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Actualités - CHRONOLOGIE

LIBERTÉS - Démasquer les coupables pour rassurer les Libanais, souligne Mgr Matar Messe de requiem pour Ramzi Irani (photo)

Une messe de requiem marquant le quarantième du décès du militant FL, Ramzi Irani, retrouvé mort le 20 mai dernier dans le coffre de sa voiture dans le secteur dit Caracas, a été célébrée en la cathédrale maronite Saint-Georges, au centre-ville. L’office religieux, qui a regroupé environ un millier de personnes, s’est tenu deux mois jour pour jour après l’enlèvement du jeune ingénieur, en plein Beyrouth, dans des circonstances toujours non élucidées. C’est justement le mystère qui continue d’entourer les circonstances de l’enlèvement et de l’assassinat de Ramzi Irani, l’appel incessant à ce que justice soit faite, ainsi que la défense de cette cause qui étaient au cœur de cet office religieux, qui avait pris une importante dimension politique. Et comme il se doit, pour ce genre d’événements, les forces de l’ordre et l’armée étaient présentes sur les lieux pour encadrer quelques centaines de jeunes militants FL restés sur le parvis de l’église avec leurs drapeaux et les portraits de leur leader emprisonné, Samir Geagea, et de l’un des leurs liquidé, Ramzi Irani. Des militants qui ont applaudi à plusieurs reprises, à la fin de l’office religieux, le discours prononcé par l’ingénieur Joe Sarkis. « Ni la mort ni la prison ne peuvent altérer la foi que nous avons en notre cause », a dit M. Sarkis, en rappelant que les FL étaient les premières à soutenir l’accord de Taëf. Relevant que le leader des FL a payé de sa liberté son droit de penser librement, M. Sarkis a indiqué que « ce n’est pas le cas de beaucoup d’autres qui ont aliéné leur propre liberté et se trouvent dans une impasse ». « Nous ferons face à l’oppression en demandant que justice soit faite, a-t-il poursuivi, et nous continuerons à réclamer que la sécurité nous couvre de son ombrelle et non de sa matraque. » M. Sarkis a appelé encore à la libération de Samir Geagea, condition sine qua non de l’entente nationale. « Ramzi Irani a payé de sa vie pour défendre une cause et Toufic Hindi paie de sa liberté son engagement à cette même cause », a-t-il relevé. Et de conclure : « Nous ne ferons pas de concessions sur nos principes car nous nous inspirons de l’Exhortation apostolique, nous sommes guidés par les directives de Mgr Sfeir et tous ces principes s’incarnent dans le Rassemblement de Kornet Chehwane. » Donnant lecture du message de la famille de l’ingénieur assassiné, l’épouse de Ramzi Irani, Jocelyne, s’est demandé « si les assassins de son mari étaient des maîtres ou des sujets, des criminels ou des tueurs à gages », soulignant qu’elle ne laissera « pas le temps falsifier la vérité et souiller l’image de Ramzi ». « Je ne permettrai jamais que les rôles soient inversés et que le bourreau devienne victime et la victime bourreau », a-t-elle ajouté. Dans son homélie, l’évêque de Beyrouth, Mgr Boulos Matar, a prié pour que la famille de l’ingénieur assassiné aie la force de pardonner aux auteurs d’un tel acte de barbarie. « Devant cette tragédie, on se demande toujours comment Ramzi Irani a pu être assassiné dans un pays qui se dit sûr. » La sécurité consiste à ce que tous les citoyens soient égaux devant la loi. L’État a pour « devoir national de traiter tout le monde sur un même pied et de démasquer les coupables afin de rassurer les Libanais », a-t-il dit, ajoutant que « ces derniers ont appris à reconnaître seuls la vérité en comparant l’assassinat de Ramzi avec d’autres meurtres perpétrés durant la guerre ». Les proches de Ramzi Irani, notamment sa sœur Nayla et sa belle-sœur Céline, ainsi que ses camarades ont demandé à Dieu de leur donner la force de pardonner. Ils ont assuré le service de l’office religieux qui a rassemblé