’ont à cœur que leurs intérêts, pas ceux des citoyens ». Il ajoute que son syndicat « est indépendant de la CGTL », alors que M. Ghosn avait considéré dans la matinée que « ce n’est pas ce syndicat qui représente la totalité des propriétaires de minibus, mais l’organisme présidé par M. Tleiss ». Interrogé sur ce qu’il pense des manifestations, M. Tleiss assure qu’il ne peut être favorable « à des actions qui ne mènent nulle part ». Il assure que c’est son syndicat et la CGTL qui « représentent réellement les chauffeurs, et non les compagnies et les agences de voitures ». À la question de savoir si les indemnités proposées par l’État (deux millions de livres minimum pour chaque minibus, une somme qui augmente à mesure que le véhicule est plus neuf) sont suffisantes pour le remplacement des moteurs, M. Tleiss affirme : « Elles le sont. Les sommes avancées par les importateurs de voitures, qui se chiffrent à des milliers de dollars, sont grandement exagérées. » D’ailleurs, M. Ghosn avait déclaré, dans la journée, que « les moteurs de rechange sont disponibles sur le marché ». Ces informations sont nettement démenties par le président du syndicat des propriétaires de minibus. « Nous avons interrogé toutes les agences de voitures sur la disponibilité de moteurs de rechange fonctionnant à l’essence, et toutes nous ont répondu par la négative, a insisté M. Hamadé. Même celles qui peuvent en importer n’en ont pas dans leurs dépôts, et ne peuvent s’en doter avant un an et demi. Les autorités ont décidé d’appliquer leur décision sans prendre en considération les intérêts de cette catégorie de la population. » Alors, que se passera-t-il le 15 juillet ? « La décision sera appliquée, sans nul doute, et nous travaillons à ce que les intérêts des chauffeurs soient sauvegardés », a dit M. Tleiss. « Nous empêcherons l’application de la loi par la force s’il le faut, et notre mouvement de grève se poursuivra jusqu’à la date butoir du 15 », a martelé M. Hamadé. Par ailleurs, un sit-in pacifique a été observé par les propriétaires de minibus à l’entrée sud de la ville de Baalbeck (Békaa). Le président du syndicat des chauffeurs de transport public de la Békaa, Mohammed Fouhani, a rappelé que les propriétaires de minibus croulaient sous les dettes et les a appelés « à arrêter de payer leurs traites aux banques ». Le député Jamal Ismaïl a, pour sa part, demandé aux autorités de « prolonger le délai de trois mois supplémentaires pour que les chauffeurs aient le temps de se préparer au changement ». Suzanne BAAKLINI
Les chauffeurs de minibus ont exprimé hier leur colère contre l’interdiction des moteurs diesel qui devra rentrer en vigueur à partir du 15 juillet prochain. Le trafic a été paralysé de la banlieue sud de Beyrouth jusqu’au littoral du Metn Nord par des centaines de vans, qui ont bloqué la circulation dans les deux sens. Cette manifestation a atteint son point culminant vers...