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Actualités - OPINION

Normalement, le gouvernement aurait dû sauter

Comme le relève un mentor écouté de la scène locale, à l’ombre d’un système authentiquement démocratique, le gouvernement aurait démissionné. Sans quoi, il aurait été renvoyé par la Chambre. Car les débordements de la partielle du Metn, les abus de pouvoir flagrants, les violations de la légalité par ses propres gardiens, les échanges d’accusations entre dirigeants ont vidé le pouvoir de son contenu. L’ont mis à nu, en le dépouillant de toute autorité comme de toute crédibilité. Mais, comme un malheur ne vient jamais seul, il se fait que le Liban vit dans une perpétuelle aberration, à cause de ce que l’on appelle pudiquement les circonstances régionales et locales. Il subit un système tronqué. Marqué par un virulent manque de cohésion entre gens du pouvoir, dont la cohabitation ne se maintient que par contrainte. Cette formule de partenariat contre nature est toujours vouée à l’échec, comme on l’a vu en France où les législatives actuelles tendent à corriger le tir. Il s’agit en effet de veiller à ce qu’un pays soit dirigé avec cohérence, sans que la responsabilité ne se perde ou ne s’annule entre des directoires opposés. Dans cette logique, poursuit le vétéran, il est hautement souhaitable que le Liban puisse à son tour larguer la cohabitation forcée. Comment cela peut-il être possible ? Simplement, répond cette personnalité, par le biais d’un nouveau code électoral mettant en place une Assemblée vraiment représentative. Et une majorité claire qui prenne seule les rênes en main et soit seule responsable devant le peuple dit souverain. En attendant, l’opinion se pose une question brutale : l’été qui s’annonce sera-t-il aussi chaud, aussi mouvementé, aussi redoutable, aussi déplorable que celui de l’an dernier ? Les disputes, les zizanies entre les dirigeants vont-elles se mettre en vacances, ou repartir de plus belle à cause des ressentiments que laisse la partielle du Metn ? Va-t-on assister à l’ouverture de nouveaux dossiers explosifs ? Chez les professionnels, certains estiment que, pour surmonter les tensions, il faut nommer un gouvernement d’union nationale. Pour permettre au pays d’affronter avec quelques chances de redressement ses difficultés économiques et financières. Et parer à toute éventualité sur le plan régional. Mais en pratique, ce changement qualitatif est difficile, voire impossible, à réaliser. Il présuppose en effet une entente générale, y compris entre des courants qui ne peuvent pas se voir en peinture. Autrement dit, si ces protagonistes ne peuvent pas s’accorder aujourd’hui, pourquoi le feraient-ils demain ? Il faut, en outre, procéder à de délicats dosages, pour ne fâcher personne. Surtout si, pour la première fois, on devait intégrer l’Est politique au gouvernement. Il y aurait des quotas à établir, des parts de gâteau à repartager entre un nombre plus élevé de convives. Ce qui ferait autant de sujets d’âpres disputes suivies d’autant de rancunes. Enfin, et surtout, sur quel programme précis la coalition hétéroclite envisagée pourrait-elle se mettre d’accord ? Mises à part ces objections qui procèdent de la logique, d’autres professionnels, très terre-à-terre, soulignent qu’il ne faut pas rêver. Et que le Liban n’est pas autorisé sinon à se recoller, du moins à changer de cabinet dans les conditions régionales actuelles. En tout cas, pas avant la tenue, dans plusieurs mois, d’une conférence internationale de paix. De plus, l’ouverture d’une crise ministérielle porterait un coup à la saison touristique d’été. Ainsi qu’au plan de privatisations, à la question du cellulaire, au projet de Paris II et aux préparatifs du sommet de la francophonie. Sans parler du budget 2003 qu’il faut également commencer à élaborer. Alors, les Trente restent. Jusqu’à nouvel ordre. Émile KHOURY
Comme le relève un mentor écouté de la scène locale, à l’ombre d’un système authentiquement démocratique, le gouvernement aurait démissionné. Sans quoi, il aurait été renvoyé par la Chambre. Car les débordements de la partielle du Metn, les abus de pouvoir flagrants, les violations de la légalité par ses propres gardiens, les échanges d’accusations entre...