plusieurs officiels. Notons parmi les présents les ministres Georges Frem et Pierre Hélou, les députés Mansour Ghanem el-Bone, Farès Soueid, Gabriel Murr, Pierre Gemayel, Nabil Boustany, Nehmétallah Abi Nasr, le chef du PNL Dory Chamoun, l’ancien chef des Kataëb Élie Karamé, et l’ancien candidat aux législatives de Beyrouth Massoud Achkar. Le général Fouad Malek, responsable de la branche FL loyaliste, a quitté l’église quelques minutes après son arrivée. « Considéré comme un simple général à la retraite par les camarades de Irani, il n’a pas apprécié la place qu’on lui a réservée à l’église, loin derrière d’autres responsables de partis politiques et de rassemblement ; il a préféré quitter les lieux », a expliqué l’un des organisateurs. Mmes Solange Béchir Gemayel et Setrida Samir Geagea, assises côte à côte au cours de l’office religieux, ont reçu les condoléances avec les membres de la famille du militant assassiné. Des images qui faisaient le quotidien d’une famille heureuse Un élégant livret en papier glacé a été distribué hier aux personnes qui ont assisté à la messe. Vingt-quatre pages montrent les images d’une famille sans histoires. Des textes – en arabe, français et anglais – rédigés par les membres de la famille du militant assassiné, de ses amis et camarades, ainsi que de ses collègues à l’entreprise Total accompagnent la cinquantaine d’images, en noir et blanc, à part un dessin en couleurs éclatantes, avec soleil, arc-en-ciel et un grand cœur, tracé par la fille de la victime, Yasmina, cinq ans. Des images qui retracent toute une vie et qui éternisent des moments de tendresse, de tranquillité et de bonheur... Bref, ces petits instants propres aux familles heureuses... Ici, le père de famille promène ses enfants à cheval ; là, il les porte à l’occasion des Rameaux ; là encore, il les accompagne dans une sortie de neige. On tourne et retourne les pages du livret pour découvrir ce qui faisait le quotidien de Ramzi Irani, militant FL, ingénieur, mais surtout un homme qui appartenait à une famille sans histoires. Une famille qui dénonce – avec beaucoup de dignité et de courage – dans le livret distribué hier « la tragédie libanaise où le règne de la mort est plus fort que tout », ou encore « ceux, sans conscience, qui dorment tranquillement dans l’espoir de perpétrer plus de crimes ». Les paroles des enfants de la victime ont également été reproduites. Yasmina dit : « Papa, je te vois dans mes rêves tous les soirs... tu me manques... et je t’offre un grand cœur », alors que Jad, deux ans et demi, « veut devenir grand pour monter au ciel et voir papa ». Raymond Khoury, directeur technique de l’exploitation à Total, se souvient d’une conversation qu’il avait eue avec le militant juste après la naissance de Jad. Khoury conseillait à Irani de tempérer son engagement et de laisser à d’autres la tâche de militer pour se consacrer à sa famille et à son travail. Le jeune ingénieur avait répondu : « Pourquoi les autres vont-ils le faire pour moi ? C’est précisément maintenant que j’ai des responsabilités, que je dois militer avec plus de ferveur afin d’assurer à ma famille un véritable avenir dans une patrie de justice et de vérité. » Ramzi Irani, 36 ans, retrouvé mort dans le coffre de sa voiture à Beyrouth le 20 mai dernier deux semaines après son enlèvement, et dont – jusqu’à présent – le mystère sur les circonstances de sa disparition et de son assassinat n’a pas été dévoilé, n’a pas pu réaliser son rêve. Pat.K.
Une messe de requiem marquant le quarantième du décès du militant FL, Ramzi Irani, retrouvé mort le 20 mai dernier dans le coffre de sa voiture dans le secteur dit Caracas, a été célébrée en la cathédrale maronite Saint-Georges, au centre-ville. L’office religieux, qui a regroupé environ un millier de personnes, s’est tenu deux mois jour pour jour après l’enlèvement...